renaudoss

Ode au matin

Matin…
Le ciel chante à nos oreilles ses premières odes à la joie
Nous brassons nos solitudes comme des liasses de billets
Une beauté s’en vient sur la pointe des pieds

Nous voler un sourire coupable
A l’approche du soleil
La vie recommence, c’est reparti pour un tour !

 

A.R. D-A.


Arrêtez-moi tous ces feuilletons !

Salutations chères toutes et chers tous

Comme vous le savez sûrement, les feuilletons ont progressivement envahi, voire dominé, le paysage audiovisuel de nos pays. Au jour d’aujourd’hui (j’ai toujours bien aimé cette étrange expression) chaque chaîne de télé a son (ses !) feuilleton (s). Tout est bon pour remplir les plages horaires et gaver la ménagère je sais bien que je vais me peux me faire lyncher pour ce cliché. D’autant qu’il y a de la demande ! Une compatriote le disait récemment, le Togolais va passer beaucoup de temps affalé sur son canapé à regarder des feuilletons durant ces vacances.

Les feuilletons et les femmes

Feuilletons 1Les feuilletons passionnent surtout les femmes le lynchage, oui je sais : de la jeunette rêveuse à la quinquagénaire désabusée, vous les trouverez toutes buvant religieusement chaque minute de leur show. Tressaillant au moindre rebondissement, vociférant ou se plaignant à chaque souffrance de l’héroïne, ou encore applaudissant et gloussant au moindre baiser fougueux (Et pour ça, y’en a, des baisers! Eh dieux, y’en a. Genre, c’est carrément une discipline olympique)… Bien sûr,  de plus en plus d’hommes s’adonnent aussi à ce péché mignon. « Beaucoup beaucoup même », comme on dit chez moi.

#Y’en_a_marre

N’en déplaise à un certain Carioca et ses héroïnes (de moins en moins gentilles d’ailleurs), je suis de plus en plus agacé par ces feuilletons. Que dis-je excédé, ulcéré, outré ! (éviscéré, catastrophé, #dépetitpotdebeurrisé).  Sérieux, trop c’est trop.  Feuilletons par-ci, feuilletons par-là… Sortez, regardez par la fenêtre, vivez.  Orh !

Vive le « feuillethon » (Marathon + feuilleton)

feuilletons 2
Un panel de feuilletons – Crédit: seneweb.com

Chaque soir n’est donc plus qu’un feuillethon. Oui, avant il y avait juste un ou deux feuilletons par semaine,  mais ça c’était avant. A présent, le programme est chargé et surchargé, net et précis, méticuleux et organisé ; comme l’agenda d’un PDG,  sauf que la seule entreprise à faire fonctionner, c’est la téloche ! Avec plusieurs feuilletons sur plusieurs chaines chaque jour, il faut être un agrégé en zapping pour suivre le rythme. Exemple d’agenda type :

– 18 h 30-19 h : série sur AAA TV,

– 19 h-19 h 35 :  feuilleton sur BBB TV*

– 19 h 35 – 19 h 45 : Pause de 10 minutes, pour les pubs ( Zapper sur CCC TV pour suivre une dizaine de minutes de l’autre feuilleton qui passe à la même heure. Étant entendu qu’on se rattrapera là-dessus le lendemain à 13 h, pendant la redif.)

– Revenir sur le feuilleton principal

– 19  h 40 :  feuilleton 3 sur chaîne DDD TV

– 20 h : rien d’intéressant, entracte (ben oui, ce n’est que le Journal télévisé. Le « vieux » monopolise malheureusement la commande pour quelques minutes)

– 20 h 30 : les choses sérieuses recommencent,  Re-feuilleton sur AAA TV  (Le vieux a vu son truc de vieux à propos de la Grèce, de Habré et de géopolitique)

– 21 h : bouquet final, feuilletons n°5 (durée : une heure)

Les feuilletons et les élèves :

Avec les vacances, c’est un peu moins grave. Mais il faut voir ce que c’est pendant les périodes de cours. (Xanax) Le feuillethon crée une véritable sitzkrieg : cahiers d’un côté, élèves de l’autre, feuilletons creusant des tranchées minées entre ces deux camps « ennemis ».

Donc non, ces trucs à l’eau de rose là… Non. Très peu pour moi.


Et s’en vient ma digression…

De l’image et des masses

L’impact que ces feuilletons ont sur « les masses » est très important, massif même, c’est le cas de le dire. Après un feuilleton hindi, j’ai vu des gens nommer leur enfant « Vaïdehi ». Ceci n’est que dans la suite des « Marimar », « Maribelle », « Miléna ». J’en passe et des meilleurs.  C’est dire !

Je crois ce que je vois, je fais ce que je vois,je suis ce que je vois

A mon humble avis, ces feuilletons ne sont pas « juste » des feuilletons, mais l’imposition massive d’un système de société qui n’est pas le nôtre (et qui ne devrait jamais l’être, faut voir ce que c’est). L’image est essentielle, on n’aura de cesse de le dire. Alors quelle image projetons-nous à nous-mêmes A LONGUEUR DE JOURNÉE ?Je veux bien, comme dirait Césaire, que nous soyons un peu « poreux à tous les souffles du monde, lit sans drain de toutes les eaux du monde ». Mais trop c’est trop.

Entendons-nous bien : Il ne s’agit pas de taper sur ces productions juste comme ça, mais je crois qu’il serait grand temps que nous prenions garde à ce que nous ingurgitons goulûment.  Plus important encore, il est grand temps que nous produisions plus, beaucoup plus. Image de soi, par soi et pour soi. Je doute fort que la Chine, la Russie ou les Etats-Unis regardent beaucoup de films maliens…

De ce point de vue, mon pays le Togo a un demi-siècle de retard,  je le crains. C’est encore une autre histoire, une sombre histoire dont je ne saurais traiter dans les limites de cette esquisse. Il faudrait un autre billet pour ça. (https://www.tgigreek.com/)

Au-delà de la critique pour la critique, cette surabondance et cette sur-représentativité des feuilletons n’est que l’expression de notre faiblesse. Notre incapacité en tant que peuple et en tant que machine culturelle à générer nos propres réalités.

Au-delà du chauvinisme panafricain, ce n’est pas du tout sain d’être les éternels consommateurs de ces productions sans un minimum d’esprit critique, de filtres et de tri. J’en veux pour exemple la permanente glorification du modèle de société consumériste, jouissive et permissive des Amériques latines, dans la droite lignée de l’Occident (sauf pour les Noirs et les pauvres, évidemment). Cette image est loin d’être la réalité objective du milieu, mais comment le savoir ?

Feuilletons et image des « Noirs »

Pour info, il y a plus de cent millions de « Noirs » au Brésil, pays comptant le plus de « Noirs » après le Nigeria.  Pourtant, ce n’est pas l’impression qu’on a en regardant leurs feuilletons, ou bien ? Quoi ? Nous aurait-on menti ? Grands dieux !

Évidemment, il y aurait encore beaucoup à dire ou redire sur ce sujet mais bon. Arrêtons-nous là.  Bref, ras-le-bol de ces feuilletons.

Bien à vous, A.R.D-A.


L’Afrique, ses « ethnies » et ses Etats-nations

Salutations chers tous,

Notre récente plongée à marche faurcée dans les eaux bourbeuses de la politique me pousse à aborder la question des ethnies, des nations et des Etats-nations.
Durant les nombreux débats de bureau et de bistrot qui ont alimenté la campagne présidentielle, un constat flagrant s’est imposé. Que dis-je, je me le suis pris dans les dents comme un violent coup de massue : en lieu et place de convictions politiques et de vote pour le plus grand bien, beaucoup sont encore sur le logiciel du « frère », du « fils du pays » ou encore du « camarade de clan ». (1)

La chose choque et déçoit de prime abord, surtout quand on s’est abreuvé pendant longtemps à la fontaine de l’universalisme droitdelhommiste et du « débat d’idée » à l’américaine.  Mais, et si on était allé trop vite en besogne? Car il faut in fine reconnaître et respecter les faits et le concret (L’éternel retour du concret de Lénine.) Et le concret, c’est que les pays africains ne sont pas des nations.)

Les États africains ne sont pas des nations

Il faut bien le comprendre, l’immense majorité des pays africains (Afrique subsaharienne notamment), en l’état actuel des choses, ne sont pas des nations (du moins, pas encore) et ne l’ont jamais été. Vous n’êtes pas obligés de me croire sur parole, mais voici ce que c’est qu’une nation, selon le Grand Robert

Nation : groupe* humain, généralement assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre en commun.  Assemblage, association, nationalité, peuple. — REM. En ce sens, il convient de distinguer la nation et l’État. «  L’idée de Nation implique une idée de spontanéité; celle d’État, une idée d’organisation qui peut être plus ou moins artificielle. Une nation peut survivre, même lorsqu’elle est partagée entre plusieurs États; et un État peut comprendre plusieurs nations  » (Cuvillier, Précis de philosophie, t. II, p. 395). |

Tout y est dit, je crois… j’insiste sur le «plus ou moins artificielle». (Quant aux différences et nuances entre les termes « État« , « pays« , « patrie« , « ethnie » et « nation« … ça vaut le détour.) D’ailleurs, je préfère substituer au terme « ethnie », celui de « nation », bien plus juste. La naissance de ces différentes nations ainsi que les relations bonnes ou mitigées qu’elles entretiennent entre elles au cours de l’histoire sont les conséquences de plusieurs facteurs comme le ma’afa (2), l’évolution des royaumes et empires, les différentes migrations, etc.

Ce ne sont pas des nations, mais des puzzles de nations (ethnies), il est fondamental de partir de ce constat : c’est le terreau malsain sur lequel ont poussé certains des maux qu’on connaît (tribalisme, ethnocentrisme, népotisme, régionalisme, etc.). Les phrases du genre « […] Mais pourtant, nous sommes tous Togolais… Ivoiriens, Maliens… » laissent donc songeurs sur ce que chacun entend par « Togolais », « Ivoirien », « Malien ».

Votre nationalité, que veut-elle dire pour vous ?

Bien évidemment, l’ethnique n’explique pas tout, loin de là. Mais c’est souvent un fil conducteur (souvent, pas toujours. J’insiste là-dessus!).

 

Ces « États-nations » : Des faux nés de l’histoire et des bombes à retardement.

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CEDEAO – « ECOWAS members ». Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.

Je vais parler de l’Afrique occidentale que je connais un tout petit peu mieux. La répartition des nations était relativement homogène suivant les axes est-ouest (parallèlement à la côte). Ce qui veut dire que suivant l’axe sud-nord (ou nord-sud), on avait « différentes » familles de nations-apparentées qui se superposaient (Des bandes ou des rameaux civilisationnels et culturels, si vous préférez).

Quand les colons sont venus, ils ont eu l’idée brillante de découper les pays, non pas suivant les axes est-ouest (ce qui aurait facilité la cohabitation et préservé le tissu social, voire l’éthos des peuples, mais n’aurait eu aucun sens du point de vue de leurs intérêts), mais plutôt suivant l’axe nord-sud, perpendiculairement au Golfe. In fine, on a donc X pays qui reproduisent les mêmes clivages « nationaux » (« ethniques ») ainsi que d’inutiles rivalités Nord-Sud (Le cas récent et dramatique étant la Côte d’Ivoire… et peut-être le Nigeria un de ces jours, si rien n’est fait).

ethnies (5)
Carte approximative des ethnies en Afrique de l’Ouest – Google Image

Ces antagonismes régionalistes même s’ils ne sont qu’à l’état de sentiment diffus, sont des faiblesses que des puissances et des sphères d’influence malveillantes, intérieures comme extérieures, ne se privent pas d’instrumentaliser dans le but d’asseoir ou de perpétuer une domination. Divide ut regnes (3), on n’a encore rien inventé de mieux. D’ailleurs, certains (beaucoup de) politiciens peu scrupuleux ne s’en privent pas pour gagner des voix.

Voter ethnique – Manque d’éducation politique ou poids du Réel et de l’Histoire?

Les « ethnies » sont des identités bien plus pertinentes et authentiques que les « nationalités » (au sens moderne du terme). En effet, si les notions de « Togolais », de « Camerounais » ou de « Malien » n’existent que depuis soixante ans (à peine deux générations, rendez-vous compte que nos grands-parents ont vu la naissance de ces entités politiques que sont les pays actuels), les notions de Béti, de Sérère, de Peuhl, de Sénoufo, d’Ewé, de Fon, de « Yoruba » ou de Kabyè existent depuis bien plus longtemps, plusieurs siècles même (Bien plus d’un millénaire pour certaines antiques nations comme les Yoruba).

LanguesAfrique

Il est incroyablement naïf et arrogant de notre part de croire que ces choses vont changer du jour au lendemain. On ne crée pas une identité d’un claquement de doigts sous prétexte qu’on a un drapeau, une frontière et une devise. Dans le meilleur des cas, c’est une identité en carton-pâte dans tous les sens du terme : c’est-à-dire qu’elle est molle à ses débuts, et ne durcit qu’avec l’effet du temps. Un temps qui se compte en générations, et non en mois et en années !).

Bien sûr, il existe chez l’humain un naturel réflexe à s’assimiler à cette collectivité plus grande qu’est la « patrie », ou plutôt l’Etat-nation, mais à bien des égards l’ethnique est encore surdéterminant, à juste titre. C’est vrai surtout pour la très grande majorité de notre population rurale de l’hinterland. L’actuelle et nébuleuse idée d’Etat-nation n’est que le fruit d’une éducation somme toute tardive et secondaire (car scolaire).

Prendre l’ethnique pour un simple dysfonctionnement de la mécanique humaine, comme un simple grain de sable dans la machinerie sociale est une aberration épistémologique et historique. D’ailleurs, si une même erreur se reproduit 99 fois sur 100, il faut peut-être commencer à en tenir compte plus sérieusement.

Quand elles ne jouent pas malhonnêtement sur ces clivages, l’essentiel des élites africaines (si tant est qu’elles existent) se fourvoie dangereusement sur ce sujet. Sans doute à cause de la bouillie droitdelhommiste et universaliste post-révolution française qu’on nous donne à l’école coloniale.

Pour ne pas conclure

Nos pays, sous leur forme actuelle, sont des « trucs » géopolitiques, de véritables aberrations de l’Histoire. Hormis les caprices de la colonisation, il n’y a aucun déterminisme géographique et démographique sérieux qui explique leur forme et leur structuration. Évidemment, notre propre paresse et notre dormance y sont pour beaucoup. Certes, on nous a refourgué le bébé après les indépendances, mais c’est NOUS qui avons commis des d’erreurs par la suite:

  • Ne pas changer carrément les frontières et les remodeler suivant le strict bon sens, notamment en évitant de se coltiner des micro-Etats (en trop grand nombre). Des micro-Etats très faibles géopolitiquement, et pour cause. Rendez-vous compte qu’à côté d’un pays comme la Chine (9 598 095 km2), la Russie (17 098 242 km2), le Brésil (8 515 767 km2) ou encore les Etats-Unis (9 629 091 km2), le Togo mon « pays » fait (5 7000 km²), ses voisins le Ghana, Bénin et Burkina Faso font respectivement 238 533 km2, 114 763 km2 et 272 967 km2. C’est mignon…
  • Nous adonner au système de la démocratie (démocratie électoralo-parlementariste à l’occidentale, type un homme, une voix) sans avoir au préalable adapté ce barbarisme à nos réalités sociopolitiques. Et là, même la sacro-sainte alternance prend des allures de chaises musicales entre « ethnies » ou entre régions (cas du Nigeria). En l’état actuel des choses le un homme, une voix a ses limites. Si les gens ne sont pas hyper motivés, par exemple pour bouter dehors un pouvoir vampire et parasite qui s’éternise, ou pour s’unir face à une menace terroriste type Boko Haram, eh bien ils retournent tranquillement à leur bon vieux vote ethniquel’éternel retour du concret.

Que l’ethnique nous déplaise est une chose, qu’il ne soit pas opérant en est une autre.

  • Ne pas  intégrer nos pays dans des ensembles plus grands et plus cohésifs comme des intégrations régionales fortes… ou mieux encore, comme un État fédéral panafricain qui neutraliserait très efficacement les tensions ethniques en les diluant dans un échiquier beaucoup plus grand. En plus de nous offrir la taille critique nécessaire pour peser très très très significativement sur la scène géopolitique mondiale.

 

Un sujet grave quoique subtil et délicat, on n’a pas fini d’en parler…

Bien à vous

A.R.D-A.

 


(1) Entendons-nous bien, je ne dis pas que c’est ce qui a permis la réélection de Miabé’Faure, garant d’un certain pouvoir quinquagénaire, loin de là. Je dirais même que les gens étaient motivés pour un peu changement.

(2) Ma’afa [Grand Désastre : terme désignant les cinq siècles d’esclavage] car elle a poussé les gens à se réunir en groupes très soudés, et à cultiver la peur et la méfiance de l’autre pour survivre.

(3) « diviser pour mieux régner ».

 


De la notion de « race » et d’africanité

Salutations chères toutes et chers tous!

Cet article m’est inspiré par une passionnante et plaisante discussion que seules des rencontres au sommet comme notre #TweetUp peuvent procurer.  Le thème du jour était « Africanité et réseaux sociaux« .

En ces débuts de 21e siècle, époque de mondialisation et de globalisation, de l’internet et de l’intensification des échanges, peu de questions sont aussi épineuses et périlleuses (et par conséquent attrayantes) que celle de la « race »… Eh bien parlons-en.

On va gagner du temps : Oui les « races » existent. Ou du moins ce que l’on essaie de définir par là.

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Les « races »,  grosso modo… C’est très à l’emporte-pièce.

« Ma négritude n’est pas une pierre, sa surdité ruée contre la clameur du jour

Ma négritude n’est pas une taie d’eau morte sur l’œil mort de la terre

Ma négritude n’est ni une tour ni une cathédrale » (Aimé Césaire – Cahier d’un retour au pays natal)

 

De la pauvreté et de l’étrangeté du mot « race »

Déjà, le mot « race » n’existe pas dans ma langue maternelle. Il en est de même pour l’ensemble de critères par lesquels elle se définit, la couleur notamment. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, le mot pour désigner « le Blanc » dans ma langue n’a rien à voir avec la couleur.

Tout ceci pour dire que le concept de « race », au sens où nous l’entendons aujourd’hui, est une fabrication occidentale. Et c’est un énorme fourre-tout pas toujours aisé à circonscrire. Peut-être faudra-t-il le changer un de ces jours, et lui substituer quelque chose de plus approprié. Le mot « race » peut s’appliquer à des « variétés biologiques » (Blanc, Noir, Jaune, etc.) tout comme à des « ethnies » (Celtes, Nordiques, Germains, Ouest-Africain, Lobi [Pygmées])  sans problème. C’est vous dire.

De la notion de « race » pure

Il n’existe pas de « race » pure à proprement parler. Il n’en a jamais vraiment existé. L’histoire du monde est très surprenante de ce point de vue, très surprenante. Quand on sait que les premiers habitants de la péninsule ibérique ou d’autres régions d’Europe occidentale étaient plutôt mélaniques, ou encore que les sept cents ans d’occupation maure en Espagne ont laissé des traces dans le génotype…

Complexions - Crédit: www.readthis.tk
Complexions – Crédit: www.readthis.tk

On peut cependant parler d’« homogénéité » et de « stabilité ». En faisant table rase des nuances, définir un « archétype » : « Africain type », « Asiatique type ». S’en tenir à des critères généraux, les plus déterminants. Car il y a une grande variété de phénotypes au sein d’une même « race ». La « race » africaine notamment.

L’amour des siens n’est pas la haine des autres

Que nous soyons plus enclins à aimer nos semblables n’exclut en rien d’aimer « l’autre », frère et sœur d’humanité. De ce point de vue, le « racisme » est une notion à définir (tout comme la « race »). Car il y un certain racisme qui est universel. Je suis de ceux qui considèrent que, dans leur mécanique globale et au-delà de leur épiderme, les humains sont les mêmes partout sur la planète. Ce sont les systèmes de valeur transmis par l’éducation (l’imprégnation sociale) et le milieu de vie qui font le reste.

Aimé Césaire
Aimé Césaire

« … mon cœur, préservez-moi de toute haine
ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je
n’ai que haine
car pour me cantonner en cette unique race
vous savez pourtant mon amour tyrannique
vous savez que ce n’est point par haine des autres races
que je m’exige bêcheur de cette unique race » (Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal)

 

De la « Race » et de l’image de soi

Tête colossale - Civilisation Olmèque
Tête colossale – Civilisation olmèque

Un peuple normalement constitué et en pleine possession de lui-même (de ses ressources mentales et spirituelles surtout) fait graviter son monde autour de lui. Il crée une pyramide du bien dont il est le sommet (ou le centre). Le partage avec les « autres », frères d’humanité, vient en second lieu. Pour exemple, la tendance des peuples à représenter Dieu à leur image, Jésus étant un cas d’école. C’est normal, c’est humain.

Les Chinois appelaient leur pays l’Empire du Milieu, alors qu’ils ne sont pas plus au centre de la Terre que les Papous ou les Andalous.

Ainsi, toute représentation de la réalité, toute mode qui tend vers une négation, une dégradation ou une altération ‘excessive’ de soi-même et de son image (de son soi-par-excellence) est délétère et néfaste:

Pour le dire de manière grossière, au point de vue de l’image, tout ce qui pousse le soi (1) à se transformer en non-soi est anti-soi.

Il est naturel qu’un groupe humain valorise les caractères [extérieurs] qui sont les siens, plutôt que ceux de lointains voisins. Une tendance contraire découle d’un caprice de l’histoire ou d’un dysfonctionnement:

Les nations dites « blanches », par exemple, ne se sont jamais évertuées à obtenir par mille procédés des cheveux crépus…

Art réaliste - civilisation yoruba
Art réaliste – civilisation yoruba

Un certain processus d’aliénation (2), lent et long, subtil ou brutal, explique le pourquoi du comment de phénomènes tels que le décapage, le diktat du défrisage et des greffes de cheveux de cadavres (pour faire « plus blanche »?). Mais bon, comme le dit si bien l’autre, ce n’est pas vraiment la mèche le problème. Ce sont les causes profondes et les motivations qui gênent.

De la « race » et de l’essence.

Je le dis haut et fort, il n’y a pas de métaphysique du « Noir » ou du « Blanc » ou du « Jaune » (ces notions chromiques sont d’ailleurs très pauvres et réductrices). Les systèmes de valeur ne se transmettent pas par le sang. Parler donc d’une « race » ou d’un peuple de manière essentialiste, en tant qu’absolu atemporel et figé, sans tenir compte du milieu et de l’imprégnation historico-sociale est une erreur (Erreur étant un euphémisme. On se rappelle les délires racialistes d’un certain Adolf). De ce point de vue, la notion d’Africain ou d’africanité peut devenir épineuse (par exemple, aimer Beethoven rend-il moins africain?).

Du peuple et de la culture : Peuple et civilisation

Encore une fois, la connaissance ne se transmet pas par le sang. Cela dit, les cultures sont portées par des peuples. Les civilisations millénaires yoruba, égypto-nubienne, romaine ou encore chinoise ne se sont pas formées « dans le vide ».

Même si philosophiquement, c’est très séduisant d’imaginer un « ensemble d’idées» automotrices qui ne feraient qu’habiter des corps et des peuples comme on copie des données sur une clé USB, il est malgré tout assez difficile de découpler l’éthos d’un peuple de ce peuple même.

Un peuple génère la machinerie conceptuelle et civilisationnelle qui lui permet de survivre, de prospérer et d’évoluer dans son environnement (une fois que les questions de survie sont réglées, elle s’acharne à tendre vers l’universel). Ce sont des peuples qui créent des civilisations et non l’inverse. La civilisation formate et définit le peuple sur la durée, certes, mais jamais en premier lieu.

L’idée de transposer à souhait l’Esprit (habitudes, culture, mode de vie et visions du monde) d’un peuple à un autre, d’une aire géographique à une autre, pour autant qu’elle est très intéressante, peut être dangereuse. Si ce n’est pas par sa radicale impossibilité sur le long terme, au moins par les bouleversements graves que cela suppose. J’en veux pour exemple le culte de la peau « blanche » chez beaucoup d’Africains, héritage de 500 ans sous domination, et les désastres du décapage ( habitude qui est littéralement une auto-destruction) ou toute l’ambiguïté du défrisage. Fort heureusement, le Nappy prend de l’ampleur, on verra bien ce que ça donnera.

« Races » et métissage

La rencontre individuelle entre deux êtres et leur union ne pose pas du tout de problème. Je n’oserais aucune façon la critiquer. Ceci étant, le métissage de masse n’est pas forcément un idéal. Globalement il n’en ressort pas beaucoup de bien, un pays comme le Brésil en est un bel ( ?) exemple.

Le concert des nations

L’humanité est une très belle mosaïque. Par sa diversité, elle transpire « le Beau, le Bien et le Vrai ».

A l’ère des grands échanges et de la mondialisation, il y a deux façons d’envisager l’avenir : un monde multipolaire avec des peuples solidement enracinés sur leurs traditions et leur patrimoine, qui embrassent sainement la modernité et échangent entre eux… ou alors une grande bouillie mondialiste (informe, délétère et babélienne, selon moi). Ce sera la « MacDonaldisation » du monde, en gros.

Vous l’aurez compris, mon choix se porte sur la première option : « Le Concert des nations ».


que ce que je veux
c’est pour la faim universelle
pour la soif universelle
la sommer libre enfin
de produire de son intimité close
la succulence des fruits.

(Aimé Césaire – Cahier d’un retour au pays natal)

 


(1) « soi » au sens « intégral» du terme

(2) Sauf cas particuliers et exceptions, car il y en a.


Quelques grands esprits que nous ne connaissons pas forcément (3)

Salutations, chères toutes et chers tous.

Nous en arrivons donc au dernier volet de notre série d’articles consacrée à quelques grands esprits qui ont traversé l’histoire. Bouclons donc la boucle (Ici, partie 1 et partie 2). Écrire ces lignes me procure un inqualifiable plaisir.

No. 7. Al-Djazari

Al Jazari
Al-Djazari (Abu al-‘Iz Ibn Isma’il ibn al-Razal-Djazari)

Abū al-‘Iz Ibn Ismā’īl ibn al-Razāz al-Djazari (1136-1206) (arabe: أَبُو اَلْعِزِ بْنُ إسْماعِيلِ بْنُ الرِّزاز الجزري ) est un grand érudit ingénieur, inventeur et astronome arabe. Il appartient à cette brillante civilisation que l’on nomme la civilisation musulmane ou islamique (perso-berbéro-andalouse); civilisation très brillante , probablement plus brillante que la civilisation grecque, et de loin. (Wikipedia)

Malgré ses nombreuses et importantes œuvres, il est assez peu connu. Son chef-d’œuvre majeur est le livre de la connaissance des procédés mécaniques (Kitab fi ma‘rifat al-hiyal al-handasiyya).

Grands esprits (25)
La roue de Sindi – permettant de convertir l’énergie circulaire en énergie linéaire, précurseur des automates

C’est une immense savant et inventeur. Son impact sur le monde moderne, notamment la révolution industrielle du XIXe, est colossal. Au rang de ses innovations techniques nous avons : les pompes hydrauliques, la machine hydraulique automatique, les machines automatiques (en plein « moyen-âge », je ne sais pas si vous réalisez), l’un des premiers « ordinateurs » du monde, un calculateur analogique, les humanoïdes mécaniques programmables (précurseurs de l’automate et du robot).

Comme dit plus haut, les travaux d’Al-Djazari sont à la base de la locomotive ( !!!) notamment par l’invention de la pompe aspirante à double effet automatique Franchement, il fallait le faire.

L'horloge de l'éléphant - Crédit d'image: https://www.youtube.com/watch?v=879kqbx9rqc
L’horloge de l’éléphant – Crédit d’image : https://www.youtube.com/watch?v=879kqbx9rqc

Cependant, sa plus célèbre invention est sans doute la légendaire horloge de l’éléphant, une « machine à dire l’heure », qui constitue la parfaite synthèse des connaissances en génie mécanique de toutes les civilisations connues de son temps: égyptienne, grecque, arabe, indienne, chinoise, etc.

Bref, Al-Djazari est un bel exemple de l’extraordinaire génie humain qui a marqué la civilisation islamique, injustement méconnue, à l’image d’autres grands auteurs tels Ibn Batouta (historien et explorateur), Alhacen (savant, physicien, inventeur de la chambre noire, précurseur de la caméra), Ibn Firnas (Pionnier dans le domaine de l’aviation), Ibn Khaldoun (philosophe, père des sciences humaines), Ibn Sinna ( Avicennne, un autre père de la médecine), Abu al-Qasim al-Zahrawi (Père de la chirurgie moderne).

 

No 8: Mendeleïev

Crédit: Wikipedia
Mendeleiev – Crédit: Wikipedia

Mais si, vous connaissez Mendeleïev. C’est le monsieur avec son incontournable tableau. Le tableau de classification périodique. (xanax online)

 » Dmitri Ivanovitch Mendeleïev (en russe : Дми́трий Ива́нович Менделе́ев), né le 8 février (27 janvier) 1834 à Tobolsk et mort le 2 février (20 janvier) 1907 à Saint-Pétersbourg, est un chimiste russe. Il est principalement connu pour son travail sur la classification périodique des éléments publiée en 1869 et également appelé « tableau de Mendeleïev ». Il déclara que les éléments chimiques pouvaient être arrangés selon un modèle qui permettait de prévoir les propriétés des éléments encore non découverts« . (Wikipedia)

 

Tableau de Classification périodique ou Tableau de Mendeleiev
Tableau de Classification périodique ou Tableau de Mendeleiev

Le plus spectaculairement brillant avec Mendeleïev, c’est que quand il théorise tout ça, on n’est même pas encore sûr que la matière est composée d’atomes ! Aujourd’hui le tableau de classification périodique est la base de la base en sciences, notamment en chimie. Un peu comme la roue pour l’automobile.

Imaginons ce que c’était à l’époque : Théoriser une classification de tous éléments en fonction d’un hypothétique modèle qui va tomber juste à 100 %; une théorie qui changera le visage de la chimie à tout jamais. Na sdorovie tovarishch Mendeleïev !

 

No. 9 Nikola Tesla

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Nikola « Shango » TESLA

Nous allons finir comme nous avons commencé, avec du must, du premier choix. C’est le “last but not least”.

Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, je vous prie de faire un tonnerre d’applaudissements pour Nikola Tesla (un tonnerre :D, connaissant les travaux de Tesla, c’est hilarant).

[Le ciel s’ouvre, les lumières jaillissent. C’est la séparation des eaux, la multiplication des pains]

 Nikola Tesla (en serbe cyrillique Никола Тесла), né le 10 juillet 1856 à Smiljan, dans l’Empire d’Autriche (aujourd’hui en Croatie), et mort le 7 janvier 1943 à New York, aux États-Unis, est un inventeur et ingénieur serbe de la Croatie également citoyen américain, ayant principalement œuvré dans le domaine de l’électricité. Considéré comme l’un des plus grands scientifiques dans l’histoire de la technologie, pour avoir déposé quelque 300 brevets couvrant au total 125 inventions (qui seront pour beaucoup d’entre elles attribuées à tort à Thomas Edison), et avoir décrit de nouvelles méthodes pour réaliser la « conversion de l’énergie », Tesla est reconnu comme l’un des ingénieurs les plus créatifs de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Quant à lui, il préférait plutôt se définir comme un découvreur. […] Son nom a été donné au tesla (symbole : T) qui est l’unité d’induction magnétique du Système international d’unités. (Wikipedia)

Crédit: eden-saga.com
Nikola Tesla, le génie du Tonnerre – Crédit: eden-saga.com

Si je devais illustrer Tesla avec une image, je dirais que c’est le Beethoven de la physique moderne. Sans doute le scientifique qui a le plus influencé le monde actuel, grâce à lui, il a pu exister et perdurer une seconde révolution industrielle, par la vulgarisation de l’électricité. Pour imaginer tout ce que nous devons à Nikola Tesla, fermez les yeux une minute et imaginez notre quotidien sans électricité, sans téléphone et sans radio… Voilààà ! Merci qui ? Merci Tesla.

Pour vous donner une idée de l’immensité du monsieur, on va faire un petit quiz. A chaque question, vous répondez seulement « TESLA », un peu comme dans certaines pubs brésiliennes (Serge ou bien? 😉 ).

 

Qui a (vraiment) inventé la radio ? (Aller tous en chœur) T E S L A

Qui a mis au point le radar? T E S L A

A qui doit-on le barrage hydroélectrique ? T E S L A

Qui a mis au point la télécommande ? T E S L A

Qui a failli (?) fournir au monde de l’énergie libre, gratuite et infinie ? T E S L A

Qui est le plus bad-ass des grands génies scientifiques du XIX-XXe siècle ?  Toi-même tu sais. Et il y en a plus encore…


Ce fut très agréable de parcourir ces personnages (Im-Hotep, Ahmed Baba, Zéra Yacob, Joseph de Bologne, Mozart, Beethoven, Al-Djazari, Mendeleïev et Tesla). Il est particulièrement plaisant de se dire qu’ils ne sont que neuf parmi des centaines, voire des milliers d’autres. L’histoire de l’humanité est belle, faite, aussi, de lumières fugaces et d’étincelles tenaces. Osons si possible rêver que nous portons tous ces parcelles de lumière, et puissent-elle être plus brillantes que tous les coups de canons et les éclats d’obus qui émaillent le monde. Pour citer Friedrich von Schiller, repris par Beethoven dans l’ode à la joie:

Ode à la joie
Ode à la joie – Neuvième symphonie de Beethoven

 

Bien à vous,

A.R.D-A.

 


Togo post-électoral : nous voilà la risée de tous

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Salutations chères toutes et chers tous,

(J’avais pris pour résolution de ne point m’exprimer sur nos récentes élections, mais… )

Le Togo sort en boitant de la danse tourmente électorale. Ce qui en sort surtout, ce sont les résultats que l’on sait. Je ne m’étendrai guère sur le show politique carnavalesque qu’était la chose, de ses débuts chaotiques jusqu’à la proclamation des résultats. Il a fait bien des hésitants, ce scrutin.

Et la proclamation, le grand final, n’était qu’un paroxysme d’amateurisme, grossier et grotesque, truffé d’erreurs, de fautes (fraude ?) de frappe, de tâtonnements et de corrections au stylo dignes d’une réunion de club de lecture. Une expérience d’un comique navrant pour tout Togolais qui se respecte, voire pour tout Africain. Il y avait un petit quelque chose de suranné sur mon écran de télé cette nuit-là, un anachronisme à vous glacer le sang.

Quant à la mascarade de l’opposition (Fabre et son clan surtout) qui part à la chasse aux fraudeurs (Faure, président réélu, éternel fort et fils de son père, c’est le cas de le dire)… #tristesse #tristesse #tristesse

Une petite phrase résume assez bien la situation :

ENTRE UN RÉGIME FAURCÉ ET UN RÉGIME FABRIQUÉ, LE TOGO EST À LA CROISÉE DES CHEMINS D’UN PROCESSUS DÉMOCRATIQUE DONT L’ACCOUCHEMENT RESTE JUSQU’ICI DIFFICILE.

Au bout du rouleau

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Ce que j’ai vu c’est une classe politique, surtout l’opposition, très surfaite, et aujourd’hui en surchauffe, au bout du rouleau, incapable de se réinventer, rabâchant les mêmes formules depuis deux générations. C’est tragique. Pour ceux qui sont sur le trône, je veux bien comprendre qu’on utilise encore les mêmes méthodes, il paraît qu’on ne change pas une équipe qui gagne on ne s’étendra sur la façon dont elle gagne.

Une équipe qui gagne, je veux bien, mais une équipe qui perd (tout le temps) ??? Faudrait penser à renouveler tout ça.

 

La risée de tous

Cependant, ce qui m’aura le plus peiné au terme de cette plongée bourbeuse et marécageuse de la politique politichienne, c’est que l’image du Togo en a encore pris un coup.

Nos péripéties démocratiques nous érigent à présent en exemple, pire encore, en mauvais exemple. Le Togo s’était déjà illustré avec l’arrivée au pouvoir de #Faure, au décès de son père. Ce qui a créé dans le jargon le terme de « succession à la togolaise ». A présent, nous sommes un cas pratique de fixisme démocratique.

En un mot comme en cent, nous sommes la risée de tous. De tous.

Un mandat de plus est un mandat de trop, disait l’autre. Eh ben nous y sommes, nous ! La tête la première. Troisième mandat, troisième mandat, troisième mandat (peut-être que c’est la quatrième qui sera de trop, qui sait ?)…

 

Miabé Faure et ses émules

De toute évidence, notre mésaventure politique, car c’en est une selon moi, donne des ailes à d’autres. L’exemple proche de nous est celui du Dr Yayi, qui laisse un peu un peu ressortir son Mister Hide. Et Nicéphore Soglo, ancien président du Bénin, de le prévenir en sortant la formule qui tue, celle qui immole mon pays sur l’autel des Justes : « Le Bénin ce n’est pas le Togo ». Ben oui, puisque c’est au Togo qu’on peut se permettre ce genre de choses.

Vidéo (02:45)

Voilà donc ce à quoi nous sommes réduits, à être les derniers de la classe à l’école de la démocratie et de l’alternance*


  • Bénin, alternance ? Validé (ça coince un peu, maaais, validé)
  • Burkina-Faso, alternance ? Validé (il a fallu mouiller la chemise et balayer pas mal, mais c’est plus ou moins passé)
  • Ghana, alternance ? Validé (John, John et John)
  • Nigéria, alternance ? Validé (avec les acclamations du jury)
  • Togo, alternance ? (404 not found)

 

Comme on dit: « Qu’est-ce qui n’a pas marché  ? » 

C’est un sujet qui me déplaît au plus haut point. Arrêtons-nous donc là.

C’est dit, le vin ranci est tiré, nous aurons cinq ans pour le boire et le digérer au possible.

 

Bien à vous
A.R.D-A.


*la démocratie vaut ce qu’elle vaut, et j’en pense ce que j’en pense. Mais c’est le paradigme à travers lequel l’actuel concert des nations voit et juge le progrès, alors qu’il en soit ainsi.


Quelques (très) grands esprits que nous ne connaissons pas forcément (2)

Salutations, chers toutes et chers tous

Nous poursuivons au petit trot notre  partravers quelques grands esprits (Ici partie 1 avec Imhotep, Ahmed Baba et Zéra Yacob). Consacrons cette deuxième partie à un trio, ce que j’appelle « la triplette magique »: Chevalier de Saint Georges – Wolfgang Amadeus Mozart – Ludwig Van Beethoven

L’amateur de musique classique que je suis ne peut pas faire l’impasse sur certains génies musicaux. Entrons donc dans ce domaine des dieux. Deux d’entre ces trois larrons ne sont plus à présenter, mais le premier de notre série, par contre…

Numéro 4: Joseph Bologne de Saint-George

Joseph de Bologne Saint-George, dit Chevalier de Saint-George
Joseph de Bologne Saint-George, dit Chevalier de Saint-George

Plus connu sous le nom de « chevalier de Saint-George » ou « Saint-George », né en Guadeloupe le 25 décembre 1745 et mort à Paris le 10 juin 1799, c’est un escrimeur et un musicien (violoniste, compositeur, chef d’orchestre) français. En terme de pluridisciplinarité, c’est un bien bel exemplegrands esprits (4)

Hormis ses talents militaires, c’était un génie de la musique. Ses concertospour violon sont une pure merveille. (www.stocktargetadvisor.com) Les amateurs peuvent sentir dans ses oeuvres ce qui influencera Mozart par la suite. Il est de ceux qu’on appelle « les compositeurs oubliés », de très brillants auteurs qui ne sont pourtant pas passés à la mémoire collective populaire, comme Bach, Beethoven, Vivaldi etc. etc.

Personnage en tout point atypique, il préfigure déjà perfection et cette douceur dans la rythmique dont Mozart sera le parfait point culminant, le « pulcher et fortissimus ». C’est Mozart avant Mozart; enfin, je dis ça, mon avis compte si peu…

 

Numéro 4: Mozart

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Wolfgang « quand toi-même tu vois mon regard tu sais que je suis un patron » Amadeus Mozart.

Wolfgang Amadeus Mozart (Joannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart) né à Salzbourg, principauté du Saint-Empire romain germanique, le 27 janvier 1756, mort à Vienne le 5 décembre 1791, est un compositeur.

Comme dirait Sainte Wikipedia:

Mort à trente-cinq ans, il laisse une œuvre importante (six cent vingt-six œuvres sont répertoriées dans le catalogue Köchel), qui embrasse tous les genres musicaux de son époque. Selon le témoignage de ses contemporains, il était, au piano comme au violon, un virtuose.

On reconnaît généralement qu’il a porté à un point de perfection le concerto, la symphonie, et la sonate, qui devinrent après lui les principales formes de la musique classique, et qu’il fut un des plus grands maîtres de l’opéra. Son succès ne s’est jamais démenti. Son nom est passé dans le langage courant comme synonyme de génie, de virtuosité et de maîtrise parfaite.

grands esprits (22)

En un mot comme en cent: « Mozart est la musique classique et la musique classique est Mozart ».

Sa musique est parfaite. Un indécent équilibre entre la rigueur mathématique et la mélodieuse virtuosité. En cela il ira bien plus loin que BachHaydn ou Saint-Georges.(1)

Ludwig van Beethoven

Quand on a fini de parler de Mozart, on se dit qu’on ira pas plus haut dans la musique [classique]. Mais comme dirait Stromae « Quand y’en a plus, eh ben y’en a encore« . Et c’est très très compliqué de parler de Beethoven.

Grands esprits (21)
Ludwig Van Beethoven. (« Tel que tu me vois là, c’est Dieu lui-même qui me parle à l’oreille, Biatch »).

Ludwig « C’est lui la chose » van Beethoven est un compositeur allemand né à Bonn le 17 décembre 1770 et mort à Vienne le 26 mars 1827.

Selon mon sentiment, le plus grand compositeur de tous les temps. (Oui, même devant Mozart). Je précise qu’à ce degré de talent et de génie, ça ne tient pas vraiment à des critères objectifs mais à quelque chose de plus subtil. Mozart est le plus grand compositeur classique de tous les temps, c’est certain, mais ce que faisait Beethoven était pour ainsi dire hors du classique. Il est allé au delà… Bien au delà, par ses symphonies surtout. A tel point qu’il préfigure le romantisme.

Pour moi, Beethoven est la parfaite illustration de l’Albatros de Baudelaire. Il était trop grand pour son époque, trop en avance. Ce n’était pas seulement un pur génie, c’était aussi un esprit incroyablement puissant et novateur. Impressionnant tant par sa ténacité face à l’adversité (le rejet  de certaines de ses chefs-oeuvre par ses contemporains ou encore sa surdité) que par l’abondance de son œuvre.

Comme dirait Haydn, il est hors catégories , inclassable: « Vous me faites l’impression d’un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes » Haydn). « Il est bien davantage que le premier des musiciens. Il est la force la plus héroïque de l’art moderne ». Romain Rolland

Dernier grand représentant du classicisme viennois (après Gluck, Haydn et Mozart), Beethoven a préparé l’évolution vers le romantisme en musique et influencé la musique occidentale pendant une grande partie du XIXe siècle. Inclassable […] son art s’est exprimé à travers différents genres musicaux, et bien que sa musique symphonique soit la principale source de sa popularité, il a eu un impact également considérable dans l’écriture pianistique et dans la musique de chambre […] Expression d’une inaltérable foi en l’homme et d’un optimisme volontaire, affirmant la création musicale comme action d’un artiste libre et indépendant, l’œuvre de Beethoven a fait de lui une des figures les plus marquantes de l’histoire de la musique. (Wikipedia)

grands esprits (14)

Trouvez vous une heure et quelques minutes et écoutez la neuvième symphonie (ou la troisième ou la cinquième, beaucoup plus courts). Vous comprendrez ce que génie absolu veut dire. C’est d’autant plus impressionnant quand on sait qu’il était complètement sourd quand il a écrit la neuvième (c’est-à-dire que le mec n’entendait plus rien mais il a quand même créé un des plus grands chefs-d’œuvre musical de tous les temps (2) ).

Son parcours me fascine d’autant plus qu’il avait peut-être une ascendance africaine, ce qui expliquerait aussi son amitié avec le virtuose africain George Bridgetower. En attendant:

C’était plaisant.

Bien à vous, A.R.D-A.


 

(1) S’il était encore besoin d’en rajouter, je dirait en gros qu’il était doué de l’oreille absolue, d’une prodigieuse mémoire et d’une remarquable précocité. ( Le gars écrivait des sonates à une époque où beaucoup d’entre nous jouaient encore avec leurs crottes de nez.) Si Mozart avait en vie aujourd’hui, il pourrait s’acheter l’Autriche toute entière, rien qu’avec les droits d’auteur!

(2) Il était tellement sourd que, pendant la première présentation de la neuvième, il a fallu que l’une des choristes le retourne pour qu’il voit les applaudissements monstres de la foule, parce qu’il n’entendait pas

 


Noirceur

Et me viendraient
Des lingots de souffrance
Et des quintaux de sang
Des jarres de désespoir
Et des gorgées de pleurs
Semées
Essaimées dans le vent fertile
D’un mot-révolution…
Il y a tant de cadavres dans ma pensée
Tant de corps désossés
et démembrés
et désassemblés

Ma pensée est une grande fosse commune
Un cimetière à ciel ouvert qui roule à tombeau ouvert
Sur les sentiers du vice et du doute
Et enfante des chrysalides-Choléra et des papillons-Renaissance
Une cité à l’après-guerre, ilot de putrescence
Où fermentent
Les espoirs égorgés
Les peaux lacérées
Les chaines resserrées
Les mains ensanglantées
Les yeux désenchantés
Les yeux crevés
Les yeux arrachés
Les yeux enfoncés
Les yeux frits dans l’huile…juste pour rire
Les yeux cuits à point
A la vapeur
Au bain-marie
A la bombe H.

Ma pensée est un récif jonché de mains coupées
Les bras émiettés, les bras obstinés
Qui se lèvent… inlassablement vers le ciel.

 

Lomé, Tokoin-Hôpital, 23 04 2015

Ayi Renaud Dossavi-Alipoeh


« Voter ou ne pas voter, là est la question »… Ce qu’en disent quelques blogueurs togolais

Salutations, chères toutes et chers tous.

La date fatidique du 25 avril jour de l’élection présidentielle #TGPR15 approche à grands pas pour le Togo. Le long feuilleton politico-social, aussi cahotant que chaotique, qui nous y conduit pousse tout un chacun à prendre position vis-à-vis de ce scrutin. Mais au-delà de nos tergiversations, de nos débats houleux et passionnés, des démonstrations les plus complexes aux raisonnements les plus subtils, au final la chose se résume et se condense de manière infiniment plus simple et radicale : irez-vous voter ce 25 avril 2015 ?

Voter ou ne pas voter, là donc est la question… Quelques compatriotes s’y  sont volontiers soumis : CyrilleEliGuillaumeJudithYann (et moi-même).

A question directe réponse directe. Commençons par ceux qui feront le déplacement ce samedi, j’ai nommé Yann, Cyrille et Judith.

Oui

voter (2)

Cyrille (Le Mondoblagueur) :   » Le Togolais est une des rares personnes qui répond toujours au réveil ou dans le courant de la journée, « Ça va bien » à la question : « Comment tu vas ? ». Qu’il ait mangé ou pas, qu’il soit assailli par les soucis ou tenaillé par des douleurs, il te répondra : « Ça va bien ». Notre vie se résume à des choix par défaut. Nous vivons dans des conditions qui se dégradent au jour le jour, par défaut les mêmes s’enrichissent et les mêmes crèvent la dalle. Par défaut nous acceptons tout, les pires injustices, vaincre ou mourir dans la dignité, cette même dignité qui nous a depuis tourné le dos.

Assumer, endosser et pérenniser les choix par défaut, c’est rester chez soi ce 25 avril, en espérant que les choses changent d’elles- mêmes. Personnellement, je vais voter, même si le jeu semble perdu d’avance, parce que ce serait lâche de ne pas assumer ce droit et exprimer mon devoir pour revenir me plaindre de ce qui ne va pas ou rêver de ce qui aurait pu changer. Voter pour moi, c’est assumer mes rêves et caresser l’espoir de les vivre! »

Yann (Petit Togolais libre  devant l’Eternel) :  « Entre hésitation et résolution, après mûre réflexion, j’ai choisi : je vote.  Je vais voter et ce ne sera ni la première fois ni la dernière fois. Je comprends le choix et les raisons de ceux qui ne votent pas. Mais je crois profondément en la démocratie, celle de la participation, peu importent les imperfections. Certes, il n’y a pas d’illusion à se faire sur ce qu’il adviendra de mon vote, mais il vaut mieux voter et faire face à l’accusation de l’histoire que d’être un spectateur passif de la suite des événements. Je vais voter parce que c’est un droit que nous avons conquis dans les larmes et le sang, je vais voter parce que le Togo que je souhaite pour les générations futures c’est un pays qui fait des choix et les assume. Je vais voter pour tous ceux qui sont à l’étranger et qui ne pourront pas exercer leur droit de ce simple fait. Je vais voter pour tous ceux qui ne sont plus là et qui auraient tant voulu glisser leur bulletin dans l’urne. Je vais voter enfin pour mon fils, pour qu’il ait le droit de vivre dans un pays où il aura le droit de devenir quelqu’un sans être le fils de personne. Je vais voter parce que c’est ma liberté, mon choix, mon droit…  inaliénable ».

Judith (La négresse qui pense): « Personnellement, j’entrevois le 25 avril comme un samedi de plus dans notre triste histoire. Catholique et fière, on m’a toujours appris que le devoir citoyen est d’aller porter son choix devant les urnes et voter. J’ai souvent même exhorté tous ceux que je pouvais à porter à un choix ; mais c’est réellement avec une amertume très profonde que je dois avouer que bien que je porte l’envie de voter, il me sera difficile de le faire. Je ne sais pour qui voter. Tiraillée par ma fierté de contribuer à choisir le président du Togo, j’espère avoir assez de force dans ces quelques jours pour aller voter… parce qu’accuser sans porter son choix au moment voulu, c’est lâche et j’espère ne pas être lâche ! »

 Ceci est la parfaite transition pour se tourner ceux qui ne pensent pas mettre de bulletin dans l’urne.


voter (1)

Eli (échos de mes états d’âme« Je suis de ceux qui estiment que pour un meilleur déroulement des élections, un nouveau départ s’impose qui passe par la réforme en profondeur de la Constitution, impératif préalable au scrutin présidentiel. Ce pays a grandement besoin de garde-fous constitutionnels pour freiner l’usure, et la monarchisation rampante du pouvoir.

Il y a une légèreté qui me rend perplexe sur la nécessité d’aller voter. Comment faire confiance à ceux-là qui ne sont pas foutus de satisfaire l’aspiration de 85 % des Togolais – j’en fais partie et je ne m’en cache pas – aux réformes? Je refuse de cautionner cette imposture en allant voter le 25 avril prochain. »

 

Renaud (Mots et murmures, c-à-d ici) : « Entre les réformes repoussées aux calendes grecques, les revendications sociales dont le miabé’pouvoir n’a rien à faire (il s’en c*rre le f*on), et une flopée de candidats qui ne me disent pas grand-chose, j’ai bien assez de raisons de ne pas me livrer à cet étrange exercice prétendument rédempteur qu’est le vote. Vote qui, sous sa forme actuelle, n’est par ailleurs qu’un barbarisme, un faux né de la démocratie à l’occidentale (démocratie de marché et d’opinions).

A une toute autre échelle de considérations, au-delà du seul Togo, je dirais que dans ce contexte d’adversité structurelle, le problème des pays africains ne se limite pas au vote, ce n’est qu’une part (relativement marginale au final) de l’équation… Donc non, je n’irai pas voter. Mais j’observerai avec grand intérêt le déroulement du scrutin. A l’image d’un expérimentateur qui regarderait de fortuits cobayes faire tourner sans cesse la roue dans laquelle ils sont prisonniers, ou d’un amateur d’art plongé dans la contemplation d’une toile très imparfaite en ayant l’irrationnel espoir qu’elle se change subitement en un chef-d’œuvre, par elle-même, comme par magie ou par transfiguration. »

Et pour finir, laissons parler la plume de Guillaume:

Facteur inéluctable de démocratie, les élections sont la scène par excellence d’expression de la volonté populaire par le biais du suffrage exprimé. Par le vote, l’électeur choisit son candidat. Celui qui répond à ses aspirations, dont le programme de société converge avec ses besoins, qui a du charisme et qui par-dessus tout lui inspire confiance.

Malheureusement, pour l’électeur exigeant et impertinent que je suis, les 5 candidats dans la course ont raté le coche, ce qui m’incite à ne pas me déplacer.  Patience, j’en viens aux raisons. (https://pestkill.org)

1 – L’absence de réformes constitutionnelles et institutionnelles est pour moi, plus qu’une priorité. C’est une nécessité absolue dans un Etat qui aspire à la démocratie et à l’état de droit.

2 – L’absence de réconciliation nationale due à la non-application des recommandations de la Commission Vérité Justice et Réconciliation.

3 – Le fait que les 5 candidats se soient entendus sur la défectuosité du fichier électoral. Je n’ai pas compris l’intérêt de participer à un scrutin, dont le fichier est dit « non fiable, mais consensuel ». Soit c’est fiable, soit ça ne l’est pas. Il n’y a pas d’à-peu-près dans mon dictionnaire politique.

Pour ce qui est de ces pantins qui parlent de non-violence dernièrement j’aimerais leur faire savoir que même s’il vaut mieux jouir en paix de peu de choses que de posséder beaucoup dans le trouble,  je concède cette citation d’Edmund Cooper qui dit :

« Il vaut peut-être mieux une juste violence qu’une paix à tout prix. »


 

 En espérant que tout ceci nous aura édifiés.

Bonne élection à nous tous; oui à nous tous, car au final nous serons tous dans ces 55 600 km² pendant et après ce scrutin. Le vin tiré, nous le boirons ensemble. Alors puisse-t-il avoir bon goût.  

Bien à vous!

A.R.D-A. & Camarades

 

 

 


Quelques (très) grands esprits que nous ne connaissons pas forcément (1)

Salutations chers tous.

Alors dans cette série d’articles spécial « grands esprits » (trois articles), nous allons évoquer quelques personnages historiques, neuf en tout, à raison de trois par article. Certains sont sans doute déjà très connus, d’autres le seront peut-être un peu moins. D’où le titre d’ailleurs 🙂 . Nous allons plonger subrepticement et furtivement dans les méandres de notre longue histoire, car l’humanité a engendré de bien belles choses derrière elles, il n’y a pas que de la fange et de la médiocrité. La nature humaine est surprenante, pas seulement à cause de son côté décevant, exagérément « pervertible » et manipulable, mais aussi par la beauté qu’elle recèle, par les perles qu’elle fait apparaitre par moments. Bien que ce soit des personnages historiques, ceci est une liste relativement subjective, cela va de soi, et en aucune une sorte d’échelle universelle. Définir un top 10 des grands esprits est une tache risible par sa complexité et sa difficulté normative et épistémologique. (Clonazepam)

Alors, si nous y allions?

Numéro 1: Imhotep

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Imhotep

Imhotep (IM-HOTEP, « Prince de la Paix» ou « le sage qui entre dans la paix » ) est un personnage historique emblématique de l’Égypte antique et sans doute un des plus grands génies de tous les temps. Il vécut au IIIe millénaire avant notre ère, et fut un homme aux multiples talents. Il fut Vizir,  architecte de Djoser (IIIe dynastie), médecin et philosophe.

Sur le socle d’une statue du roi Djéser (aujourd’hui au musée du Caire), il est présenté comme « Le chancelier du roi de Basse-Égypte, le premier après le roi de Haute-Égypte, administrateur du grand palais, noble héréditaire, grand prêtre d’Héliopolis, Imhotep, le constructeur, le sculpteur ». (Wikiepedia)

En tant qu’architecte, il battit la pyramide à degré et le complexe de SAQQUARA. Une des plus célèbres constructions de l’Égypte ancienne. Selon l’histoire officielle, Saqqarah a ouvert la voie aux autres grandes pyramides, notamment le légendaire trio Khouffou-Khafra-Menkaouré (Khéops, Khéphren et Mykérinos).

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La pyramide à degré de Saqqarah

Ses travaux de médecine sont consignés notamment sur les papyrus SMITH (Edwin Smith), et Ebers dans lequel 90 figures anatomiques et 48 remèdes sont décrits. C’est 2200 ans avant la naissance d’Hippocrate, « père » de la médecine. Cela va sans dire, une bonne part de ses travaux s’est perdue au fil des quelques 5000 ans qui nous séparent de l’ancien empire de Kémèt.

C’était un « dieu » (ceci n’est pas une métaphore)

Mais, il y a mieux : Imhotep était tellement un « boss de chez boss » qu’il a été divinisé (en dieu de la médecine) par les grecs, sous le nom d’Asclépios. Asclépios deviendra  Esculape  pour les romains. C’est ce qui s’appelle réussir sa vie. Dire qu’aujourd’hui les Einstein, Edison, Oppenheimer et autres génies sont considérés comme des rock-star de la science… Comme dirait le président Bobo « Petits joueurs ! »

 

Numéro 2: Ahmed Baba

Notre second numéro est un personnage non moins remarquable.

Crédit: afrikhepri.org/
Ahmed Baba – Crédit: afrikhepri.org/

Ahmed Baba, né Abu Al-‘abbas Ahmed Ibn Ahmed Al-takruri Al-Massufi le 26 octobre 1556 à Tombouctou (alors partie de l’Empire songhaï) et mort le 22 avril 1627  à 71 ans, était un savant et homme de lettres ouest-africain qui a résisté à l’envahisseur saadien (dans la zone de l’actuel Maroc). Il est capturé et retenu prisonnier par le sultan Ahmed Al-Mansour.

Bien que généralement ignorée, sa pensée revêt une envergure telle que, pour les spécialistes, elle résume le génie intellectuel des Grands Empires sahéliens médiévaux.  « Au Soudan, et à Tombouctou en particulier ; toute la littérature arabe est incarnée en quelque sorte dans ce célèbre personnage » – Introduction au Tarikh Es-Soudan de Sadi, par O. Houdas. (Sources Wikipedia & Ethiopiques)

« Ô toi qui vas à Gao fais un détour par Tombouctou. Murmure mon nom à mes amis et porte leur le salut parfumé de l’exilé qui soupire après le sol où résident sa famille, ses amis, ses voisins (Ahmed BABA)

Le centre d’étude des manuscrits du désert à Tombouctou porte son nom depuis sa création en 1970 par le gouvernement malien avec l’aide de l’UNESCO.

La légende voudrait qu’il ait écrit près 700 ouvrages à lui-tout seul, sur tous les thèmes possibles et imaginables à son époque. Si ça ce n’est pas mettre du cœur à l’ouvrage, je ne sais pas ce que c’est

Regrettablement, une bonne par de ses manuscrits, tout comme l’énorme documentation que nous ont laissé les grands érudits de l’empire du Songhai et du Mali, reste non traduite, pour ce qui a survécu, (Textes en Arabe et en Ajami) et « conservée » à Tombouctou ou au Moyen-orient (1).

 

Numéro 3: Zéra Yacob

Image Zéra Yacob - Crédit: uthiopia.com
Image Zéra Yacob – Crédit: uthiopia.com

Zéra Yacob (1599–1692) était un philosophe éthiopien du XVII siècle. Son traité de 1667, connu dans sa langue originelle (le Ge’ez) comme la Hatata, a souvent été comparé au « Discours de la méthode » de René Descartes (1637). Son ouvrage appartient à une période où les sources de la philosophie africaine étaient essentiellement sous forme orale (« essentiellement », pas « exclusivement », hein).

Zéra Yacob préférait suivre son propre raisonnement (sa raison) plutôt que de se fier uniquement au idées d’autrui. Un personnage qui fort sympathique, surtout par ces temps où règnent l’obscurantisme de pub télé et le fanatisme religieux.

La Hatata est un traité euristique basé sur la « Raison« . Sa pensée était centrée sur le principe d’harmonie. Il affirmait qu’une action est définie comme morale selon qu’elle confortait ou dégradait l’harmonie du monde. Il rechercha plutôt la vérité dans l’observation du monde naturel (Tu entends ça Boko ? Tu devrais essayer) Bien que son ouvrage soit centré sur « la raison », il n’en est pas moins un théiste:

« Si je dis que mon père et ma mère m’ont engendré, alors je doit chercher celui qui a engendré mes parents et les parents de mes parents  jusqu’à ce que j’arrive aux premiers qui n’étaient pas engendrés mais était venus au monde sans être engendrés

Pour Yacob, appréhender Dieu ne dépend pas de l’intellect mais « notre âme a le pouvoir de concevoir Dieu et de le voir mentalement. Dieu n’a pas donné ce pouvoir sans raison ; tout comme il a donné ce pouvoir, de même il en a donné la  réalité » (Autrement dit, le fait que l’esprit ou l’âme humaine «intuitionne » et subodore l’existence de Dieu est intrinsèquement liée à son existence; l’homme sent que Dieu existe parce que Dieu existe. CQFD… c’est assez élégant, je trouve)

Voilà, ça fait trois.

Je conclurai cette première partie en rappelant que ceci est à la fois non exhaustif et relativement subjectif, il y a eu trop de grands esprits sur cette planète pour les faire tenir dans les limites de cette esquisse. Plus spécifiquement, pour l’Afrique ce ne sont pas les philosophes qui manquent: Ptah Hotep, Aménémopé, Kocc Barna Fall, Ibn Khaldoun ou encore le fameux germano-ghanéen du siècle des Lumières Anton Wilhelm AMO ou Antoine Guillaume AMO (2), etc. etc. etc.

Ceci est un bref aperçu de quelques personnages intéressants de l’histoire plus ou moins lointaine. Nous poursuivrons bientôt avec d’autres « têtes ».

Bien à vous

A.R.D-A.

 


 

 (1) Franchement, on s’est bien fait avoir sur cette affaire de « continent sans écriture », c’est moi qui vous le dis!, je fais remarquer au passage que la majorité des Européens n’ont pas inventé d’écriture non plus. Le latin n’a pas été inventé par les ancêtres des français, anglais ou allemands mais par les romains. Le billet est en train d’être écrit avec des signes « latins », et  non français! Enfin, on y reviendra certainement

(2) Malheureusement pour ce dernier, il est plus connu pour sa couleur de peau qu’autre chose, bien que ce soit un remarquable penseur (voir son traité « De Humanae mentis apatheia« ). C’est drôle que Hegel, qui pourtant est un esprit remarquable, se soit abaissé à raconter des inepties pareilles sur l’Afrique dans son Introduction à la raison dans l’histoire, alors qu’il devait savoir tout cela…ça laisse songeur.