Un Noël dans la dèche, ça se fête !
Salutations et Joyeux Noël à tous!
Noël, Noël, Noël… Fête de partage, fête des enfants, fête de naissance du petit Jésus (vraiment ? il est né un 25 décembre le J-C?)… Que ce soit pour faire un bilan « viral » de l’année 2014 (qui nous tire inexorablement une dernière révérence) ou pour se questionner sur le pourquoi du comment de l’arnaque-Noël ? Il est clair que Noël nous passionne tous, ou à tout le moins nous intéresse. (https://www.plu68.com/)
Noël à Lomé…
Noël à Lomé, c’est les guirlandes dans les maisons et les illuminations… notamment celle du Rond-Point de la gendarmerie sur le boulevard du 13 janvier, avec sa désormais fameuse crèche. Mais c’est surtout les pétards… Oh, il faut que je vous parle des pétards, il y en a de toutes sortes : pétard simple, pétard fusée, pétard mini-grenade, et il y en a de toutes les salves (un coup, deux, trois, quatre coups, six coups, sept coups… jusqu’à quinze coups – dans le jargon des « péteurs », on dit plutôt « Un bande, deux bandes; ils nous viennent pour la plupart de nos amis les Chinois d’ailleurs!… Bien sûr, il y a aussi les cadeaux, les chansons de Noël à tous les coins de rue (Eh, Claudette et Ti’pierre!), les repas en famille, un semblant de joie de vivre et d’euphorie pour tromper ce diable qu’on s’acharne à tirer par la queue tout le long de l’année …
Et pour nous autres (nous qui ne sommes plus des enfants, nous de la « majorité silencieuse » qui n’en avons rien, mais alors rien à foutre de ce gros bonhomme obèse de Père Noël qui vivrait prétendument au pôle Nord où ça caille comme pas possible ; et qui n’avons qu’une crainte relative pour le petit Jésus à peine né, piaillant parmi les moutons de l’étable) Ben pour nous donc, Noël rime plus avec « fête » (ou pour être plus juste avec mangeaille, ripaille, et buvaille. Le petit Jésus pleurant dans sa mangeoire en pâlirait d’horreur et nous chasserait du temple en deux temps trois mouvements)
Ah Noël… viennent à moi des souvenirs aux parfums de luxure inappropriée et de fausse ferveur chrétienne ; de liqueurs alcoolisées, ingérées, toute honte bue, à peine sorti du minuit chrétien (Messe du réveillon de Noël). J’entends au loin, par-delà les frontières du temps et de la mémoire, le « Tching » de quelques bouteilles de Guinness (oui Guinness) qui s’entrechoquent, ou quelques boîtes de Sangria pas chères inclinées au-dessus de grands verres à un angle aussi vertigineux que le « V » succulent d’une poitrine de femme moulée dans un décolleté rouge vif (ben oui rouge vif, c’est Noël). Et coulent le vin et la bière (Claudette chante dans un poste radio pas loin » Noël, Noël, Noël » et ses » roulé, roulé, roulé camionnette’… et se délient les langues, et se chantent à tue-tête, dans la plus complète cacophonie, des « mon beau sapin, rois des forêts » du plus profond de la nuit. Les quelques enfants encore debout courent après leur ombre ou fuient les détonations d’un « bandit » (Pétard) à six bandes… Et «Ho, Ho, Ho», fredonne un Père Noël noir charbon avec une barbichette en plastique achetée au magasin du coin…
Mais non, pas cette fois, pas Noël 2014. Noël 2014 est… bizarre. Noël 2014 semble vouloir passer inaperçu, il se fait tout discret, tout timoré et pauvret. En temps normal, Noël à Lomé annonce la couleur depuis début-décembre, au plus grand tard mi-décembre… mais ça, c’était avant !
Et la dèche se pointa
[…] Alors même que je contemplais la silencieuse immobilité de la nuit de réveillon, plongée dans une obscurité à peine troublée par le flash fugace de quelque pétard explosant dans le ciel (une lointaine détonation) je prenais la pleine mesure de ce Noël pas si particulier… Ce Noël où les Togolais sont (encore) dans la dèche. Et un Noël dans la dèche, ça se fête !
Mon quartier est en léthargie…Le charme brouillant, bruyant et grouillant de Noël est ce soir si ténu, si ténu qu’on se serait cru un jour quelconque. Et le quartier mien n’est pas le seul, un tour par ci-par-là pour constater que non, vraiment le Togolais globalement est fâché avec Noël cette année, enfin, sa poche est fâchée avec Noël. (www.hitc.com)
De retour je croise des jeunets qui s’en vont vers la quinzaine commerciale au Grand marché… ils y vont à pied (« ça nous fera de l’exercice », qu’ils disent). Pour acheter et se faire plaisir en cet instant solennel ? Non, grand Dieu non ! Pour regarder les étals, les illuminations et quelques corps au féminin, au charme et aux formes troublantes… se rincer un peu l’œil, à pas cher si possible. Charmant.
La dèche, Sainte dèche a coupé l’herbe sous les pieds au Père Noël. Bien sûr je dis ça mais les boîtes de nuit et les bars des grandes rues ont tiré leur épingle du jeu en la nuit de 24, comme toujours. Ah ça oui. Mais c’est une autre particularité du Togolais… Comme on dit « ça va aller, ça va aller »… Et même du plus profond de la dèche la plus noire, il y en a qui se trouveront toujours assez de pécules pour se faire une entrée en boîte, en carré VIP même, quitte à jeuner le reste de la semaine. Ou au bar du coin, ça le fait aussi.
Le 25 au matin… On émerge… un passage au marché ce matin : affluence habituelle, à part une ou deux vendeuses qui ont été récalcitrantes à l’appel du commerce…
Bref, à Lomé la dèche a plus ou moins fait sa fête à Noël. (Et si vous voulez une preuve de plus que ce Noël a été tabassé par la dèche, bah je suis quand même suffisamment sobre pour écrire ceci ! Na !)
Attendons de voir le Nouvel An, c’est vrai qu’on y est plus enthousiaste que pour la Nativité. Mais d’ici là… « Ho Ho Ho », dit le père Noël.
A.R.D-A.
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