Togo post-électoral : nous voilà la risée de tous
Salutations chères toutes et chers tous,
(J’avais pris pour résolution de ne point m’exprimer sur nos récentes élections, mais… )
Le Togo sort en boitant de la danse tourmente électorale. Ce qui en sort surtout, ce sont les résultats que l’on sait. Je ne m’étendrai guère sur le show politique carnavalesque qu’était la chose, de ses débuts chaotiques jusqu’à la proclamation des résultats. Il a fait bien des hésitants, ce scrutin.
Et la proclamation, le grand final, n’était qu’un paroxysme d’amateurisme, grossier et grotesque, truffé d’erreurs, de fautes (fraude ?) de frappe, de tâtonnements et de corrections au stylo dignes d’une réunion de club de lecture. Une expérience d’un comique navrant pour tout Togolais qui se respecte, voire pour tout Africain. Il y avait un petit quelque chose de suranné sur mon écran de télé cette nuit-là, un anachronisme à vous glacer le sang.
Quant à la mascarade de l’opposition (Fabre et son clan surtout) qui part à la chasse aux fraudeurs (Faure, président réélu, éternel fort et fils de son père, c’est le cas de le dire)… #tristesse #tristesse #tristesse
Une petite phrase résume assez bien la situation :
ENTRE UN RÉGIME FAURCÉ ET UN RÉGIME FABRIQUÉ, LE TOGO EST À LA CROISÉE DES CHEMINS D’UN PROCESSUS DÉMOCRATIQUE DONT L’ACCOUCHEMENT RESTE JUSQU’ICI DIFFICILE.
Au bout du rouleau
Ce que j’ai vu c’est une classe politique, surtout l’opposition, très surfaite, et aujourd’hui en surchauffe, au bout du rouleau, incapable de se réinventer, rabâchant les mêmes formules depuis deux générations. C’est tragique. Pour ceux qui sont sur le trône, je veux bien comprendre qu’on utilise encore les mêmes méthodes, il paraît qu’on ne change pas une équipe qui gagne on ne s’étendra sur la façon dont elle gagne.
Une équipe qui gagne, je veux bien, mais une équipe qui perd (tout le temps) ??? Faudrait penser à renouveler tout ça.
La risée de tous
Cependant, ce qui m’aura le plus peiné au terme de cette plongée bourbeuse et marécageuse de la politique politichienne, c’est que l’image du Togo en a encore pris un coup.
Nos péripéties démocratiques nous érigent à présent en exemple, pire encore, en mauvais exemple. Le Togo s’était déjà illustré avec l’arrivée au pouvoir de #Faure, au décès de son père. Ce qui a créé dans le jargon le terme de « succession à la togolaise ». A présent, nous sommes un cas pratique de fixisme démocratique.
En un mot comme en cent, nous sommes la risée de tous. De tous.
Un mandat de plus est un mandat de trop, disait l’autre. Eh ben nous y sommes, nous ! La tête la première. Troisième mandat, troisième mandat, troisième mandat (peut-être que c’est la quatrième qui sera de trop, qui sait ?)…
Miabé Faure et ses émules
De toute évidence, notre mésaventure politique, car c’en est une selon moi, donne des ailes à d’autres. L’exemple proche de nous est celui du Dr Yayi, qui laisse un peu un peu ressortir son Mister Hide. Et Nicéphore Soglo, ancien président du Bénin, de le prévenir en sortant la formule qui tue, celle qui immole mon pays sur l’autel des Justes : « Le Bénin ce n’est pas le Togo ». Ben oui, puisque c’est au Togo qu’on peut se permettre ce genre de choses.
Vidéo (02:45)
Voilà donc ce à quoi nous sommes réduits, à être les derniers de la classe à l’école de la démocratie et de l’alternance*
- Bénin, alternance ? Validé (ça coince un peu, maaais, validé)
- Burkina-Faso, alternance ? Validé (il a fallu mouiller la chemise et balayer pas mal, mais c’est plus ou moins passé)
- Ghana, alternance ? Validé (John, John et John)
- Nigéria, alternance ? Validé (avec les acclamations du jury)
- Togo, alternance ? (404 not found)
Comme on dit: « Qu’est-ce qui n’a pas marché ? »
C’est un sujet qui me déplaît au plus haut point. Arrêtons-nous donc là.
C’est dit, le vin ranci est tiré, nous aurons cinq ans pour le boire et le digérer au possible.
Bien à vous
A.R.D-A.
*la démocratie vaut ce qu’elle vaut, et j’en pense ce que j’en pense. Mais c’est le paradigme à travers lequel l’actuel concert des nations voit et juge le progrès, alors qu’il en soit ainsi.
Commentaires