Africains, la Chine n’est pas notre amie, Dernière Partie
Encore une fois: Partie 1 et Partie 2…
L’humanisme chinois envers les « pauvres » africains… ou comment on présente les relations Chine-Afrique au Chinois lambda :
Pour le Chinois lambda, le monsieur X (on va dire, toute honte bue, monsieur « Li » ) dans les confins de Xinjiang ou de Anyang, et ben la Chine est en train d’aider généreusement l’Afrique (Il y a comme un air de déjà vu, je sais)… Du moins c’est ainsi que les choses lui sont présentées la plupart du temps (Il ne connait pas, lui, l’envers de la médaille, les terres, les minerais, le pétrole, la guéguerre avec les ricains…) : Ce qu’il voit c’est CHINA construisant des écoles, des barrages, apportant des couvertures, des livres, etc., aux « pauvres » petits Africains. Quand on ajoute à cela l’image sur les grandes chaînes de télé on peut aisément imaginer que notre cher monsieur n’a pas la moindre idée de ce qui se passe en réalité, sur l’échange pas très équivalent auquel se livre son pays.
Attention, les autorités chinoises n’ont rien inventé, ça fait des décennies que l’Occident nous fait le coup! Pour mettre en place un système de domination, un pays a aussi besoin de l’assentiment de ses propres citoyens, et pour ça, il y a aujourd’hui la fée Média.
J’ajoute d’ailleurs que les expositions coloniales ou zoos humains ont eu la même utilité en Europe durant l’épopée coloniale: montrer au pov’pti européen prolétaire du XIX – XXe siècle quels sauvages on s’attelait à civiliser par-delà les mers. C’est vieux comme le monde en fait. Et c’est toujours les masses populaires qui se font avoir. Donc pendant que les Chinois font du bizness par ici, les masses populaires (une énooooooooorme masse populaire: ils sont plus d’un milliard les gars!) croient qu’ils sont plus ou moins en train de faire du bénévolat et de l’humanitaire (si jamais ils s’intéressent seulement à la question), elle n’est pas belle la vie?
« Pays frère et ami » ? … Vous avez dit ami ?
Cette expression « Pays frère et ami » dont nous aimons tant nous gargariser : Plus de quatre cents ans d’esclavage, cent ans de colonisation et plus d’un demi-siècle de néo-colonisation et on est encore là dessus (le pire, c’est qu’on y croit à fond la plupart du temps). Je crois que l’amitié en matière de géopolitique, c’est quand tu ne peux pas attaquer ton voisin et que lui non plus ne peut pas en faire autant. Vous vous regardez en chiens de faïence en ayant des sourires en coin et en vous invitant mutuellement chaque week-end à prendre un pot tout en évitant de se faire empoisonner bêtement… C’est deux personnes A et B qui se tiennent en respect mutuellement, « A » ayant un couteau sous la gorge de « B », et « B » ayant un couteau sous les c***ouilles de « A ». C’est ça l’amitié en géopolitique, ou du moins c’est parfois là où elle commence. Même s’il est vrai que pour les pays d’Afrique, c’est peu différent étant donné leur histoire, mais allez demander au Chinois ce qu’ils pensent de « l’amitié » avec le Japon, vous m’en direz des nouvelles.
Malgré le titre très tranché de cette série, ce n’est pas dirigé contre la Chine en particulier, il se trouve juste qu’elle est une puissance majeure de ce siècle et qu’elle entre aussi dans le jeu… en volant progressivement du terrain aux Yankees et aux Européens d’ailleurs…
Afrique – Afrique – Afrique
On ne saura trop le dire, il est grand temps que l’Afrique se reprenne en main et œuvre pour ses propres intérêts avant tout, comme tout le monde le fait un peu partout sur cette bonne vieille planète. Quand on ne prend pas la peine de balayer devant sa porte, il ne faut pas s’étonner que le voisin vienne y pisser.
De l’Afrique à l’Humanité… Un rêve lointain
Tout ceci étant dit, je rêve d’une humanité unifiée, une humanité mosaïque qui regarde fièrement l’héritage qu’elle laissera à ses descendants (ça peut sembler être du coq à l’âne, vu tout ce dont j’ai parlé dans cette série de billets, mais il y a une cohérence globale je pense). On en est loin, certes, mais je pense que quelque combat d’émancipation que l’on mène, en Chine, en Afrique, en Amérique ou partout ailleurs, nous ne devons pas perdre de vue cet Idéal d’Humanité. Tant que les conjonctures le permettent, l’intérêt supérieur de l’Humanité doit nous guider. Nous asseoir tous autour d’une grande table ronde (ou presque ronde, comme notre planète) dans un grand concert des nations. Mais cela passe par le respect mutuel des différents peuples. Si l’Afrique veut valablement être représentée à ce grand concert des nations (qui ne semble pas être pour demain, ne nous méprenons pas, pour le moment, l’Afrique n’a pas d’ami), il lui faut remettre les données à jour, et arrêter d’être ‘juste’ le garde-manger en ressources, encore moins la serpillère, des autres nations et des autres peuples : « blancs », « jaunes », « rouges » ou bleu-foncés.
Conclusion (Enfin!)
Pour en revenir à la Chine et conclure, je dirais ceci : certes la Chine n’est pas notre amie, mais elle n’est pas plus notre amie que notre ennemie (ces affaires de « Pays frère et ami » là, faut vraiment aller mollo). Nos frères chinois font leurs petites affaires tranquillement sans vraiment se préoccuper du reste, ils nous écraserons s’ils le jugent nécessaire et/ou si nous leur en donnons l’occasion, c’est comme ça… Croire que l’expansionnisme chinois n’est pas un problème pour nous, en l’état actuel des choses, c’est se foutre le doigt dans l’œil. Mais croire que la Chine est LE problème, c’est se la foutre encore plus profond ! L’Afrique, en tant que continent possédant pour ainsi dire toutes les ressources possibles et imaginables sur cette planète, il est certain qu’elle attisera encore et encore les convoitises, jusqu’à un changement radical de l’ordre des choses ou jusqu’à l’effondrement de cette humanité et de ce système moderne… Alors encore une fois « la gifle qu’on reçoit dépend de la façon dont on a exposé son visage », et je trouve qu’on reçoit pas mal de gifles comme ça, depuis le temps! On ne va pas remettre ça avec le dragon chinois.
Merci d’être restés avec moi, et toutes mes excuses si je suis resté dans des généralités (Pour entrer en profondeur, il y a des livres et des documentaires! Ceci n’est qu’un billet, pas une thèse)
Sur ces bonnes paroles, je vous dis 再见 (Zàijiàn: Au revoir… enfin, selon Google)
A.R. D-A.
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