renaudoss

Mots en sang

Faites-nous la nuit rouge-sang

Rouge-passion, Rouge feu-de-luciole

Rouge lame-chauffée-à-blanc

Un bruit de pas dans le silence cajoleur

De la lame qui caresse le cœur de l’innocente enfance

Et lui ouvre les portes

Du repos éternel

 

Et la nuit tremble de peur, face aux obus qui explosent

Face aux ceintures d’explosif incultes qui exultent

Et font un grand doigt d’honneur au « V » de la Vérité et de la Vie

 

Faites-nous une ignorance fardée de textes sacrés

Bariolées de mille tessons de bouteille, d’alcool

Et de bons gros oncles verts

Pour écorcher l’âme à vif

D’une terre noire, « éternelle » suppliciée,

Reine à la couronne d’épine,

Ange déchu, décharné, assise dans de la poussière d’or

 

L’eau rouge crie sans colère

Sa rage de vivre à la face des peaux écarlates, qui regardent

Acquiesçant d’un air entendu

A la vue macaques qui s’agitent et versent larme, encore

Larmes de diamants blancs et d’or noir, encore

De sables jaunis par l’espérance acide, encore

 

Faites nous le silence complice

D’une bombe qui joue son ultime symphonie.

Un dernier requiem, un dernier pour la route.

Quelque part sur la terre, les mots sont morts

Il n’y a plus que du sang…

 

Faites-nous une grande éponge-humanité

Pour tout nettoyer, il n’y a plus que le sang

Et la féroce espérance.

 

Lomé, Tokoin-Hôpital, 14 01 2014

A.R.D-A.


Charlie hebdo ou Paris en plein choc de civilisations

« Stupeur et tremblements » C’est ce qu’on le ressent en premier quand on prend contact avec la tragédie; l’extraordinaire violence de l’attaque, la froideur meurtrière des assaillants, les morts…

La douloureuse ironie c’est qu’ils l’avaient plus ou moins intuitionnée, cette attaque; loin étaient-ils de se douter qu’ils seraient, eux Charlie Hebdo, au coeur de la tourmente.

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Tout naturellement, des mouvements de solidarité se sont  mis en place. Je ne compte plus les manifestations de soutien un peu partout de par le monde et sur la toile, les articles, notamment sur mondoblog. Nous pouvons,  à juste titre, nous insurger contre le terrorisme et tous ces excès.

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crédit: https://jeffikapi.mondoblog.org/2015/01/07/sommes-charlie/

C’est très rapidement devenu un tsunami de « Je suis Charlie », mouvement de masse assez émouvant, intéressant et perturbant dans ses expressions à bien des égards, un spectacle, comme dirait quelqu’un. Changement de photo de profils en « Je suis Charlie », hommages, remontrances etc. etc. etc.

 

De l’huile sur le feu

Tout de suite les esprits se sont échauffés, beaucoup ont  crié haro sur le vilain musulman terroriste. Et je le dis, ils n’ont pas à ces justifier, les musulmans ! Ce serait la meilleure.

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On a vite confondu vitesse et précipitation, le summum étant la pathétique affaire de Hamyd Mourad. Hamyd, le troisième homme, qui aurait laconiquement laissé ses pièces d’identité sur les lieux après avoir « buté » ces pauvres hommes.

Puis vint la chasse à l’homme, et le dénouement : Hamyd avait un alibi, il était en salle de classe à l’heure des faits. Du pur 24heures chrono. Quand la réalité dépasse la fiction, on ne peut que regarder, les yeux hébétés, partagés entre stupeur et tremblements.

 

Choc de civilisations: Orient Vs Occident, Islam Vs Christianisme.

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Cette vision sombre et radicale des néoconservateurs américains s’imposent lentement mais surement dans les esprits et sur les nations. C’est Samuel Huntington et Zbigniew Brzeziński qui vont être contents.  Cet attentat ne fera qu’exacerber et pousser à leur paroxysme les tensions ethnico-religieuses en France. Tout ceci  sur fond de crise sociale aggravée et de chômage record. Il est triste que cet extrémisme « islamiste » takfiriste, pousse à ça. Qu’on ne nous dise surtout pas que c’est au nom d’Allah ou de Mahomet; ils sont contre. Il va être encore plus difficile de s’appeler « Ahmed » ou d’avoir la peau marron en France. Et c’est ça qui inquiète. La france l’aura, son bouc émissaire.

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Car voici l’image du terrorisme en France.

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On a envie de taper sur du bougnoule et du bamboula. Ce sont des ambiances de 11 Septembre, toutes proportions gardées.

Je remarque au passage que le président Israélien, Benjamin Netanyahu a particulièrement eu du flair sur ce coup, puisqu’il prédisait des attentats sur la France quelques temps plus tôt, une certaine expérience de la chose, j’imagine.

 

Le « Je suis Charlie » vu d’Afrique.

De l’excès de zèle à l’excès de ridicule : La tragédie Charlie Hebdo qui devient deuil national au bénin

J’ai été très étonné que Yayi BONI, le président béninois, soit allé jusqu’à décréter une journée de deuil national au nom de « Charlie ». « Etonné », c’est une litote. Je dirais même plus : Etonné, atterré et écœuré. Voilà. C’est terrifiant de ridicule et de mièvrerie que nous en soyons encore là en Afrique, à faire passer le sang d’autrui avant le nôtre (tout en étant de tout cœur avec les victimes et leurs famille évidemment, la question ne se pose pas en ces termes). Si encore le Bénin n’avait pas ses propres chats à fouetter, je comprendrai – Et quels chats ! Boko Haram et consort, qui ne sont pas loin du tout).  Peut-être que c’est une façon de faire campagne et d’amadouer la France, je ne sais pas. Un manque de solidarité entre pays africains qui ne dit pas son nom, on l’a vu, magnifiquement illustré dans l’affaire Ebola. Elle était belle la solidarité.

Comme quoi bien souvent, c’est nous, ou plutôt nos dirigeants, qui refusons de trancher le nœud gordien malsain qui nous lie à la « métropole ».

 

Je ne suis pas Charlie, je ne l’ai jamais été

J’ai toujours trouvé que Charlie Hebdo en charriait un peu. Certaines de ses caricatures étant limite, limite, limite.

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Je n’ai rien contre Charlie, nous sommes de tout cœur avec la France dans cette tragédie. Nous sommes frère d’humanité, quoi qu’on en dise. Mais de là à leur ériger un autel au panthéon des martyrs, nous en sommes loin, Charb et sa joyeuse confrérie devront faire la queue derrière les milliers d’africains qui meurent noyés ou fusillés en tentant désespérément de traverser la méditerranée, derrière les dizaines de victimes de Boko Haram et ses #BringBackOurGirls, derrière les noirs de mauritanie et les haitiens suppliciés depuis des décennies, derrière le Congo et ses millions de morts (bientôt dix millions?). ETRE CHARLIE J’EN SUIS LOIN. Je m’intéresse plus au sort des noirs un peu partout sur cette planète et partage pleinement l’indignation de ceux qui, depuis notre continent, se demandent quelle est cette solidarité à deux vitesses, comme si nous avions perdu le nord.

 

Bien à vous

A.R.D-A

 


Vaguelette glisse

Glisse

Glisse, glisse vaguelette

Au-dessus des eaux tourmentées

De l’océan plein d’historiettes

Glisse sur ces chemins mille fois arpentés

 

Caresse de ton pied délicat

Le miroir craquelé de la plage

Et donne la bise au beau paysage

Du sable inondé par le flot des pas

 

Efface inlassablement les traces immondes

Que les hommes et les bêtes osent laisser

Sur le socle mouvant de ce petit monde

Qu’est la mer aux mystères impudemment délaissés

 

Efface inlassablement le millier de murmures

Qui entachent le majestueux mur

Dressé par la musique du vent caressant l’océan

Tonnant et chantant comme mille géants.

 

Sur nos rêves et nos illusions perdues

Au creux d’une larme à la mer rendue

Vaguelette glisse, glisse

Glisse

 

[Et fais-nous oubli

Fais nous amnésie

Béatitude et félicité

Quelque part,

              à mi-chemin entre l’éternité et le silence]

A.R.D-A.

Lomé, Tokoin-Hopital. 06 01 2014

 

(dermaflage.com)


Cette langue étrange que nous parlons à Lomé

Bien le bonjour! (Bonne année, etc.)

J’ai toujours été un ardent défenseur des langues locales, des langues maternelles (de « nos » langues, si je puis dire) face à l’hégémonie des langues importées (l’anglais, le français, l’espagnol, le portugais, etc.). Il n’y a pas si longtemps, je parlais du français qui broyait nos langues maternelles sous ses gros sabots molièriens (certains rétorqueront avec beaucoup d’esprit qu’avec le temps, le français tend à devenir une langue maternelle, ce qui est assez horripilant en soi, mais passons).

Une langue ‘locale’, d’accord… Mais où est-elle ?

Eh bien, c’est dans toute cette réflexion, alors que songeant à une énième plan de sauvetage desdites langues locales (les mettre sur la liste des espèces protégées, créer des zoos linguistiques non pas zoo humains ! pour celles en voie d’extinction etc). Bref, c’est dans tout ce branle-bas de combat que je réalisai qu’à Lomé, la capitale du Togo, il n’y avait pas à proprement parler de langue originale ou originelle, virginale.

Ce dialecte bizarre que nous parlons à Lomé

Nous parlons une langue à Lomé, la capitale. Oui, nous parlons bien une langue « locale ». Si vous posez la question à quiconque, il vous répondra en mina, ou à la rigueur en éwé. C’est amusant parce que le dialecte majoritairement parlé à Lomé n’a pas forcément grand-chose à voir avec l’une ou l’autre des deux langues. Je dirais même plus, c’est un hybride, de l’éwé et du mina principalement : à vue de nez, il est composé à 60% de mina, à 30 % d’éwé, et à 10% d’une multitude d’autres parlers dont le français, l’anglais, l’allemand et autres patois. Mais bon, ces pourcentages sont des choses délicates à manier, pour des langues, vous oyez où je veux en venir quand même.

Crédit: www.memoireonline.com
Crédit: www.memoireonline.com

Et ce français… du sable dans notre gari* !!!

Ah ! Ce français s’immisce sournoisement et presque en permanence dans nos phrases, ce qui a le don de m’agacer au plus haut point, à juste titre je pense. Cela ne fait pas forcément de moi un puriste. Je ne compte plus le nombre de fois où, dans n’importe quelle conversation (causerie banale ou débat sur les média), un ou deux mots français se glissent dans les phrases. On achoppe sur une idée ou un concept dont on ne connait pas l’équivalent en éwé-mina, faute de culture, et on se rabat illico sur le français. Il y a aussi toute une multitude de tics langagiers directement hérités de la cohabitation avec le français ou de son parasitisme pur et simple : ponctuer ses affirmations avec des « quoi, quoi, quoi » ; dire « é va quoi = « Il est venu quoi », ou « mà và semaine prochaine » = « Je viendrai la semaine prochaine », ou encore « Büssa lé dja djo » = « Le Bus va partir », etc.  Ceci donne des phrases très étranges d’un point de vue linguistique, de véritables zèbres parlés.

Bien sûr, il y a des cas de figure où c’est difficile de trouver le mot en éwé-mina, à moins d’être un sacré technicien de la langue ou un remarquable érudit (ou juste un gars qui a passé suffisamment de temps au terroir). Pour d’autres cas encore, c’est lié à la nature du mot. « Microbiologie », « arthrodèse », « phéromones », « astrophysique » sont par exemple des mots qui nécessiteraient d’être forgées dans des langues locales, si tant est qu’on avait la moindre envie de s’y coller.  Mais on se rabat presque systématiquement sur le français, même pour des choses toutes simples (simplettes, simplistes, simplissimes) comme les jours de la semaine, les chiffres (sérieusement, les enfants  ne savent plus compter jusqu’à dix en éwé-mina), ou les prix des choses. Je trouve tout ça très inconfortable. Ceci dit, je n’ai rien contre le français à la base : j’aurais l’air bien stupide si c’était le cas, étant donné que je suis en train d’écrire en français.

Lomé la PouBelle, mais surtout Lomé la Jeune et la bigarrée

Lomé est une ville plutôt récente (en tant que capitale, pôle et creuset démographique j’entends). La région était habitée à l’origine par les Bè, parlant l’éwé. Par une fantaisie de l’histoire, le mina, aussi appelé le gen-gbe, parlé par les peuples Guins venus d’Agbodrafo et Aného, a fini par dominer la nouvelle capitale au fil du temps, au détriment de l’éwé . Ce mina étant lui-même déjà très métissé et bigarré, était bien loin du gen-gbe d’origine (avec les influences du watchi, du yoruba, du fon et autres). Donc, à partir de ce gen-gbe métissé, se mélangeant avec l’éwé d’Aného, d’hybridation en hybridation, on en est arrivé à une langue presque sui generis, fonctionnelle et propre à Lomé. Elle est née de la nécessité pour plusieurs peuples, venus d’horizon différents de se comprendre et de communiquer : une langue véhiculaire, ça s’appelle.

langues Gbè - wikipedia
langues Gbè – wikipedia

Quant aux origines de Lomé, voici ce qu’en dit un camarade:

Lomé au Togo, est la seule capitale au monde (à ma connaissance et j’espère me tromper, à l’opposé de Brazzaville et Kinshassa, elles sont séparées par un fleuve) à se situer sur une frontière, celle avec le Ghana.  A l’origine, le lieu aurait été fondé au 17e siècle par un certain Dzitri. Mais, la ville est « née » en 1879 à la suite d’ imbroglios diplomatico-admnistratifs entre les colonisateurs européens : des Anglais, des Français puis des Allemands.

La bande côtière à cet endroit, était occupée par des populations autochtones (les Bè), les esclaves affranchis d’origine africaine (revenus essentiellement du Brésil) et des commerçants européens. Cet ensemble généra une sorte de « patchwork », dominé par la culture et la langue éwé. En 1884, la colonisation allemande s’installe au Togo pour 30 ans ; suivie par l’administration provisoire anglaise (1914-1920). Puis, le mandat du Togo est «confiée » à l’administration coloniale française de 1920 jusqu’à son indépendance en 1960. Aujourd’hui, la langue dominante à Lomé est le mina issu de l’éwé, avec des emprunts en français, en allemand, en d’autres langues togolaises et aussi un argot influencé par le voisin anglophone.  AristidesHonyglo

Cathédrale de Lomé Crédit: tg.worldmapz.com
Cathédrale de Lomé
Crédit: tg.worldmapz.com

Pour les autochtones « sudistes », ou quiconque qui soit né à Lomé et a parlé cette langue depuis ses débuts, cela crée parfois des situations surréalistes. Un exemple : ma maternelle est éwé (Bè) et mon paternel Guin, je constate bien quand je m’adresse à des aînés de chaque branche qu’on ne parle pas la même langue et on a bien souvent du mal à communiquer, surtout quand ça devient pointu. Étrangement, moi je les comprends plus qu’ils ne me comprennent, sans doute les avantages de parler «métis ».

 

Accents

De la même façon qu’on reconnait le pays d’origine d’un francophone à son accent (sénégalais, ivoirien, malien, togolais) la même chose se présente en éwé, en mina ou en éwé-mina. Plutôt deux fois qu’une même! (https://lovelandhabitat.org) Pour ceux qui ont baigné dans cet environnement linguistique, il est possible de distinguer à l’oreille l’éwé-mina, d’un gen-loméen, de celui d’un bè-loméen, ou d’un watchi-loméen… ou même d’un loméen-loméen, parce que ça existe, de plus en plus, démographie et déracinement oblige.

C’est fou, c’est un microcosme. Comme dirait quelqu’un, l’univers n’est pas un tout unifié, encore moins figé. Donc pour ceux qui s’intéressent à la sauvegarde de nos parlers, il y a beaucoup d’autres questions connexes, autrement plus complexes et subtiles, qui les attendent. Car si la nature a horreur du vide, elle a aussi horreur de l’inertie. Et elle ne nous attend pas, inexorablement, elle continue à faire ce qu’elle a toujours fait : créer du neuf avec du vieux, de l’unité avec de la multitude et de la multitude avec de l’unité. Et ainsi de suite.

C’est là qu’on voit que le hasard, ou la dialectique, a le sens de l’humour : nous parlons un dialecte bizarre à Lomé (on va dire le « Loméen » ou mieux encore le « Lomégbé »), une langue véhiculaire qui a le ‘cul’ entre deux chaises, mais qui est quand même la principale langue ‘locale’ du Togo. Lomé pèse un peu plus d’un million d’habitants, sur une population togolaise d’environ 7 millions d’habitants, ce qui fait donc au moins 1/7 de la population. On peut plus ou moins parler ce dialecte sur toute l’étendue du territoire, très essentiellement dans les principales villes, suivant les grands axes commerciaux. Les dieux savent qu’il y a pas mal de langues dans notre petit pays!

Quant à un éwé et un mina « purs », je ne sais pas trop.  Il faudra surement repasser!

Je crois qu’en définitive, quand on demandera « quelle langue parlez-vous ? », on répondra tout simplement « je parle Loméen Lomégbé ».

Et ça c’est amusant !

A.R.D-A.

*Gari : farine de manioc, très présent dans l’alimentation à Lomé (pas forcément pour le plaisir de tous mais bon, c’est un autre débat ça…).


Chauvinismes nationalistes – Ces rivalités qui minent l’Afrique – 1

Prolégomènes &  Précautions d’usage

Ceci ne se veut pas un avis d’autorité  ou quoi que ce soit de ce genre,  un certain point de vue, en l’état actuel de mes connaissances sur un certain sujet. Il ne s’agit pas d’une analyse globalisante et systématique. Si je dis « des togolais » ou « des canards », ce n’est pas « tous les togolais » ou « tous les canards », je garde à l’esprit qu’on trouve toutes les tendances et toutes les opinions dans toutes les communautés.

Salutations, à toutes et tous… et bonne année!

Alors : « Des chauvinismes nationalistes en Afrique –  Ces stupides rivalités qui minent notre continent »…J’écris cette série suite à l’article de mon camarade camerounais Willfonkam à propos de ces personnes qui en ligne qui se réjouissaient  des agissements de Boko Haram en Cameroun … (On a connu plus gai pour commencer l’année, je sais).  Il ne s’agit pas ici de nier quoi que ce soit, loin s’en faut: ces rivalités, ces animosités, existent. Mais j’ai été sidéré, atterré d’apprendre qu’on allait jusqu’à se réjouir que des gens se réjouissent des déboires du Cameroun (pays frère et ami, et pour le coup c’est sincère, ou ça devrait l’être !).

Je suis parfaitement conscient des différentes velléités de fierté et d’exaltation des uns au détriment des autres, de petites moqueries entre différentes nationalités… mais de là à se réjouir sur internet de ce qu’un groupe terroriste s’en prenne à un autre pays d’Afrique (Comme si c’étaient des ennemis héréditaires! …le pire étant qu’ils ne sont pas forcément à  l’abri de ce genre de choses, loin de là. On n’a pas encore traversé à la rivière mais on se moque de celui qui se noie).

Inutile de dire que ce genre de choses ne sert que les ennemis de l’Afrique, comme aime souvent à le rappeler un lumineux camarade blogueur, une des choses qui a causé la perte de ce continent, c’est la désunion des africains (La stratégie du « diviser pour mieux régner », déjà employée depuis des lustres, entre autres contre nous, a de beaux jours devant elle, je vous le dit ! « on ne change pas une équipe qui gagne ». On se rappelle l’expression « Luttes intestines » parmi  les handicaps de l’Afrique face aux esclavagistes, puis face aux colons les même d’ailleurs). L’Afrique n’est vraiment pas sortie de l’auberge.

Déjà dans l’affaire Ebola, on les a vu, on les a vu, les formidables élans de solidarité et de fraternité entre les différentes nations africaines, matérialisés par la fermeture systématique des frontières et l’isolement pur et simple des pays  Ebolisés, les laissant plus ou moins à leur sort, sans même faire semblant de filer un coup de main…Pourtant je me souviens que le Togoavait fait un genre de don au Japon dans la dernière affaire de tremblements de terre (les japonais!), don parfaitement symbolique, s’il en est, mais quand même…mais pour le Libéria et la Guinée??? (même si nous n’avons pas assez de médecins pour nous même, ou pourrait faire semblant d’être piqué au vif, froissés dans fierté par l’exemple Cubain non? et fait un geste…moi je l’ai pas vu)

Ce sont les SANKARA, OLYMPIO, LUMUMBA, KRUMA qui doivent être fiers!

Et comment on en est arrivé à ce que des IVOIRIENS se réjouissent du mauvais sort des CAMEROUNAIS? Parlons-en justement: Le pourquoi du comment de cette « désunion » entre Pays africains (du moins, un aspect de la question), pour cela, il faudrait retourner vraiment vraiment en arrière et revisiter quelques fondamentaux: En résumé ça donne ça: les états Africains ne sont pas des nations véritables, dans leur tentative de créer  une identité nationale, il se produit une exalatation exacerbée d’une certaine idée de « nation » qui aboutit aux plus grands extrêmes, comme ces futiles rivalités entre pays africains (de véritables eberrations au vu du contexte géopolitique actuel)…de là à se réjouir du malheur d’autrui, il n’y a qu’un pas.

MAIS ON Y REVIENDRA.

A.R.D-A


Et si le père Noël devenait africain?

Salutations à toutes et à tous à l’orée de l’année nouvelle (On reparlera des voeux plus tard, promis) !

Je parlais de Noel et de la dèche récemment… Hormis la morosité générale qui a régné sur notre 25, je crois qu’une des choses qui m’a le plus agacé et horipilé…c’est le Père Noel! Il m’énerve, il m’éneeeerve.

Attendez un peu avant de me fusiller, vous allez comprendre: A Noel on célèbre, on fête (Quoi d’ailleurs ?) et le symbole de cette fête, derrière J-C (je dirais même DEVANT J-C) c’est ce bonhomme mi-obèse venu du pôle nord et surtout blanc (ben oui il est blanc) (Il faut voir l’espèce de crèche au niveau du rond-point de la gendarmerie, sur le boulevard du 13 Janvier). Un symbole paien du reste.

Crédit: www.quat-rues.com
Crédit: www.quat-rues.com

Note importante avant de continuer

J’entends traiter ici des images et des icones que nous avons, car je pense que ces éléments jouent un rôle fondamental dans notre structuration mentale profonde. Nous sommes ce que nous voyons. Malgré la légèreté dont j’entends faire preuve dans les lignes à venir, bien loin de moi toute idée de simple pitrerie. Car sous ses allures de boutade, c’est un sujet éminemment sérieux et profond, du moins, selon moi. A.R D. A.

Etant donné qu’on est en Afrique, à 30 degré à l’ombre, je ne vois pas la pertinence d’un père Noel « boréen », venu de son nord enneigé (Vous imaginez ce que ça serait un père noël qui passerait en Afrique, même s’il survivait à la chaleur, il aurait l’air bien con, à essayer de trouver la cheminée de nos maisons. Sans parler des gri-gris, des gbass et talismans…et y’en a qui ont le maléfice facile, sutout dans nos villages, si vous voyez ce que je veux dire (un gros gars en rouge qui se déplace sur un traineau volant, ni une ni deux on lui envoie tous les sorts dont on dispose.) C’est quelle affaire même !?

Pour en revenir à ce que je disais, si nous sommes, nous Africains, vraiment obligés de coopter ce mythe européen paien dans notre univers  culturel (autant dire que c’est déjà fait), et bien autant l’adapter et le mettre à notre sauce (Après tout, les Européens ont fait pareil, le pépé Noel étant un remarquable bricolage,  magnifiquement ouvragé et policé avec les années. Ce que je respecte, soit dit en passant.)

Quitte à se le farcir, le pépé rougeau, autant le relooker un peu et l’adapter, mieux encore, l’acclimater à notre bain culrturel et géographique. Ce n’est surement pas le Jésus moderne qui viendra se plaindre (En voilà encore un autre, on nous le présente carrément comme un blond aux yeux bleus ; comme s’il y a jamais eu des blonds aux yeux bleus au moyen Orient, n’importe quoi !)

Déjà ce pôle Nord…virez moi ce pôle Nord

Crédit: erfoud.viabloga.com
Crédit: erfoud.viabloga.com

Pour commencer on me dégage ce pôle nord et on met (humm voyons…) le désert de Sahara par exemple. Ben oui ! Le pôle Nord, c’est grand, c’est désert et il fait très froid, le Sahara c’est grand, c’est désert et il fait très chaud (A man does  what a man can with what a man has).  Tu vas parler de neige à un gosse de Lomé, ou de n’importe sur ce continent nôtre, il va en rêver tout le temps, sans parler de la télé! Quelle catastrophe, d’où tu as vu de la neige en Afrique sub-saharienne toi ?  A part au sommet de quelques montagnes ? et enrcore!!! ….Résultat des courses, on a toute une flopée de gosses africains qui ne rêvent que d’une chose, c’est de voir de la neige. Et où y a-t-il de la neige??? (Elle n(est pas tombée du ciel, la quasi-vénération que certain ont pour l’occident, ça a commenc » goutte par goutte, depuis le berceau. Mais ça on a reparlera dans le courant de l’année, c’est certain)

Sahara  Crédit: www.atlas-sahara-trek.com
Sahara
Crédit: www.atlas-sahara-trek.com

Des rennes ?… Non, Chameaux !

Renne de traineau  Crédit: fr.myeurop.info
Renne de traineau
Crédit: fr.myeurop.info

Il me semble que ça coule de source, s’il on remplace le pays d’origine, il est évident qu’on remplace aussi les animaux de trait. Et dans le désert il y’a quoi ? Des chameaux (give this person a cookie!). Et je crois qu’un traineau tiré par des chameaux volants, c’est plutôt la classe.

chameau volant Crédit: eden-saga.com
chameau volant
Crédit: eden-saga.com

D’autres ajustements :

La hotte…bah un gros sac en raffia ou un sac de jute fait amplement l’affaire.

Sac de jute  Crédit: www.filoche-et-ficelle.fr
Sac de jute
Crédit: www.filoche-et-ficelle.fr

Virez le  veston-machin tout rouge là…à remplacer par une djellaba ou un boubou  (Abgara trois pièce)

Le fameux Boubou du Genial Akira Toriyama Crédit: gogeta-univers.blog.jeuxvideo.com
Boubou, du Genial Akira Toriyama
Crédit: gogeta-univers.blog.jeuxvideo.com

Non pas ce Boubou-là!

Boubou  Crédit:  french.alibaba.com
Boubou
Crédit: french.alibaba.com

Oui, là! #Blaguedemerde

ET bien sûr, point important : Virez moi ce blanc. Le père noël est noir. Il s’appelle Nukunu Olamidé Elolo Limam dit Baba Noel (ou Anouel, Anol, Nolo, Noulou, c’est comme on l’entend). Voilà, c’est réglé.

Now we are talking! Crédit: monny.skyrock.com
Now we are talking!
Crédit: monny.skyrock.com

Et voilà, voilà comment on se retrouve avec un Baba Noel bien intégré et assimilé. Elle n’est pas belle la vie ? Imaginez un Baba Noel tel que décrit placardé un peu partout dans vos capitales…Là je serais content de festoyer avec le gars l’année prochaine…Mais l’espèce de bonhomme nordique, tout joufflu, tout rouge et tout rose-là, thanks but no thanks. Inconnu au bataillon, je ne l’ai jamais croisé dans les rues de Lomé (Mine de rien c’est important, et je crois qu’il est important que nous nous réapproprions un tant soit peu ce genre de chose. Le meilleur peut en sortir.)

Allez, salutations à toutes et à tous…Bonne année !


Donne-moi à boire

Donne-moi à boire

Ton matin salé…parfumé de miel et de pétales rouge vif

La lassitude tranquille de tes mains parcourant mon corps

A la recherche d’un nectar sacré, quelque part…

A mi-chemin entre tes lèvres et ma luxure

 

Donne-moi à boire

La douceur rose de tes baisers affamés

La flamme pécheresse qui pétille dans tes yeux

Chavirés de plaisir, quelque part…

A mi-chemin entre tes seins et mes éternels émerveillements

 

Donne-moi à boire

La musique des draps torturés à coup de caresses

Et les mots doux, volé à la succulente fatigue

Et tes mots affectueux, volant en une nuée de papillons parfumés

Et la tyrannique félicité

Et cette féroce extase, qui me prendrait

Corps et âme

Ce bonheur indomptable

Comme si j’écoutais un Beethoven…assis entre tes cuisses

A.R.D-A. – Lomé, Tokoin-Hôpital, 31 12 2014.  (Pour le plaisir d’un beau matin et d’une bonne nuit)

(Zolpidem)


Un Noël dans la dèche, ça se fête !

Salutations et Joyeux Noël à tous!

Noël, Noël, Noël… Fête de partage, fête des enfants, fête de naissance du petit Jésus (vraiment ? il est né un 25 décembre le J-C?)… Que ce soit pour faire un bilan « viral » de l’année 2014 (qui nous tire inexorablement une dernière révérence) ou pour se questionner sur le pourquoi du comment de l’arnaque-Noël ? Il est clair que Noël nous passionne tous, ou à tout le moins nous intéresse. (https://www.plu68.com/)

Noël à Lomé…

Noël à Lomé, c’est les guirlandes dans les maisons et les illuminations… notamment celle du Rond-Point de la gendarmerie sur le boulevard du 13 janvier, avec sa désormais fameuse crèche. Mais c’est surtout les pétards… Oh, il faut que je vous parle des pétards, il y en a de toutes sortes : pétard simple, pétard fusée, pétard mini-grenade, et il y en a de toutes les salves (un coup, deux, trois, quatre coups, six coups, sept coups… jusqu’à quinze coups – dans le jargon des « péteurs », on dit plutôt « Un bande, deux bandes; ils nous viennent pour la plupart de nos amis les Chinois d’ailleurs!… Bien sûr, il y a aussi les cadeaux,  les chansons de Noël à tous les coins de rue (Eh, Claudette et Ti’pierre!), les repas en famille, un semblant de joie de vivre et d’euphorie pour tromper ce diable qu’on s’acharne à tirer par la queue tout le long de l’année …

CLAUDETTE_ET_TIPIERRE_Crédit: www.antilles-mizik.com
Claudette_ET_Tipierr_Crédit: www.antilles-mizik.com

laudette et Ti’pierre!

Et pour nous autres (nous qui ne sommes plus des enfants, nous de la « majorité silencieuse » qui n’en avons rien, mais alors rien à foutre de ce gros bonhomme obèse de Père Noël qui vivrait prétendument au pôle Nord où ça caille comme pas possible ; et qui n’avons qu’une crainte relative pour le petit Jésus à peine né, piaillant parmi les moutons de l’étable) Ben pour nous donc, Noël rime plus avec « fête » (ou pour être plus juste avec mangeaille, ripaille, et buvaille. Le petit Jésus pleurant dans sa mangeoire en pâlirait d’horreur et nous chasserait du temple en deux temps trois mouvements)

Ah Noël… viennent à moi des souvenirs aux parfums de luxure inappropriée et de fausse ferveur chrétienne ; de liqueurs alcoolisées, ingérées, toute honte bue, à peine sorti du minuit chrétien (Messe du réveillon de Noël). J’entends au loin, par-delà les frontières du temps et de la mémoire, le « Tching » de quelques bouteilles de Guinness (oui Guinness) qui s’entrechoquent, ou quelques boîtes de Sangria pas chères inclinées au-dessus de grands verres à un angle aussi vertigineux que le « V » succulent d’une poitrine de femme moulée dans un décolleté rouge vif (ben oui rouge vif, c’est Noël). Et coulent le vin et la bière (Claudette chante dans un poste radio pas loin » Noël, Noël, Noël  » et ses  » roulé, roulé, roulé camionnette’… et se délient les langues, et se chantent à tue-tête, dans la plus complète cacophonie, des « mon beau sapin, rois des forêts » du plus profond de la nuit. Les quelques enfants encore debout courent après leur ombre ou fuient les détonations d’un « bandit » (Pétard) à six bandes… Et «Ho, Ho, Ho», fredonne un Père Noël noir charbon avec une barbichette en plastique achetée au magasin du coin…

Et trois Guiness, trois!  Crédit:  whatsthecraicdublin.wordpress.com
Et trois Guiness, trois!
Crédit: whatsthecraicdublin.wordpress.com

Mais non, pas cette fois, pas Noël 2014. Noël 2014 est… bizarre. Noël 2014 semble vouloir passer inaperçu, il se fait tout discret, tout timoré et pauvret. En temps normal, Noël à Lomé annonce la couleur depuis début-décembre, au plus grand tard mi-décembre… mais ça, c’était avant !

Et la dèche se pointa

Empty Pockets -  Crédit: www.forme-sante-ideale.com
Empty Pockets –
Crédit: www.forme-sante-ideale.com

[…] Alors même que je contemplais la silencieuse immobilité de la nuit de réveillon, plongée dans une obscurité à peine troublée par le flash fugace de quelque pétard explosant dans le ciel (une lointaine détonation) je prenais la pleine mesure de ce Noël pas si particulier… Ce Noël où les Togolais sont (encore) dans la dèche. Et un Noël dans la dèche, ça se fête !

Mon quartier est en léthargie…Le charme brouillant, bruyant et grouillant de Noël est ce soir si ténu, si ténu qu’on se serait cru un jour quelconque. Et le quartier mien n’est pas le seul, un tour par ci-par-là pour constater que non, vraiment le Togolais globalement est fâché avec Noël cette année, enfin, sa poche est fâchée avec Noël. (www.hitc.com)

De retour je croise des jeunets qui s’en vont vers la quinzaine commerciale au Grand marché… ils y vont à pied (« ça nous fera de l’exercice », qu’ils disent). Pour acheter et se faire plaisir en cet instant solennel ? Non, grand Dieu non ! Pour regarder les étals, les illuminations et quelques corps au féminin, au charme et aux formes troublantes… se rincer un peu l’œil, à pas cher si possible. Charmant.

La dèche, Sainte dèche a coupé l’herbe sous les pieds au Père Noël.  Bien sûr je dis ça mais les boîtes de nuit et les bars des grandes rues ont tiré leur épingle du jeu en la nuit de 24, comme toujours. Ah ça oui. Mais c’est une autre particularité du Togolais… Comme on dit « ça va aller, ça va aller »… Et même du plus profond de la dèche la plus noire, il y en a qui se trouveront toujours assez de pécules pour se faire une entrée en boîte, en carré VIP même, quitte à jeuner le reste de la semaine. Ou au bar du coin, ça le fait aussi.

Le 25 au matin… On émerge… un passage au marché ce matin : affluence habituelle, à part une ou deux vendeuses qui ont été récalcitrantes à l’appel du commerce…

Bref, à Lomé la dèche a plus ou moins fait sa fête à Noël. (Et si vous voulez une preuve de plus que ce Noël a été tabassé par la dèche, bah je suis quand même suffisamment sobre pour écrire ceci ! Na !)

Attendons de voir le Nouvel An, c’est vrai qu’on y est plus enthousiaste que pour la Nativité. Mais d’ici là… « Ho Ho Ho », dit le père Noël.

A.R.D-A.


L’Afrique et les fractales : une extraordinaire épopée

Salutations! Je m’en vais parler d’un sujet quelque peu joyeux, primesautier (sans doute étrange et inattendu de prime abord pour beaucoup) … les fractales! Surtout les fractales et l’Afrique

D’abord, de quoi on parle quand on dit fractale? « Une figure fractale ou fractale est une courbe ou surface de forme irrégulière ou morcelée qui se crée en suivant des règles déterministes ou stochastiques impliquant une homothétie interne. Le terme « fractale » est un néologisme créé par Benoît Mandelbrot en 1974 à partir de la racine latine fractus, qui signifie brisé, irrégulier (fractale n.f). Dans la « théorie de la rugosité » développée par Mandelbrot, une fractale désigne des objets dont la structure est invariante par changement d’échelle » (Wikipedia)

En gros c’est une figure morcelée (fractionnée) caractérisée par la répétition à une échelle de plus en plus réduite de la même opération sur des portions successives: Chaque sous-partie est identique à la partie qui lui précède en terme d’échelle suivant un schéma dit « d’Autosimilarité ». Ooooooooooook, je vous montre, c’est mieux que toutes mes phrases…

Koch anime
Formation d’une fractale – Wikipedia
L'Afrique et les fractales : une extraordinaire épopée 23
Eponge de Menger – Crédit: Wikipedia

Les fractales se trouvent absolument partout dans la nature ( La forme des branches d’un arbre, la disposition des feuilles, les fougères, les paumes de la main, l’architecture de nos poumons, nos vaisseaux sanguins, la formation des vagues dans l’océan, les tsunamis, les flocons de neige, la forme des coquillages, la réplication de certains virus, et ainsi de suite et ainsi de suite)

Crédit: belzebuth23.eklablog.com
Crédit: belzebuth23.eklablog.com
Flocons - Fractales
Flocons – Fractales
Les branches d'un arbres se déploient suivant le schéma des fractales
Les branches d’un arbre se déploient suivant le schéma des fractales
Fractales dans la nature, le cas de la fougère
Fougère

L'Afrique et les fractales : une extraordinaire épopée 15

 

 

 La suite de Fibonacci  Crédit: sandrine-buzin.com
La suite de Fibonacci
Crédit: sandrine-buzin.com

Avec la Suite de Fibonacci, on peut dire que les fractales sont le plan de construction de la nature et de tout l’univers.

 

D’autres domaines d’application des fractales (Selon Saint Wikipedia):

Les domaines d’application des fractales sont très nombreux, on peut citer en particulier :

  • en biologie, répartition des structures des plantes, bactéries, feuilles, branches d’arbres…
  • en géologie, étude du relief, côtes et cours d’eau, structures de roches, avalanches
  • en morphologie animale, structures des invertébrés, plumes d’oiseaux…
  • en médecine, structure des poumons, intestins, battements du cœur
  • en météorologie, nuages, vortex, banquise, vagues scélérates, turbulences, structure de la foudre
  •  […] volcanologieen astronomiesciences humaines,  économie et finance, (prévision des krachs boursiers), en électronique (antennes larges bandes des téléphones portables),  dans les arts, arts graphiques bien sûr, mais aussi en littérature, en musique, au cinéma… […]

Par ici quelques fractales, c’est assez beau! Exemples de fractales dans la nature, pour voir de quoi on parle:

(Bon!) Les fractales et l’Afrique:

Aux dernières nouvelles, le titre de ce billet c’est « L’Afrique et les fractales : Une extraordinaire épopée« . J’ai redécouvert la chose il y a quelques temps au hasard de mes errances et pérégrinations sur les vagues tourmentées et mugissantes de la toile…je suis tombé sur le mathématicien Ron Eglash qui a entreprit des recherches assez intéressantes sur la question.

"Fractales Africaines" de Ron Eglash
« Fractales Africaines » de Ron Eglash

Vous savez, quand on dit « L’arbre qui cache la forêt » ou encore « évident comme le nez au milieu du visage« … Ce sont des expressions qui correspondent parfaitement à relation entre l’Afrique et les fractales. Car il suffit d’y regarder d’un tout petit plus près, d’enlever les œillères solidement et sournoisement posées par notre système éducatif bancal (ou de lever les yeux de l’écran de Smartphone) pour réaliser que les fractales sont au cœur de l’art, de l’architecture, de la coiffure et des mathématiques africaines. Dans les tresses

Tresses Africaines - Noter le système des fractales dans les motifs, avec le phénomène d'autosimilarité
Tresses Africaines – Noter le système des fractales dans les motifs, avec le phénomène d’auto-similarité

 

Awalé Crédit:  www.artisanat-africain.com
Awalé
Crédit: www.artisanat-africain.com

Dans le Jeu d’Awalé (basé sur la répétition Itération d’une certaine opération jusqu’à obtention du nombre requis de pièces. Ceux qui y ont déjà joué voient sans doute de quoi je parle)

 

 

En architecture:

Village africain construit en fractales: Chaque concession est identiques en échelle à l'unitée principale Crédit: raphaelle.longuet.free.fr
Village africain construit en fractales: Chaque concession est identiques en échelle à l’unité principale
Crédit: raphaelle.longuet.free.fr
Village Africain construit en fractales:  Crédit: www.abidjantalk.com
Cité construite en fractales – Crédit: www.abidjantalk.com

Bien évidemment ce n’est pas le « hasard » qui est à la source de cette omniprésence des fractales dans l’univers africain, cela relève d’une conscience profonde et pluriséculaire (voire plurimillénaire) de la chose. Un tel usage est exclusif à l’Afrique à vrai dire.

 

Les fractales de l’Afrique à l’Europe: L’Afrique à l’origine de l’ordinateur.

Je crois que c’est l’un des aspects les plus « fun » de l’histoire, comme quoi nous participons vraiment tous à la construction du patrimoine humain.  Les fractales étaient également utilisées d’une façon assez élégante (dans toutes l’afrique subsaharienne) dans la divination – basé sur des algorithmes à la fois simples et robustes : C’est le cas du code Bamana (« un générateur de nombres pseudo-aléatoires utilisant le chaos déterministe. Quand on a un symbole à quatre bits, on l’associe à un autre à côté : donc pair + impair donne impair, impair + pair donne impair, pair + pair donne pair et impair + impair donne pair. C’est l’addition modulo 2, comme le contrôle de bit de parité dans votre ordinateur. Ensuite on prend ce symbole et on le remet en jeu, c’est donc une diversité autogénératrice de symboles… » Lien).

Code Bamana
Code Bamana
code Baùanabamana
Code bamana – Itérations

Ce système  a transité vers l’Europe (Moyen Age) par les Arabes et les Maure (Qui ont quand même passé plus de sept siècles en Espagne, sept siècles !) On doit à ces musulmans Arabes et Maures les premières universités d’Europe, notamment celle de Cordoue. Leur présence a contribué à sortir l’Europe des presque mille ans d’obscurantisme et de relatif fixisme intellectuel du moyen-âge. (Ils sont été très violemment mis dehors et quasiment toute trace de ces sept siècles de présence a été effacée par la suite).

Mais revenons au Code Bamana : « Au XII ième siècle Hugo SANTALIA l’a introduite en Espagne après avoir vu des mystiques musulmans, et elle a fait son entrée chez les alchimistes sous le nom de géomancie : la divination par la terre […] LEIBNIZ le mathématicien allemand parle de la géomancie dans sa dissertation appelée : « De Combinatoria ». Et il dit « au lieu d’utiliser une marque et deux marques, utilisons plutôt un 1 et un 0, et nous pouvons compter par puissance de 2″…. George  BOOLE a pris le code binaire de LEIBNIZ et a créé l’algèbre booléen, et John von NEUMANN a pris l’algèbre booléen et a créé l’ordinateur numérique » (Op. Cit.)

En gros toute notre électronique actuelle a commencé en Afrique. Et ça s’est plutôt cool. (mrbonespumpkinpatch)  Il y a quelque chose de très élégant dans ce passage de flambeau à travers les peuples et les siècles jusqu’à notre technologie moderne (pas toujours dans des conditions fraternelles et amicales mais bon… A man does what a man can with what a man has) Je laisse Jacques Attali en causer…

Et pour finir, Ron Eglash à la conférence TEDx

Les fractales africaines par Ron Eglash par beinnie


Africains, la Chine n’est pas notre amie, Dernière Partie

Encore une fois: Partie 1 et Partie 2

L’humanisme chinois envers les « pauvres » africains… ou comment on présente les relations Chine-Afrique au Chinois lambda :

Pour le Chinois lambda, le monsieur  X (on va dire, toute honte bue, monsieur « Li » ) dans  les confins de Xinjiang ou de Anyang, et ben la Chine est en train d’aider généreusement l’Afrique (Il y a comme un air de déjà vu, je sais)… Du moins c’est ainsi que les choses lui sont présentées la plupart du temps (Il ne connait pas, lui, l’envers de la médaille, les terres, les minerais, le pétrole, la guéguerre avec les ricains…) : Ce qu’il voit c’est CHINA construisant des écoles, des barrages, apportant des couvertures, des livres, etc., aux « pauvres » petits Africains. Quand on ajoute à cela l’image sur les grandes chaînes de télé  on peut aisément imaginer que notre cher monsieur n’a pas la moindre idée de ce qui se passe en réalité, sur l’échange pas très équivalent auquel se livre son pays.

Attention, les autorités chinoises n’ont rien inventé, ça fait des décennies que l’Occident nous fait le coup! Pour mettre en place un système de domination, un pays a aussi besoin de l’assentiment de ses  propres citoyens, et pour ça, il y a aujourd’hui la fée Média.

J’ajoute d’ailleurs que les expositions coloniales ou zoos humains ont eu la même utilité en Europe durant l’épopée coloniale: montrer au pov’pti européen prolétaire du XIX – XXe siècle quels sauvages on s’attelait à civiliser par-delà les mers. C’est vieux comme le monde en fait. Et c’est toujours les masses populaires qui se font avoir. Donc pendant que les Chinois font du bizness par ici, les masses populaires (une énooooooooorme masse populaire: ils sont plus d’un milliard les gars!) croient qu’ils sont plus ou moins en train de faire du bénévolat et de l’humanitaire (si jamais ils s’intéressent seulement à la question),  elle n’est pas belle la vie?

Crédit: www.blog-city.info
Crédit: www.blog-city.info

« Pays frère et ami » ? … Vous avez dit ami ?

Cette expression « Pays frère et ami » dont nous aimons tant nous gargariser : Plus de quatre cents ans d’esclavage, cent ans de colonisation et plus d’un demi-siècle de néo-colonisation et on est encore là dessus (le pire, c’est qu’on y croit à fond la plupart du temps). Je crois que l’amitié en matière de géopolitique, c’est quand tu ne peux pas attaquer ton voisin et que lui non plus ne peut pas en faire autant. Vous vous regardez en chiens de faïence en ayant des sourires en coin et en vous invitant mutuellement chaque week-end à prendre un pot tout en évitant de se faire empoisonner bêtement… C’est deux personnes A et B qui se tiennent en respect mutuellement, « A » ayant un couteau sous la gorge de « B », et « B » ayant un couteau sous les c***ouilles de « A ». C’est ça l’amitié en géopolitique, ou du moins c’est parfois là où elle commence. Même s’il est vrai que pour les pays d’Afrique, c’est peu différent étant donné leur histoire, mais allez demander au Chinois ce qu’ils pensent de « l’amitié » avec le Japon, vous m’en direz des nouvelles.

Chine - Japon Crédit: www.reseau-asie.com url
Chine – Japon
Crédit: www.reseau-asie.com url

Chine Vs Japon  Crédit: groolcreatures.skyrock.com
Chine Vs Japon
Crédit: groolcreatures.skyrock.com

Malgré le titre très tranché de cette série,  ce n’est pas dirigé contre la Chine en particulier, il se trouve juste qu’elle est une puissance majeure de ce siècle et qu’elle entre aussi dans le jeu… en volant progressivement du terrain aux Yankees et aux Européens d’ailleurs…

Afrique – Afrique – Afrique

On ne saura trop le dire, il est grand temps que l’Afrique se reprenne en main et œuvre pour ses propres intérêts avant tout, comme tout le monde le fait un peu partout sur cette bonne vieille planète. Quand on ne prend pas la peine de balayer devant sa porte, il ne faut pas s’étonner que le voisin vienne y pisser.

De l’Afrique à l’Humanité… Un rêve lointain

Tout ceci étant dit, je rêve d’une humanité unifiée, une humanité mosaïque qui regarde fièrement l’héritage qu’elle laissera à ses descendants (ça peut sembler être du coq à l’âne, vu tout ce dont j’ai parlé dans cette série de billets, mais il y a une cohérence globale je pense). On en est loin, certes, mais je pense que quelque combat d’émancipation que l’on mène, en Chine, en Afrique, en Amérique ou partout ailleurs, nous ne devons pas perdre de vue cet Idéal d’Humanité. Tant que les conjonctures le permettent, l’intérêt supérieur de l’Humanité doit nous guider. Nous asseoir tous autour d’une grande table ronde (ou presque ronde, comme notre planète) dans un grand concert des nations. Mais cela passe par le respect mutuel des différents peuples. Si l’Afrique veut valablement être représentée à ce grand concert des nations (qui ne semble pas être pour demain, ne nous méprenons pas, pour le moment, l’Afrique n’a pas d’ami), il lui faut remettre les données à jour, et arrêter d’être ‘juste’ le garde-manger en ressources, encore moins la serpillère, des autres nations et des autres peuples : « blancs », « jaunes », « rouges » ou bleu-foncés.

Conclusion (Enfin!)

Pour en revenir à la Chine et conclure, je dirais ceci : certes la Chine n’est pas notre amie, mais elle n’est pas plus notre amie que notre ennemie (ces affaires de « Pays frère et ami » là, faut vraiment aller mollo). Nos frères chinois font leurs petites affaires tranquillement sans vraiment se préoccuper du reste, ils nous écraserons s’ils le jugent nécessaire et/ou si nous leur en donnons l’occasion, c’est comme ça… Croire que l’expansionnisme chinois n’est pas un problème pour nous, en l’état actuel des choses, c’est se foutre le doigt dans l’œil. Mais croire que la Chine est LE problème, c’est se la foutre encore plus profond !  L’Afrique, en tant que continent possédant pour ainsi dire toutes les ressources possibles et imaginables sur cette planète, il est certain qu’elle attisera encore et encore les convoitises, jusqu’à un changement radical de l’ordre des choses ou jusqu’à l’effondrement de cette humanité et de ce système moderne… Alors encore une fois « la gifle qu’on reçoit dépend de la façon dont on a exposé son visage », et je trouve qu’on reçoit pas mal de gifles comme ça, depuis le temps! On ne va pas remettre ça avec le dragon chinois.

Merci d’être restés avec moi, et toutes mes excuses si je suis resté dans des généralités (Pour entrer en profondeur, il y a des livres et des documentaires! Ceci n’est qu’un billet, pas une thèse)

Sur ces bonnes paroles, je vous dis 再见 (Zàijiàn: Au revoir… enfin, selon Google)

A.R. D-A.