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La violence dans l’histoire (3) – Fin

Salutations chers tous

J’aime à penser que ce troisième et dernier volet de « la violence dans l’histoire » vous trouve en bonne forme. C’est une chose étrange que de poursuivre sur ce sujet au vue de l’actualité, les tragédies qui émaillent le monde entier, surtout celles du Kenya, sont encore très vives et bouleversantes dans les esprits. Je profite de l’occasion pour dire, encore une fois, nos condoléances aux familles. Malheureusement, les mots et les larmes ne font pas tout!

Enfin, ce qu’un Homme a commencé un Homme doit finir.

Dans cette dernière partie (ici partie 1 et partie 2) nous allons encore descendre dans les échelles de considération. Être plus « terre à terre » et palpables que précédemment.

 

Violence et dialectique : résistance, soumission et régression.

C’est un aspect de la question qu’il me parait important de soulever.

Violence dans l'histoireQuand on prend une seule carte à jouer et qu’on la plie, elle casse vite. Tout un paquet par contre ploie mais ne romps pas. Ceci dit, si vous maintenez la pression suffisamment longtemps autour du paquet, il finira par casser également, feuillet par feuillet. Bien évidemment, ce sont les cartes les plus exposées à la pression qui cèdent en premier.

Ceci est une illustration parfaite de ce que je veux aborder. Quand un peuple subit une violence et/ou une domination extérieure, il y a systématiquement deux types d’individus qui apparaissent : Les résistants et les soumis (toujours, ils apparaissent toujours). Si la violence s’installe pendant suffisamment longtemps et que l’ennemi est beaucoup plus fort, les résistants sont éliminés (tués, emprisonnés ou déportés, au choix). Il s’en suit donc une régression radicale du peuple, tant sur le plan du matériel génétique (les forts, les courageux et les résistants ayant été éliminés, il ne reste que les planqués, les collabos et les plus faibles) que sur le plan moral (la couardise devient une valeur de survie, tout comme la délation et la soumission. La majorité des parents enseigne à leurs enfants à courber l’échine, à ne pas trop la ramener, à faire tout bien comme il faut). A long terme, cela oblitère l’esprit de grandeur et l’audace d’un peuple. Une expression de chez moi illustre fort bien la chose, je pense : « manon tonyéviadji » (Que je me contente du peu que j’ai).

Comme un parasite dans un corps malade, les traitres et les collabos fleurissent et se développent, dominent leur congénères et profitent du système : Exemple des royaumes esclavagistes pendant la traite négrière ou d’une certaine pseudo-élite économique à l’époque coloniale et à la plus récente époque néocoloniale)

Comme on dit : « A la guerre, ce sont les meilleurs qui partent en premier ». C’est tragique.

 

La violence dans l’histoire : quelques cas.

1- Afrique, être trop « civilisée » a fait sa ruine.

Un africain conscient de son histoire ne sait que trop bien à quel point les rapports de peuple à peuple peuvent être violents, surtout envers les plus gens les plus civilisés. Pour nous, les cinq derniers siècles sont particulièrement édifiants. Comment sommes-nous passés de la grandeur de l’Afrique Classique à ce b*rdel généralisé, ce brouillard diffus de médiocrité, d’aliénation et de désunion ? Une certaine violence y est pour beaucoup.

violence dans l'histoire (4)
Œuvres (très) réalistes – Empire du Bénin

A partir du XVème siècle, le contact avec l’Occident a été source d’une grande violence, une violence que peu de gens peuvent réellement comprendre et mesurer encore à ce jour. Il ne s’agit pas de pleurniche, ce sont juste les faits. A l’aube du XVIème les grands royaumes du continent avaient un niveau très acceptable par rapport à l’échelle mondiale, voire un niveau supérieur (comme dans la gestion de l’état et l’alimentation pour tous).  Évidemment, les choses n’auraient pu être possible sans les nombreux soumis et traitres qui jalonnent notre histoire, ça aussi ce sont les faits.

Si on doit simplifier, condenser et prendre des raccourcis, ce qui a fait la différence c’est le canon. D’une certaine façon, l’Afrique était trop « civilisée » pour se concentrer sur la fabrication des armes. Tout le reste n’est qu’une résultante logique de la violence prolongée (se référer au paragraphe « Dialectique de la violence : résistance, soumission et régression »). Mais bon, ce qui est fait est fait.

Crédit:nahlaciss.chez.com
Crédit:nahlaciss.chez.com

La leçon à retenir:

Si tu as de hautes pyramides, de belles villes, de grandes bibliothèques ou de grands greniers, assure toi aussi d’avoir un gros gourdin (Sinon tu ne feras pas long feu et les enfants de tes enfants auront oublié jusqu’à ton existence)

 

 

2- La thalassocratie Britannique (puis anglo-saxonne)

Violence dans l'histoire (20)En la matière, l’empire Britannique est un cas d’école. Un royaume relativement petit qui réussit à conquérir la majeure partie du monde, à imposer sa domination jusqu’à nos jours (en ayant passé le témoin aux États-Unis). Elle a même compensé sa petitesse géographique une domination basée sur la mer : une thalassocratie. Paradoxalement, ils ont probablement été un des peuples les plus sanguinaires et les plus génocidaires de la planète. Même si ce n’est pas à eux qu’on penserait en premier en y songeant. Que ce soit avec les amérindiens, les aborigènes, les birmans, j’en passe et des meilleurs. Pour paraphraser Churchill « Ce n’est pas la supériorité de nos idéaux ou de notre philosophie qui nous a rendu maitres du monde mais bien notre capacité à maitriser la violence organisée ». C’est rien de le dire.

C’est le monopole de la violence a été un atout majeur dans la grandeur de l’Angleterre (puis de l’Amérique). Les anglais ont pris de l’avance sur leurs camarades d’Europe lors de guerres successives (nous l’évoquions dans la première partie: la débâcle de L’Invincible Armada pour les espagnols, la bataille de Waterloo puis Trafalgar pour les français). Quand on sait que les Yankees ont été en guerre 222 ans sur leurs 239 ans d’existence, on comprend beaucoup de choses. Le concept de Pax americana n’est pas tombé du ciel.

Crédit: https://reseauinternational.net
Pays avec des bases américaines – Crédit: https://reseauinternational.net

Nous sommes un peuple de la guerre. Nous aimons la guerre parce que nous sommes très bons à la faire. En fait, c’est la seule chose que nous savons faire dans ce putain de pays: faire la guerre, on a eu beaucoup de temps de pratique et aussi parce que c’est sûr que nous ne sommes plus capables de construire une machine à laver ou une voiture qui vaille un pet de lapin ; par contre si vous avez plein de bronzés dans votre pays, dites leur de faire gaffe parce qu’on va venir leur foutre des bombes sur la gueule… – George Carlin

 

3- Haïti ou « La violence utilisée à bon escient »

Crédit: faculty.goucher.edu
Crédit: faculty.goucher.edu

Haïti est sans doute un autre aspect de l’usage de la violence. Pour autant que je sache, la libération de ce Saint Domingue, la révolution Haïtienne ne s’est pas faite autour d’une table de négociation, lors d’un « débat d’Idées ». Et c’est euphémisme. La révolution haïtienne a été d’une violence inouïe, mais il fallait ce qu’il fallait pour se libérer du joug esclavagiste. C’est d’ailleurs le lieu de rendre un énième hommage mérité à Toussaint Louverture, un des plus grands génies militaires de son temps.

 

Maitrise de la violence directe Vs Non maitrise de la violence indirecte.

Le plus triste dans l’histoire, c’est que si Haïti a su maitriser la violence frontale et directe, il n’en fut pas de même pour la violence indirecte, ce qui lui a couté cher : Les multiples trahisons, les mensonges, coups fourrés au sommet, la capture de Louverture, les manipulations bancaires et cette immonde dette que l’Ile était censée payer aux esclavagistes… Toutes ces choses, en plus de l’occupation de l’ile par des forces étrangères et de la dictature, ont eu raison de l’Ile, l’ont changé en ce cloaque de désolation que nous dépeignent les média.

 

4- William Lynch

Pour donner une idée, c’est de lui que vient le mot « lyncher ». Ceci est un discours de William Lynch, en 1712 en Virginie. Lynch était un propriétaire d’esclaves anglais des Caraïbes. Il présenta ses techniques et méthodes particulièrement efficaces pour garder le contrôle des esclaves. C’était une forme très « hard » de Mind Kontrol Ultra si vous voulez. Pour lui, il s’agissait d’expliquer à ses « potes » esclavagistes comment empêcher les nègres indisciplinés de s’unir. C’était un genre d’expert en la matière :

Mesdames, Messieurs, Je vous salue ici, en cette année de notre seigneur, 1712 (…) Si je suis là aujourd’hui, c’est pour vous aider à résoudre les problèmes que vous avez avec vos esclaves. J’ai expérimenté dans ma modeste plantation, des méthodes nouvelles de contrôle des esclaves. La Rome antique nous envierait si mon programme était appliqué. Non seulement vous perdez de l’argent en pendant vos esclaves, vous avez aussi des insurrections, des révoltes, vos champs restant ainsi longtemps sans être cultivés, vos propriétés sont souvent victimes d’incendies, votre cheptel est tué. Je ne suis pas là pour énumérer tous les problèmes que vous avez avec ces esclaves, mais pour vous aider à les résoudre. (…)

Je fais ressortir un certain nombre de différences parmi les esclaves; il me suffit de reprendre ces différences, de les agrandir, de les exagérer. Puis je suscite la peur, la méfiance, l’envie, la méfiance en eux, afin de les contrôler; par exemple, prenez cette liste de différences: l’âge, la couleur, l’intelligence, la taille, le sexe, la superficie des plantations, l’attitude des propriétaires, le lieu d’habitation des esclaves (vallées, montagnes, l’est, l’ouest, le nord, le sud), le type de cheveux des esclaves (fins ou crépus), la taille des esclaves (grands de taille ou courts). Je vais ensuite vous donner une stratégie d’action pour mettre tous ces éléments ensemble; mais avant tout, j’aimerais vous dire que la méfiance, le manque de confiance en soi, est plus efficace que le respect ou l’admiration. L’esclave noir, après avoir reçu ce lavage de cerveau, perpétuera de lui-même et développera ces sentiments qui influenceront son comportement pendant des centaines voire des milliers d’années, sans que nous n’avions plus besoin d’intervenir. Leur soumission à nous et à notre civilisation sera non seulement totale mais également profonde et durable. N’oubliez jamais que vous devez opposer les adultes et les noirs âgés aux plus jeunes, les noirs à peau foncée aux noirs à peau plus claire, la femme noire à l’homme noir (…) cela vous permettra d’asseoir une domination quasi éternelle sur eux.»  William Lynch, 1712, Colonie de Virginie. (Ici  l’Intégralité du discours)

Au point de vue strictement théorique, ce raffinement dans l’usage de la violence est tout à fait fascinant. De même que le recours à l’intemporel « divide ut regnes » (diviser pour mieux régner). Quant à savoir ce qu’inspire ce genre de méthodes… je laisse à chacun le soin d’en penser ce qu’il en pense. La formule est très souvent remise au gout du jour en tant qu’outil de domination. (www.napavalley.com) Son usage n’est bien évidemment pas restreint à une seule « race » ou une seule région. Que voulez-vous, « on ne change pas une équipe qui gagne ».

Il va sans dire que le dossier de la violence est très très grand, les cas sont légions. C’est question pleine d’attrait mais nous ne saurions en discuter dans les limites de cette esquisse.

Ceci clôt cette discussion qui s’est quelque peu éternisée. Mes salutations à ceux qui m’auront tenu compagnie jusqu’ici. On pourra refermer ce chapitre quelque peu « amer » et voir vers d’autres directions.

Bien à vous,

A.R.D-A.


Eclosion

Et le doigt

Démiurge

Forge un mot-monde, un mot-bocal

Pour y loger sa folie créatrice

Se tailler une parcelle de Dieu

A même la chair infinie de l’imaginaire

Un brin d’éclosion pour tromper le silence

 

Une façon comme une autre

De dire « je t’aime »

A une plume égarée

Tombée de l’assiette du Créateur

Pour dompter l’impétueuse virtuosité

Du monde,

Qui se maquille devant la glace

Qui se dit et se redit sans cesse

Comme un murmure phosphorescent

Qui survole et nargue le néant

Ayi Renaud DOSSAVI-ALIPOEH (A.R.D-A.)

Lomé, 09 04 2015

(icnaconvention.org)


Charlie ou Kenya… Moi je suis Kenya !

Crédit: www.jihadwatch.org
Crédit: www.jihadwatch.org

Nous voilà donc, chers amis, en ce jour qui commence. Le visage morose, l’esprit enfiévré, l’âme tuméfiée, il persiste dans notre bouche comme un gout de pisse, une amertume diffuse et atroce qui refuse de céder face aux festivités de la résurrection de Jésus de Nazareth, sauveur des chrétiens. Car nous émergeons à peine des relents vaporeux de ce qui restera dans nos mémoires comme la fête de Pâques rouge, rouge du sang kényan qui a coulé et souillé un temple du savoir, rouge de l’innocence égorgée sur l’autel de la barbarie,  rouge de la colère et de la douleur des familles éplorées.

Entre colère et frustration

Que ce soit pour le Niger, le Nigeria ou le Kenya, je remarque que ces fameux « soldats de Allah » ne s’en prennent qu’à des pays riches en ressources et/ou qui ont toutes les chances de devenir des leaders d’une renaissance panafricaine. Un chaos bien salutaire à certains manipulateurs… tiens, le hasard sûrement. Face à l’ampleur de l’horreur, nous sommes partagés, submergés de sentiments violents. Deux d’entre eux retiennent mon attention :kenya garissa charlie (3)

La haine contre ces prétendus soldats d’Allah qui font (et coupent) des pieds et des mains pour nous tirer par la tignasse des cheveux dans une pathétique et mortifiante guerre de religion. Allons-nous sombrer dans la violence ?

Le dépit, le dépit profond et l’indicible frustration face au monde qui était Charlie il n’y a pas si longtemps, mais qui s’en fout royalement de Garissa.

Nous n’allons même pas entrer dans des considérations numériques, c’est un décompte macabre que j’ai toujours trouvé indécent (encore qu’on pourrait le faire, que ce soit pour les 100 millions de l’esclavage, les 6 millions de la Shoah ou les 10 millions du Congo).

Un deux-poids deux-mesures pas du tout étonnant

Étonné par la différence de traitement de cette tragédie dans les médias main-stream ? Pourquoi ? Moi, ce qui m’étonne, c’est ceux que ça étonne.

kenya garissa charlie

Cette maxime dit. Au cas vous ne l’auriez pas remarqué, c’est comme ça que fonctionne le monde. Je sais que la religion du droit de l’hommisme et de l’égalitarisme abstrait a fait beaucoup de dégâts dans l’esprit de mes compatriotes africains, mais il y a des choses élémentaires à ne pas oublier :

  • Personne ne se fait respecter par les larmes et la pleurniche. Surtout pas quand on se traîne à longueur de siècle une image savamment entretenue de demi-sauvage et de primitif affamé.
  • Il faut pleurer la mort de son fils avant d’aller pleurer celle du voisin. Si le voisin est plus riche que toi et qu’il ameute tout le quartier, c’est son droit… Mais est- ce que toi tu es obligé d’aller aux funérailles de son cousin ou de sa belle-mère quand lui il ne vient jamais aux funérailles de tes enfants ? Non, mais où on a jamais vu ça ? C’est quelle affaire ça? Chez moi, c’est ce qu’on appelle être « Honvi ».

On peut être Charlie et Kényan.

Certes, on peut être ému pour les tueries de Paris et pour le massacre de Garissa en même temps. La question ne se pose pas. C’est même la moindre des choses… Mais alors, où sont les Kényans à l’heure de ce drame ? Mieux encore, où sont les #JesuisKenya parmi les #JesuisCharlie ?

Où sont donc les Charlie, les Charlots et autres bisounours ?

D’aucuns considèrent le massacre de Garissa comme sur fond religieux et l’affaire Charlie Hebdo étant plutôt dans le cadre de la sacro-sainte « liberté d’expression ». Le dossier de Garissa est considéré par ces « experts » comme non conforme pour être sponsorisé. Moi je dis « Gratte-moi le dos ». C’est de la tartufferie ou je ne m’y connais pas.

Comme dirait l’aîné Kpelly :

kenya garissa charlie (5)Tu es Africain, tu es touché par ce qui s’est passé au Kenya? Eh bien, compatis à ta manière. Et comme cela se fait sur Facebook, mets ‘Je suis Kenya » ou une bougie sur fond noir avec KENYA écrit dessus en photo de profil, et, surtout, boucle-la. « Oui, voilà, les Blancs ne disent rien sur le drame kényan, aucun d’eux n’a mis « Je suis Kenya » sur son profil, alors que pour Paris nous avions tous mis « Je suis Charlie… » Vraiment, boucle-la. Ce n’est pas à coups de larmes et de pleurnichements et de soupirs qu’on réussira à tourner le cœur de qui que ce soit vers l’Afrique. La compassionb ça ne s’achète pas. Surtout pas avec des larmes !

Voilà qui est dit et bien dit.

J’épouse entièrement la pensée d’un autre aîné, Kossi Noglo :

Crédit AFP - Carl de Souza
Crédit AFP – Carl de Souza

Chers amis africains, près de 150 personnes assassinées chez nous et nous ne voyons aucun chef d’Etat occidental venir faire une marche au Kenya. Nous ne voyons aucun T Shirt « Je suis…. ». Nous ne voyons pas les grandes chaînes de télé passer la nouvelle en boucle. Nous ne voyons aucune célébrité se scandaliser, aucun débat télé? On a vu tout ça quand il y a eu 12 tués à Paris n’est-ce pas? Ça montre bien le MANQUE DE CONSIDÉRATION qu’on vous donne en tant que race, culture et continent. La prochaine fois vous réfléchirez mieux avant d’aller STUPIDEMENT témoigner de la compassion alors qu’on ne vous rendra pas la pareille. (https://picklelicious.com/)

 

Nil novi sub sol

Pour moi, comme dirait la Bible, il n’y a « rien de nouveau sous le soleil ». Ces gens-là n’ont jamais eu de considération pour nous, pourquoi ça changerait aujourd’hui ? Arrêtons de quémander leurs larmes, leur commisération et leur considération. Si CNN & Cie avaient été des chaînes africaines ou panafricaines, je crois que ça se saurait.

Un journaliste travaille pour celui qui le paie, est-ce  vous qui payez ceux de CNN ? Hein ?

D’ailleurs on peut prolonger cette question : qui finance les shebabs, Boko-Haram et autres Aqmi ? Qui ? D’où viennent leurs armes ? Allah peut-être ? Comme dirait un grand érudit musulman, le cheikh Imran Hossein :

« Ce n’est pas le père Noël qui fournit les armes à l’Etat islamique ». Cheikh Imran Hossein

Il serait grand temps que nous retrouvions le chemin de l’intelligence. Au lieu d’être là à pleurnicher encore, à se demander « pourquoi pas nous » encore. Ceci est un monde de violence, tout particulièrement envers les plus faibles. D’ailleurs, en parlant de violence, attendez de voir le grand bouquet final (et mondial) que les puissants nous réservent, vous allez bien être Charlie.

Nous ne pouvons exiger d’être traités avec respect et considération tant que nous sommes faibles. Arrêtons d’être étonnés.

Je n’ai jamais été Charlot et ce n’est pas demain que ça va changer. Pour ceux qui disent qu’être Charlie, c’est être pour la liberté d’expression, soit, c’est une façon comme une autre de voir les choses.

Et nos chefs d’Etat… Immonde et affligeante soumission !

Crédit: www.rewmi.com
Crédit: www.rewmi.com

Le plus mortifiant, c’est nos chefs d’Etat, surtout la bande à Charlie n’ont pas daigné faire un discours ou une condamnation. Rien, zéro, nada, peau de balle. Trop occupés à bien se faire voir par le maître, ils se sont comportés en dignes gardiens de plantation en allant marcher comme des toutous bien dociles à Paris. Je ne parle même pas des larmes de certains, comble de l’humiliation. A croire que leur pays respectif ne se trouve pas en Afrique. Dans leur esprit, comme dans celui de beaucoup, il y a leur pays, et puis il y a la France, l’Europe et les States. Ils se sentent éminemment plus proches de Paris que de leurs voisins.

Le plus tragique c’est que, par leur comportement, ils nous forcent à choisir notre camp entre les tragédies en Afrique et celles d’ailleurs.

 

C’est bien la preuve que nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge…  ou plutôt de l’abattoir, pauvres moutons charlots que nous sommes. Notre sang coulera encore, encore et encore, dans l’indifférence générale, mais ce n’est pas grave, puisque « nous sommes tous Charlie ».

Alors, quand retiendrons-nous donc les leçons de l’Histoire ? Notre sang carbonique et « sauvage » n’intéresse personne. Nous sommes seuls.

kenya garissa charlie (2)

Bien vous

A.R.D-A.


La violence dans l’histoire (2)

Prolégomènes :

Ce billet ne sera ni une incitation à la violence, ni une apologie de la violence, « aveugle » ou non. Encore moins un procès à telle vision du monde ou tel courant de pensée.

Ceci se veut une discussion amicale et, je l’espère, aussi plaisante qu’édifiante. Une réflexion strictement théorique au sujet de la « Violence dans l’histoire », au sens global du terme. J’ai trouvé intéressant de mettre le doigt sur certaines contradictions doctrinales auxquelles nous nous heurtons souvent. Notamment dans nos pays « autrefois » colonisés et soumis à la prédation de puissances extérieures.

Salutations, chères toutes et chers tous

Poursuivons donc cette discussion: « La Violence dans l’histoire ». Charmant sujet s’il en est. (Ici partie 1). Tachons ensemble de quitter un plan général pour aller « plus bas » dans les échelles de considération.

 

Systèmes et Violence: Quand un système veut ta peau c’est qu’il veut ta peau. Point barre !

En un mot comme en cent, ça donne ceci :

« Le monde actuel est une jungle, et c’est deux fois plus une jungle pour les peuples africains…pas parce qu’ils sont noirs mais parce qu’ils sont faibles et naïfs.»

Le monde est régi par un système, ce système écrase les plus faibles, nous faisons partie des plus faibles, donc ce système veut notre peau. Fin de la discussion (C’est plutôt simple il me semble… un gosse de sept ans comprendrait du premier coup).

Violence dans l'histoire (6)En suivant un peu l’Histoire, on finit pas ne plus être surpris par le genre humain. Pour ceux qui ont gentils pour croire que les hommes, ou plutôt les castes dirigeantes, ne sauraient être malveillantes (plus qu’elles ne l’ont été par le passé!)…Eh bien, comme disait Nietzsche:

N’oublions pas que:

  « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » (Bossuet)

Violence dans l'histoire (12)

Les systèmes n’ont aucune morale et une aucune conscience. Les attentats barbares de Kenya ne font que le prouver à suffisance, si besoin en était encore. Je suis certain que pendant l’esclavage, la colonisation ou encore l’occupation française par le régime Hitlérien, il y avait par ci par là une ou deux bonnes âmes charitables envers les opprimés ; de là à dire que ces systèmes de choses en eux-mêmes étaient charitables, je crois qu’il y a un énooooooooooooooorme fossé.

Je le redis:

Pour peu qu’il soit suffisamment sûr de lui-même et aliéné par sa propre idéologie, un système ou un État n’a aucune morale, aucune conscience, aucune limite dans l’horreur, la mesquinerie ou la méchanceté.

Ainsi, quand un système ou un pouvoir repose sur la violence, il créera et utilisera toujours de la violence, tout le reste n’est que de la littérature de la mauvaise qui plus est.

Les génocides et les exterminations ont tous été pratiqués par l’État, jamais par l’individu ou le peuple.

Il est donc illusoire de croire qu’on va changer un système (d’oppression ou non) en jouant sur la conscience de ceux qui en profitent. Comme s’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Pour ce qui est de la violence en tant que moyen de libération, outil de l’opprimé, je laisse la parole au « vrai gars » Malcolm X.

La violence vue d’en haut et la violence vue d’en bas

La violence n’est pas la même pour tout le monde. Tout dépend de là où on se trouve dans la pyramide du pouvoir. Je vais prendre un exemple simple : Imaginons qu’on soit en pleine guerre, quelque part. Un état-major décide qu’une certaine ville est importante stratégiquement…

« Mein führer Cette ville sera difficile à prendre»

« Combien d’hommes cela nous coutera, à peu près ? »

« Cent mille hommes ».

« Eh bien on va sacrifier cent mille hommes »

« On dénombre également cinq cent mille civils dans les régions d’habitation »

« Tant pis pour eux, des bombardements ciblés nous ferraient perdre trop de temps… la guerre n’épargne pas les civils.»

Vous voyez où je veux en venir ? La guerre du point de vue de Sani Abacha ou du Général Joukov n’est pas la même que la guerre du point de vue de la pauvre femme dont le mari et les enfants se feront massacrer, elle-même violée à plusieurs reprises par les « forces du bien ». Ni la guerre du point de vue du pauvre soldat qui n’a rien demandé et n’y comprends rien mais qui est là juste pour « servir son pays».

Ainsi, pour autant qu’on puisse justifier théoriquement la violence intelligemment et sagement utilisée de manière très ciblée dans l’espace et le temps, il n’en est pas moins que c’est une horreur absolue…surtout pour ceux qui la subissent vraiment.  De ce point de vue, je donne raison aux pacifistes.

 

Violence directe/Violence indirecte.

J’entends par « violence indirecte » l’ensemble de moyens d’agression plus subtils que l’attaque physique frontale: Les médias-mensonges, la désinformation sur sujets importants, les impôts injustifiés, les coup d’état non violents, l’expropriation à coup de millions, la prédation foncière, le système esclavagiste de la dette etc…

Dans le monde prétendument évolué d’aujourd’hui, la violence indirecte est la plus répandue. Elle est plus soft, plus clean et plus « raffinée ». Elle est extrêmement efficace parce qu’elle pousse l’esclave à aimer ses chaines, même quand il sent que quelque chose ne va pas, détricoter le réseau de chaines et de nœuds coulants qui l’étouffe lui demande du recul, de la patience ainsi qu’un certain travail de réflexion et d’érudition. Choses qu’il est de moins en moins capable de fournir.

Bien évidemment, la violence directe n’est jamais loin. Il suffit de voir la taille des armées des trois grandes puissances actuelles. Ou encore les moyens dont disposent les forces du bien comme l’OTAN ou l’AFRICOM, j’en passe et des meilleurs.

 

Violence structurelle : le capitalisme libéral « sauvage ».

Un système basé sur la violence génère toujours de la violence et de l’oppression. La violence et l’injustice qui en découlent immanquablement sont structurelles. Ce ne sont pas des anomalies mais des effets logiques du système.

Violence dans l'histoire (13)L’exemple le plus intéressant est sans doute le capitalisme sauvage. C’est de la violence pure et simple. Il a causé bien plus de morts que la guerre du Biafra ou du Congo. Je dirais même que ces guerres, comme beaucoup d’autres, ne sont que des conséquences du système. Le capitalisme sauvage il est oppressif et destructeur par essence. J’en veux pour preuve le nombre de femmes et d’enfants morts dans la misère et la famine à cause du racket bancaire, du système de la dette, des malversations financières de multinationales comme Lehmann Brothers, Goldman Sachs, le FMI et autres joyeusetés.

Violence dans l'histoire (11)Le système de la dette et le capitalisme libéral sauvage fera tout (TOUT!) pour perdurer et se survivre à lui-même jusqu’à ce qu’il ploie complètement sous le poids de ses contradictions.  

 

 

 

L’éternel retour du concret ou les limites des mots.

On peut faire ou dire tout ce qu’on veut avec les mots (discours pompeux, belles théories, concepts fumants ou fumeux). On peut embobiner autant qu’on veut, mais sur l’échelle du temps, sur la durée, Le concret, ou le contexte, est toujours plus fort que le concept, aussi beau et séduisant soit-il :Si une théorie est fausse,  si un discours est mensonger, les faits finiront fatalement par lui donner tort. Ce n’est qu’une question de temps. C’est ce que le grand Lénine appelait « l’éternel retour du concret ». Les faits sont têtus et radicaux, ils ne négocient pas: Ce n’est pas parce que nous nous persuadons que tout le monde il est bon, tout le monde il est gentil qu’il en est ainsi.

Violence dans l'histoire (8)Il n’y a qu’à voir le deux-poids-deux-mesures obscène entre les douze morts de Charlie Hebdo et les dizaines de victime de Boko Haram au Nigéria ou les 140 victime du Kenya !

De même, si une stratégie ne marche pas dans un contexte donné, elle ne marchera jamais dans le même contexte. JAMAIS. Soit on change de contexte, soit on change de stratégie. Sinon… Eh bien, une fois n’est pas coutume, je m’en réfère à la Bible :

Violence dans l'histoireNous sommes dans un monde de violence structurelle, où la lutte des classes se superpose et s’hybride à la lutte des races d’une façon très malsaine et très ambiguë. Dans un tel monde, il est souhaitable et même salutaire que ce soit le plus raisonnable et pacifique de tous qui possède les armes les plus puissantes et dévastatrices. Ne serait-ce que pour ne jamais s’en servir ou les détruire.

Pratiquez l’hospitalité, les danses autour du feu, les veillées de prières et de chants, et tout ce que vous voulez, mais de grâce, faîtes-le à l’ombre de vos bombes atomiques (à vous). Si l’agneau ne peut pas empêcher le loup d’être ce qu’il est, qu’il se construise au moins une solide clôture. Ce sera ça de gagné.

De la barbarie

Tout ceci étant dit, ne nous méprenons pas. La violence ne saurait en aucune façon être un but ou une fin soit (sauf quand on est marchand d’armes). C’est un outil expéditif et dangereux, une lame à double tranchant. Je dirais même que c’est une arme encore plus dangereuse pour celui qui la brandit. Là encore je donne raison aux pacifistes forcenés… ou plutôt je peux les comprendre.

On connait la formule : Qui tue par l’épée meurt par l’épée. (Enfin, je connais deux ou trois dictateurs et traitres à l’Afrique qui sont morts dans leur lit, mais bon, c’est une autre histoire). D’autre part, gardons à l’esprit qu’il n’y a rien de pire pour une nation qu’une guerre inutile, notamment une guerre civile. Ces choses sont souvent le fait de manipulations extérieures avec la complicité de quelques traitres et compradors, il y a toujours, malheureusement. Les exemples sont légions : Liban, Liberia, Congo, Kosovo etc… Aucun pays n’est jamais sorti fort et grandi d’une guerre civile. Aucun.

Il y a donc un glissement dangereux: De la violence intelligemment et rigoureusement modulée dans le temps et l’espace à la violence tout court: la sauvagerie et la destruction intégrale. Avec son cortège de morts, de souffrances etc. Une bagarre, on sait comment elle commence, mais rarement comment elle finit.

Comme le suggérait notre brillant salaud de service: et si on faisait économie des révolutions en Afrique?. C’est une idée.

 

A bientôt pour en finir avec toute cette violence… 🙂

Bien à vous

A.R.D-A.


Faites-nous la nuit

Faites-nous la nuit juchée sur des espérances en bikini

Des douceurs aguicheuses habillées d’étoiles et de grains de beautés

Des rêves à la jupe légère dansant en farandole

Autour des sentiers incendiés de nos désespoirs oubliés

 

Faites-nous la nuit comme un lent et long baiser…

Et l’horloge se brise contre les seins d’un fantasme en robe rouge

Et des mains tremblantes plongent vers la terre promise

Et des lèvres mordillées disent tout le délice du monde

 

Faites-nous la nuit fardée de silence et d’or-de-lune

Des couleuvres-espoirs à avaler goulument

Par une bouche avide de mots et de murmures, d’odes et de contes

Une façon comme une autre de tromper la mort du sommeil

 

Faites-nous la cadence enfiévrée des nuages disloqués

Fracassés contre le Jéricho fringuant de nos doutes

…Et le bonheur, pusillanime, se dessine comme une hésitation

A mi-chemin entre le dépit et l’audace…quelque part entre nos doigts écartés, pour incarcérer l’opacité nocturne

 

Faites-nous la nuit ronde comme une galette de pain

Luisante comme un gâteau au miel, qui roule et déroule sa bosse féconde

Comme un soleil arc-en-ciel, un paon en gestation

Elle n’attend qu’un mot, un ordre, un sourire… pour nous offrir ses trésors.

 

A.R.D-A.

Lomé, Tokoin-Hôpital, 31 03 3014

(Lorazepam)

(www.sociobits.org)


La violence dans l’Histoire (1)

Violence dans l'histoire (1)

Prolégomènes :

Ce billet ne sera ni une incitation à la violence, ni une apologie de la violence « aveugle » ou non. Encore moins un procès à telle vision du monde ou tel courant de pensée. (https://eluminoustechnologies.com)

Ceci se veut une discussion amicale et, je l’espère, aussi plaisante qu’édifiante. Une réflexion strictement théorique au sujet de la « Violence dans l’histoire », au sens global du terme. J’ai trouvé intéressant de mettre le doigt sur certaines contradictions doctrinales auxquelles nous nous heurtons souvent. Notamment dans nos pays « autrefois » colonisés et soumis à la prédation de puissances extérieures.

Salutations, chères toutes et chers tous!

J’accouche ces quelques lignes suite à une plaisante rencontre entre twitos de Lomé (un #TweetUp ça s’appelle. Comme le montrent quelques articles Lumineux et Parlants de mes camarades, nous n’en sommes pas à nos débuts, oui bien cher Petit écolier?). Bon, on s’égare, la violence dans l’histoire donc:

De la violence… comme moteur de l’Histoire.

Au  fil de notre discussion, j’ai été amené à aborder la question de la violence. Pour moi, tout est parti de ce constat assez perturbant, surtout par sa récurrence. La violence semble être un important moteur ou auxiliaire des principaux mouvements de l’Histoire. Pour toute personne éduquée et formatée dans le cadre démocratiste et droit-de-l’hommiste bisounours, pour toute personne « instruite » et « civilisée », certains faits d’histoire peuvent sembler très paradoxaux, voire violemment aporétiques.

La violence organisée : à la source de toute grande civilisation

A mon plus grand déplaisir, je ne connais aucun grand changement politique et historique qui soit le fruit exclusif du « débat d’idées ». Il y a débat d’idées, certes, mais à un moment donné, il y a acte. Et les actes sont rarement des danses autour du feu. En cas de désaccord prolongé et insoluble, quelqu’un finit par taper du poing sur la table.

Globalement, toutes les grandes civilisations commencent par un acte de violence, la violence sous sa forme la plus radicale et frontale : la guerre. Ceci vaut pour les douze mille ans que couvre l’Histoire officielle*  :

L’empire du Mali commence avec la bataille de Kirina; ce n’était pas un petit café entre Keita ou Soumahoro Kanté, on est d’accord.

Crédit: www.djehutygraphics.com
Crédit: www.djehutygraphics.com

L’empire romain commence de façon très révélatrice avec le mythe du « meurtre de Rémus par Romulus». Ne parlons même pas de la façon dont l’Imperium Romanum a grandi et prospéré ( avec les mille et une campagnes militaires, les guerres puniques, etc.)

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La suprématie de l’Angleterre et de la civilisation anglo-saxonne s’est forgée dans de nombreuses batailles décisives ( L’Invincible Armada, Trafalgar, Waterloo). Ce n’est pas à cause de la beauté de ses idées philosophiques ou à cause de son porridge qu’elle a dominé le monde et continue de le faire, mais à cause de sa grande maîtrise de la violence organisée.  Tout le reste, l’économique, le linguistique et le culturel, les voies de communication est dépendant de ce facteur fondamental.

Même la brillantissime civilisation africaine de Ta-mery (L’Egypte ancienne) commence avec la Sématawoui : l’union des Deux Terres. Laquelle union n’a pu se faire qu’après que le roi-chasseur Narmer-Menès a botté les fesses aux rois des 41 autres petits royaumes et les a forcés à s’unir sous son autorité.

La Sématawoui, Palette de Narmer - Crédit: www.toutankharton.com
La Sématawoui, Palette de Narmer – Crédit: www.toutankharton.com
Tete de Narmer-Menès - Crédit: diasporicroots.tumblr.com
Tête de Narmer-Menès – Crédit: diasporicroots.tumblr.com

La violence (intelligemment et sagement dirigée, je précise) semble une nécessité de l’histoire, un impératif catégorique indépassable. C’est assez perturbant pour quelqu’un qui a reçu la formation, ou plutôt le formatage intellectuel que nous donne l’école.

 La violence précède et garantit le droit, et jamais l’inverse

Violence dans l'histoire (9)
Dura lex sed lex

Ce qui est vrai pour les civilisations l’est aussi pour la loi, ou le droit. La loi n’est garantie que sous l’autorité d’un puissant qui, en dernière instance, punit les contrevenants: On respecte une loi parce qu’on risque subir les foudres de sa divinité ou de sa société en cas de transgression. (Ultram)

La loi tire donc sa force et son essence dans le châtiment (du moins à ses débuts, car par habitude et apprentissage, on se « conduit bien » tout seul. On intègre la loi). Le châtiment peut découler de l’autorité au sommet (exemple du monarque) ou plus indirectement, par une caste d’oratores et d’hommes de loi (exemple de la « caste » des magistrats dans les sociétés modernes). Quoi qu’il en soit, la loi n’est rien sans la violence intrinsèque qu’elle porte et brandit. La maxime « dura lex sed lex » est d’ailleurs tout à fait édifiante.

Pour mémoire : le code civil français (dont nous avons hérité) est né sous Napoléon Bonaparte, pas vraiment un démocrate. Il en est de même pour le Kurukan Fuga (la charte du Mandé, une des premières constitutions de l’histoire) qui fut rédigé après la bataille de Kirina.

J’irai même plus loin en disant que celui qui possède la force définit ce qui est légal ou non, punissable ou non, du moins dans cadre  restreint où s’étend sa domination.

« N’oubliez jamais que l’action d’Hitler était légale en Allemagne » Martin Luther KING

Violence dans l'histoire (2)

L’outrance du «débat d’idée » voltairien ou la castration d’une lutte.

Nous, jeunes ‘éduqués’ d’Afrique, nous avons appris à mépriser la force brutale, et indirectement à avoir un souverain mépris des « coups d’Etat » (très souvent à juste titre, je le précise également). Mais il serait intéressant de s’interroger sur l’utilité objective de nos « convictions ». Car dans ces conditions, il y a deux choses :

  • : Si l’intelligence brille plus que la force brute, la force brute pèse plus lourd. Les deux ensembles brillent et pèsent !
  • : Si les sages, les raisonnables et les érudits n’ont pas le contrôle de la violence, d’autres le prendront. Quant à savoir qui sont ces autres et ce qu’ils en feront…

On peut légitimement se demander « à qui profite le crime », ou plutôt « à qui profite le débat d’idées» ? Car, de ce point de vue, et de ce point de vue seulement, tout comme il est utile de tuer le patriotisme dans l’âme d’un peuple qu’on veut maintenir sous domination, il est tout aussi utile de « castrer » sa résistance. La castrer en l’engluant dans le culte du discours, en la faisant errer dans un labyrinthe de propositions-négociations-revendications.

Et là, comme dirait Gandhi:

Il est préférable d’être violent quand la violence emplit nos cœurs que de revêtir un manteau de non-violence pour cacher notre impuissance. Mahatma Gandhi

PMBGandhistatue
Mahatma « Non violence » Gandhi – Wikipedia

Arrêtons-nous donc ici pour l’heure.

Bien à vous

A.R.D-A.

« Alors parla le brave Horatius, le capitaine de la porte : “Tôt ou tard la mort arrive à tout homme sur la terre, et comment mourir mieux qu’en affrontant un danger terrible pour les cendres de ses pères et l’autel de ses dieux ? “

 

(*) pour ce qui a existé avant, on va dire qu’on n’en sais pas grand-chose.


En vérité, en vérité je vous le dis : Jésus-Christ était un Sénégalais

Récemment, le camarade et aîné Fosto Fonkam a très brillamment parlé de l’opposition des religions abrahamiques avec les spiritualités classiques africaines. Il montra bien la tartuferie monumentale, le deux poids deux mesures, ainsi que le manque de cohérence dont nous faisons preuve dans notre façon d’appréhender ces deux systèmes de valeur. Le « mysticisme » et « culte » des morts de l’un étant « mystère » et « vénération des saints » de l’autre. « Les idoles » de l’un étant « les symboles » de l’autre.

Jésus christ africain (5)
Crédit: tempsreel.nouvelobs.com

De fait, Je ne saurais que trop abonder dans son sens. J’aurais même été plus loin en certains points. D’ailleurs, dans le présent billet, je compte bien aborder un autre pan de cette épineuse et vaste question. Car en vérité, en vérité je vous le dis : Jésus-Christ était un Sénégalais.

Comme je le disais dans un billet sur le père Noël :

J’entends traiter ici des images et des icônes que nous avons, car je pense que ces éléments jouent un rôle fondamental dans notre structuration mentale profonde. Nous sommes ce que nous voyons.

Je dirais même plus :

Ce que nous croyons nous fait.  A plus forte raison ce en quoi nous croyons!

Je tiens à préciser une chose. J’ai évolué dans un univers très chrétien catholique, et c’est un euphémisme (j’ai été intéressé par les ordres à une époque, on a deux curés dans la famille, j’ai eu un grand-oncle évêque, et mon arrière-grand-père était catéchiste… c’est vous dire…) Je me considère encore comme un catholique culturel. Mais j’ai aussi beaucoup beaucoup beaucoup étudié l’église, sa construction et son histoire. De ses premiers balbutiements à sa progressive dégénérescence actuelle. Des conciles de Nicée aux conciles de Vatican (I & II), en passant par le concile de Trente, l’Inquisition, et la légalisation de l’esclavage par le Pape Nicolas V. Je l’ai étudiée un peu plus profondément que la plupart des « chrétiens », j’ose le dire.

Paus Nicolaas V door Peter Paul Rubens
Pape Nicolas V – Auteur de la bulle papale ouvrant la voie aux razzias négrières, en 1454

Pour entrer dans le vif du sujet, je vous propose ce petit exercice :  » Fermons tous les yeux et imaginons Dieu. Dieu tout puissant, dans toute sa bonté, sa miséricorde et sa grandeur. Imaginons-le en train de nous bénir, de nous protéger, de nous sourire paternellement ou maternellement, c’est selon et de nous envoyer tout l’amour du monde « .

Bien, la question : « De quelle couleur était Dieu? » Mieux encore, de quelle « race » était-il ? … Voilààààààààààà, c’est à ça que je voulais en venir.

Crédit; www.chemindemarie.com
« Dieu » Tout-Puissant qui est aux cieux. Pas vraiment une tête de Congolais – Crédit: www.chemindemarie.com

 

Alors, de quelle couleur est « Dieu »?

Inutile de se voiler la face, nombre d’entre nous l’aurons vu comme « blanc ». Un Dieu plus proche du Zeus de la Grèce antique que d’un Wégbadja. Ainsi qu’un Yeshua ben Yosef (*) de Nazareth dit Jésus-Christ tout blond avec des yeux bleus. Pour ceux qui ont vu Dieu sous les traits d’un Wosiré (Osiris, le Kem-Hur), d’un Mérikarè ou d’un Samory Touré, je dis Xotep et félicitations. Vous pouvez arrêter ici la lecture de ce billet. Et merci de m’avoir honoré par votre lecture.

Wsir - Kem Our (Osiris: Le Grand Noir)
Wsir – Kem Our (Osiris: Le Grand Noir)

Et n’allez pas me dire que Dieu n’a pas de couleur C’est un truc de faux-c*l ça. Certes, il n’en a pas. Mais seulement dans son acception purement métaphysique et cosmique du terme. Mais combien, combien de fidèles dits fervents ont cette définition hautement subtile voire ambiguë de Dieu ? Et comment représentez-vous Yeshua ben Yosef de Nazareth, dit le Christ ?

De mon point de vue, les religions sont des systèmes de valeur, un cadre épistémologique de conceptualisation et de compréhension du monde. Du reste, comme disait Sénèque :

L’homme ordinaire tient la religion pour vraie, l’homme sage la trouve fausse et les chefs la trouvent utile. Sénèque

C’est pourquoi je ne saurais débattre de religion avec un religieux dit « fervent ». Car, par définition, un « croyant » ne débat pas, il ne soupèse pas, il croit. Encore faut-il savoir ce les gens, surtout les Africains, entendent par « être chrétien ». Bien souvent ils sont à cheval entre traditions classiques et religions abrahamiques, même s’ils ne veulent ou ne peuvent se l’admettre.

Ce dieu « blanc » qui me regarde

Cela dit, et c’est là tout mon propos, je trouve infiniment malsain, pathologique et délétère pour nous, Africains, de rentrer dans une église pour nous agenouiller devant un « dieu » qui n’est pas « à notre image et à notre ressemblance ». Et pour ceux qui croient que c’est vraiment Jean-Claude qui se trouve sur cette croix : Vous connaissez beaucoup de blonds aux yeux bleus qui viennent d’Asie mineure ou du Moyen-Orient ? Depuis quand les sémites sont des blonds aux yeux bleus ? A plus forte raison des Africains ???

C’est comme si nous donnions nous-mêmes le bâton pour nous faire battre. Les leucodermes ont représenté Dieu « à leur image et leur ressemblance », c’est la moindre des choses. (rpmnwindiana.com) Je dirais même que c’est tout à leur honneur. Il serait grand temps que nous en fassions de même, tout simplement. Se reconstruire passe aussi et surtout par la repossession de son mental et par la maîtrise de son univers. Il n’y a rien de sain, pour l’Africain, à s’agenouiller devant une entité qui n’est pas à sa ressemblance. Ce n’est pas du racisme, c’est du strict bon sens.

ChineseJesus
La représentation de la race de Jésus a été influencée par le cadre culturel9,49 : illustration chinoise, Beijing, 1879. – Crédit; Wikipedia

Jésus-Christ africain… oui pourquoi pas?

Il n’y a aucun blasphème ou aucune hérésie là-dedans. ça fait des siècles et des siècles que le mec change régulièrement de visage. Très sérieusement, si le Christ revenait là tout de suite, très, très, mais alors très peu de personnes le reconnaitraient. Vous la voyez venir, l’arnaque, ou pas?

CompositeJesus
Les auteurs ne s’entendent pas sur la race et l’apparence de Jésus ; il a été représenté sous de multiples aspects au fil des siècles. Crédit – Wikipedia

 Coupez la pomme en deux, faites-nous un  » Dieu » africain

Si vous n’avez pas le cœur de revenir à des traditions classiques en ancestrales, de grâce, représentez au moins votre sauveur avec des traits plus africains. Si vous ne le faites pas pour votre propre équilibre mental, faites-le au moins pour vos enfants ! D’autant que Yeshua ben Yosef avait bien plus de chance d’être un noir africain que d’être un blond aux yeux bleus.

Crédit: koyeba.blogspot.com
Hic venit verum negrum deum  – Crédit: koyeba.blogspot.com

En vérité, en vérité je vous le dis : Jésus-Christ était un Sénégalais (ou un Congolais, un Soudanais, un Malien. C’est comme vous le sentez… Et décrochez-moi ce « Blanc » de cette croix !)

Il va sans dire que ceci vaut pour toutes les religions abrahamiques. Le christianisme tout particulièrement le catholicisme n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Ceci était un petit appel à la réflexion sur la question. En aucune façon une critique gratuite.

 

Que les ancêtres et les Puissances soient avec vous.

Bien à vous

A.R.D-A.

 

*: c’est à dire, « Jésus, fils de Joseph »

 


Insomnie

Un zéphyr, un astre enterré, puis un silence

Le ciel est suspendu dans une fragile hésitation

A mi-chemin entre l’oubli et le rêve

 

Et la nuit s’en vient,

Me caresser la nuque

Me murmurer à l’oreille des musiques et des douceurs oubliées

Elle me montre son sein parsemé d’étoiles et de rêves

Ses océans de bonheur et de lucre

Et ce faisant, détourne mon regard et mon corps

Des bras parfumés du sommeil

Et je gis là, à mi-chemin entre rage et extase

 

Dakar, Sénégal, 17 03 2015

(Valium)


Du patriotisme et de son extrême importance pour l’Afrique (1)

Salutations, chers tous et chères toutes.

Alors, le patriotisme:

Patriotisme [patYijCtism] n. m. ÉTYM. 1750; de patriote: ¨ Amour de la patrie; désir, volonté de se dévouer et au besoin de se sacrifier pour la défendre, en particulier contre les attaques armées »

Le patriotisme diffère du civisme en ce qu’il concerne moins le respect du bien public et plus la défense de la patrie contre un agresseur extérieur; du nationalisme en ce qu’il ne suppose pas un culte exclusif de la nation.   (Grand Robert)

 

De ma profonde admiration du patriotisme.

J’ai une très, mais alors très profonde admiration pour le patriotisme et pour les patriotes. C’est un des sentiments « instinctifs » les plus nobles qui soit. Si un individu n’a pas été éduqué pour mépriser son peuple, ou sa terre d’accueil, et pour peu que celle-ci lui soit hospitalière et chaleureuse, il développera pour elle un sentiment d’attachement profond. Un sentiment que je n’hésite pas à qualifier de filial. C’est d’ailleurs pour ça que dans bien des pays et peuples on parle de « Terre-mère ». (Mère Russie, Mère-Afrique etc…). Le patriotisme est le socle fondamental d’une nation, surtout dans l’adversité. Il l’est tant pour sa survie que pour sa grandeur. Sans le patriotisme, ainsi qu’un certain d’autres valeurs et vertus, un peuple, une nation ou une civilisation tombent simplement en déliquescence et s’évapore bien vite. De ce point de vue, je ne peux qu’être d’accord avec le tovarichsh Vladimir Vladimirovishch Poutine :

patriotisme

Evidemment,  le patriotisme est une valeur que j’aimerais voir fleurir et s’intensifier dans le cœur des jeunes africains que nous sommes. Qu’il soit aussi ardent que la passion que nous avons pour nos copains/copines et nos Iphones.

 

patriotisme (2)

 

Des patriotes

Abra Pokou, Allafin Atiba, Chékou Hamadou de Ségou, Fidel Castro, Gbéhanzin Ayidjerè, Heinrich Himmler, Ho chi-min, Joseph Staline, Leduc Tho, Mao Zedong, Opokou Waré, Patrice Lumumba, Ramessou II, Thomas Sankara, Toussaint Louverture, Vladimir « Bonaparte » Poutine, Vladimir Lénine, Yaa Asanteva reine-mère Ashanti etc…

Une des choses que ces illustres personnages (parmi tant d’autres), réunis dans ce groupe hétéroclite, ont en commun: Ils ou elles étaient ou sont des patriotes. Bien qu’étant passés par des moyens divers, souvent militaires et violents, ils ont tous œuvré pour ce qu’ils estimaient être « le plus grand bien » de leur peuple (2). L’amour de la patrie par un citoyen est une nécessité absolue, un besoin vital, surtout pour résister contre des prédations impérialistes et belliqueuses.

C’est pourquoi l’ennemi d’un peuple ou d’une nation n’aura de cesse d’y annihiler le patriotisme, e l’extraire au forceps. De ce point de vue, une bonne frange de la nouvelle génération, la mienne, est une véritable catastrophe, une merveille de déracinement. Savamment, tranquillement, subrepticement, on nous a instillé un certain mépris de l’Afrique « sauvage, barbare et attardée » pas assez entrée dans l’histoire, selon un certain inculte (1). C’est un poison qui fait son œuvre, et qui n’est pas rien dans bien des comportements à caractère pathologiques, comme la dépigmentation. Car cela participe de la même chienlit.

patriotisme (5)

C’est regrettable mais les esprits ont été pervertis et «dévalués » par le biais de la télévision, les médias de masses, le programme scolaire aliénant et suranné. Par les mêmes canaux, on nous a transmis un certain amour, une certaine idolâtrie béate pour l’Occident. Quand on conjugue ces deux lames de fond, on obtient en fin de course un matériel humain dépossédé de son âme, frelaté et mièvre. Le matériel de résistance est diminué face aux déferlantes culturelles et militaires actuelles. Rien à voir avec les fiers guerriers Tieddo du Walo ou un grand résistant comme Samory Touré ou Gbéhanzin.

patriotisme (2)
Samory Touré – Crédit: Wikipedia

 

Patriotisme et histoire.

patriotisme (4)

Le patriotisme est inhérent à l’histoire. C’est une évidence. Le patriotisme, l’amour de son peuple et de sa patrie, c’est avant tout l’amour de ses racines. L’amour (la vénération) pour les grands ancêtres du passé, les illustres personnages qui ont fait d’illustres choses.

patriotisme (3)

Tant que nous, africains, continueront à voir notre terre à travers le prisme déformant et méprisant qu’est le système actuel, nous serons toujours, même malgré nous, complexés face aux autres. Une large majorité d’entre nous poussés à baisser le regard devant l’héritage d’autrui, à nous mépriser nous-mêmes ainsi que notre nation. Et comment diable verser sang, sueur et larmes pour défendre un pays qu’intimement on méprise ?(3) C’est ça la quadrature du cercle.

Voilà comment on gagne une guerre sans se fatiguer : en conquérant et en détournant les esprits.

La renaissance d’un vrai sentiment de patriotisme dans toutes les nations d’Afrique passe immanquablement par la valorisation et le dépoussiérage de notre longue, grande et glorieuse histoire. Elle va du grand Narmer Menès à patrice Lumumba, en passant par Soundjata Keita et Abra Pokou. (Valium)

 

Patriotisme et Panafricanisme.

A l’heure des grands ensembles, des grands défis et des grands dangers, je rêve un patriotisme nouveau. Un patriotisme qui saura aller au-delà des limites aléatoires et fantaisistes définies par nos frontières respectives. Un patriotisme qui saura faire fi des chauvinismes de pacotille et se tourner vers la seule grande nation qui compte vraiment : l’Afrique. Le seul patriotisme qui compte, celui de Sankara, de Lumumba, de Boganda, (du grand) Marcus Garvey, de Kwame Nkrumah, de Nyéréré, de Mugabe, de Kadhafi : Le patriotisme panafricain.

Marcus Garvey 1924-08-05
Le grand Marcus Moshiah Garvey, Père du panafricanisme – Crédit: Wikipedia

J’arrête donc cette première partie sur ces deux citations :

« Alors parla le brave Horatius, le capitaine de la porte : “Tôt ou tard la mort arrive à tout homme sur la terre, et comment mourir mieux qu’en affrontant un danger terrible pour les cendres de ses pères et l’autel de ses dieux ? “ »

« Salut à toi, pays de nos aïeux […] que viennent les tyrans ton cœur soupire vers la liberté, vainquons ou mourrons, mais dans la dignité […] » Extrait de l’hymne national togolais, premier couplet.

 

Bien à vous

A.R.D-A.

 

(1): Pour autant que je sache, non seulement ce fameux discours de ce fameux président était non seulement particulièrement insultant mais surtout d’une rare st***dité.

(2): ce « plus grand bien » est évidemment discutable pour certains. Mais bon, que voulez vous? Il parrait que « l’enfer est pavé de bonnes intentions » et que « la fin justifie les moyens »

(3): Je rends d’ailleurs hommage au valeureux soldats du Cameroun.


08 Mars. Deux trois choses à vous dire, mesdames

Salutations, chères toutes et chers tous.

Alors, ce fameux 08 Mars, journée de la femme. D’abord, bonne célébration à toutes et à toutes : mères, aïeules, sœurs etc… Ceci étant précisé, il y a deux trois choses dont j’aimerais qu’on discute (ou se dispute, c’est selon) sur cette journée et sur le « féminisme » dans sa globalité. Comme plusieurs camarades, je m’en vais montrer quelques réticences et quelques bémols par rapport à cette journée (qui n’est pas une fête, on est d’accord)

Je viens du continent des grandes reines-mères Une chose aussi à préciser, je suis particulièrement agacé par ces dames, qui sont surement très gentilles et croient en ce qu’elles disent, qui viennent me donner des leçons de morale à moi, un africain, à plus forte raison un jeune Guin du golfe de guinée. Sous prétexte que je les martyriserais et les maintiendrait sous mon joug. Sérieusement, en Afrique, nous sommes le peuple des reines et des grandes dames, des reines et des héroines. Parlons de la vénérable et héroïque reine mère Ashanti Yaa ASANTEVA, de Kimpa vita, de  la reine Njinga, de la reine Tiyi, d’Hatchepsout, des candaces Amanisachétè et d’Amaniréna, des Minon du Danxomé. Alors arrêtez de venir m’em****der avec vos récriminations.  Nos soeurs devraient en prendre de la graine, s’inspirer de ces illustres personnges et pas Simone de Beauvoir.

La YAA Asantewa, légendaire femme au fusil Crédit: www.black-feelings.com
YAA Asantewa, légendaire femme-au-fusil, reine mère du royaume Ashanti
Crédit: www.black-feelings.com
Crédit: www.vuvamu.com
Crédit: www.vuvamu.com

Certes, il y a encore des injustices, mais pas que. Sur le plan de l’histoire longue, nous sommes certainement le peuple qui a eu le plus d’égards et de considérations pour les femmes. Je le dis haut et fort, et que cela soit su.

Hatchepsout, femme Pharaon - Crédit: antikforever.com
Hatchepsout, femme Pharaon
– Crédit: antikforever.com
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Les Axosi ou Minon (Amazones) du Danxomé – Wikipedia

Dans ma culture, ce sont les femmes qui font le commerce. Ce sont elles qui détiennent littéralement le pouvoir économique. Et je ne parle pas seulement du petit négoce, mais des grandes femmes d’affaire qui font du commerce international. Vous avez déjà entendu parler des Nana Benz non ? Alors il faudrait arrêter d’abuser. Parlons des femmes, oui parlons-en. Mais parlons de toutes les femmes. Et toutes les femmes, ça veut aussi dire ces très grandes dames citées plus haut. D’ailleurs, dans les associations, on donne presque automatiquement le pose de trésorière aux femmes. On y verra un sexisme ambigu, mais ce n’est pas rien, la trésorerie! J’ai bien plus de respect pour ce « féminisme » quand il s’affirme fermement, mais sans chichi et sans fard, sans hésiter à prendre ce qui lui revient de droit, plutôt que celui qui se complait dans une espèce de pleurnicherie culpabilisante sur fond de conflit eudipien non réglé.

Pour la femme ou contre « l’homme » ?

J’admets parfaitement qu’en l’état actuel des choses il y a de profondes injustices sur le plan économico-social et culturel. Mais je suis assez excédé et agacé par toutes ces femmes qui  dévient lentement de leur ligne directrice, et passent de la promotion de la femme à la lutte « contre » l’homme. Même si les deux peuvent être contingents dans une certaine mesure, il ne faudrait pas confondre les choses. Non mais, comment ça lutter contre le mâle, ou carrément le « mal » dans l’esprit de certaines. Sérieusement, vous connaissez une seule espèce du monde vivant où les deux genres se font la guerre? Non, personne ne connait une telle espèce…tout bonnement parce qu’elle s’est probablement éteinte quelques années après son apparition. Nous sommes appelés à être complémentaires, à œuvrer ensemble, main dans la main, côte à côte, pour bâtir un demain plus radieux. Pas à nous tirer dans les pattes. D’autant que dans un conflit frontal et direct, les femmes seront immanquablement perdantes et on fera un grand bond en arrière. C’est tragique. D’ailleurs, bien souvent les hommes sont plus féministes que beaucoup de femmes. Il y  a de plus en plus d’offres d’emploi où on précise clairement « candidatures féminines encouragées ». Dans le domaine tertiaire, un employeur (citadin  et moderne) sera bien plus tenté d’offrir le boulot à une femme qu’à un homme, juste parce que « parité genre » et consort. On peut bien évidemment aborder la question du harcèlement sexuel, mais ce pas le sujet ici .  Dans les milieux urbains, on donne carrément l’égalité, il n’y a qu’à saisir au vol. Et quand ça coince, souvenez vous que les choses changent à leur rythme, personne ne pourra jamais dansé avant la musique sans danser faux.

Promotion de la femme, Bêtises et amgiguité

Cela tient en peu de mots:

Un homme une femme sont complémentaires et égaux en termes de droits. Mais une femme ça ne sera jamais un homme et un homme ça ne sera jamais une femme. Une femme moyenne ne peut pas fournir la même qualité d’effort qu’un homme pour des tâches physiques sur la longue durée…et un homme ça ne peut pas créer la vie, sinon par procuration.

 

Promotion de la femme et régression sociale

Dans cette affaire, on fait souvent comme si la femme était une espèce sui generis qui était tombée du ciel depuis les années quarante. Comme si elle n’était pas là depuis le début, quand tout ce bordel de société se formait.

Une bonne frange du « féminisme » est très douteuse et fumeuse, notamment sur le plan de l’économico-social et de la lutte des classes. Les femmes « bourgeoises » rêvent de travailler « comme les hommes », avec des boulots intéressants, alors que pour la femme du prolétariat et du sous-prolétariat, le travail n’est pas un luxe, c’est une corvée, une nécessité de survie. Je préconise de ne pas passer le temps à se m***urber l’esprit sur des abstractions comme « l’égalité » ou « la liberté » et mon c*l sur la commode. Observons plutôt les effets pratiques des phénomènes, notamment là où leur action est la plus avancée, comme en Europe : Partout où le combat de la femme progresse, sa condition économico-sociale régresse. Car le droit au travail devient très vite une obligation au travail. C’est le grand patronat et la banque sui se frotte les mains. Il faudra sérieusement et humblement réfléchir à la question. Se centrer sur le sérieux, c’est-à-dire : l’économico-social, l’économico-social, l’économico-social.

Promotion de la femme – Vernis et grattage dans le sens du poil

Le véritable « féminisme » semble avoir été biaisé et détourné de son but à coup de glissements sémantiques successifs. Il est devenu un vernis qui cache de sévères et implacables inégalités, structurelles celles-là, et qui ne sont pas prêtes de changer (car ceux qui les portent ne sont pas prêts à les abolir).  Ce serait bien de considérer aussi la partie immergée de l’Iceberg et de prendre le taureau par les cornes.

Féminisme et amnésie

Il y a surtout une amnésie ou une certaine mauvaise foi qui touche la promotion de la femme dans son ensemble, notamment en Afrique. Alloooo mesdames, nous sommes sur le continent où une femme peut se faire répudier à demi parce qu’elle ne donne que des filles (ou à tout le moins se faire mépriser et chahuter par sa belle-famille… et par les TANTES et BELLES SOEURS surtout! Oui.) Il y a un immense terreau culturel, historique et épistémologique sur lequel reposent toutes les inégalités en place aujourd’hui. Ces inégalités existent, il n’est pas question de les nier.

Féminisme de papa ?

Il est assez ironique que, bien souvent, les femmes semblent ne pas pouvoir sortir de l’orbite des hommes. « Il faut leur montrer », « il faut leur démontrer », « il faut leur prouver ». Non mais, faites votre truc tranquille, sans stress et sans rush. Certaines femmes patrons ou grands-patrons se sentent obligées d’en faire trop, de sur-jouer, et de surcompenser. Il n’en est rien, il ne devrait y avoir de complexe. Surtout en Afrique, terre des grandes reines et de battantes, je le précise.

Le 08 Mars seulement…quel manque d’ambition !

Crédit: forum.femmeactuelle.fr
Crédit: forum.femmeactuelle.fr

Toutes Les femmes devraient être à la journée de la femme tous les jours et s’impliquer plus. Je parle bien évidemment de celles qui peuvent se le permettre, pas celle qui sont occupées à trimer pour survivre, littéralement. Je vous assure, dans le contexte urbain « moderne et branché », il y a énormément de place pour vous. On vous veut, on vous cherche, on vous recherche…mais vous n’êtes pas là. Trop occupée à faire sécher le vernis de vos ongles ou à  vous plaindre de votre ex. Récemment j’étais à un café poétique organisé dans le cadre du festival FILBLEU à Lomé. Dans l’assistance, j’ai été attristé de constater qu’il n’y avait que deux femmes pour à peu près une trentaine de personnes. Bon, on me dira que c’est la poésie, la littérature, et que ça n’a guère d’intérêt. Mais même pour des choses plus « dures » et « sérieuses », les femmes sont souvent aux abonnées absentes. Il y a même des assemblées générales de club de promotion de la femme où les hommes sont plus nombreux que les femmes. Non mais, on va où là? Elles sont où, ces superwomen qui nous ont élevé? Car il y en a ! Parfois je me demande si certaines  femmes ont les mêmes renseignements que nous par rapport à ce sujet ? Quel est leur projet exact pour mieux s’affirmer, avoir la dernière robe à la mode?

08 mars (12)

De la journée du 08 mars en elle-même, et de ce qu’elle sous-tend.

Pour finir, prenons les choses d’un point du vue philosophique (je sais, je suis incorrigible, mais ça sera très bref): Il y a ce qu’on appelle l’altérité, c’est à dire le fait d’être « autre », ou le rapport à l’autre. La journée de la femme ne semble donc se définir et prendre de sens que par rapport à l’homme. Tout comme la gauche se définit par rapport à la droite, le haut par rapport au bas etc… Puisqu’il n’y a pas de journée de l’homme, cette journée semble être un aveu: Celui que nous vivons dans un monde (encore et toujours) centré sur l’homme, sur le mâle. Régi, dominé et organisé par ce dernier. Et c’est vrai, je ne sais pas si ça ne changera jamais, mais pour l’heure c’est ce qui est. La question c’est, est ce que nos mère, nos sœurs valident pleinement cet état de chose ou pas ? Car on aura beau vous donner l’égalité abstraite, si vous ressentez le besoin de célébrer une journée pour vous, c’est que vous n’êtes pas encore sortie de l’auberge. Car, comme répondait Soyinka à Césaire:

« Le tigre ne crie pas sa tigritude, il bondit sur sa proie et la dévore ». W.S.

Tout ceci étant dit, nous sommes de tout coeur avec vous, pour le meilleur et le meilleur. Pour paraphraser Charles Baudelaire, je dirais que vous êtes « notre tout et notre moitié ».

Bien à vous.

A.R.D-A.