La violence dans l’histoire (2)
Prolégomènes :
Ce billet ne sera ni une incitation à la violence, ni une apologie de la violence, « aveugle » ou non. Encore moins un procès à telle vision du monde ou tel courant de pensée.
Ceci se veut une discussion amicale et, je l’espère, aussi plaisante qu’édifiante. Une réflexion strictement théorique au sujet de la « Violence dans l’histoire », au sens global du terme. J’ai trouvé intéressant de mettre le doigt sur certaines contradictions doctrinales auxquelles nous nous heurtons souvent. Notamment dans nos pays « autrefois » colonisés et soumis à la prédation de puissances extérieures.
Salutations, chères toutes et chers tous
Poursuivons donc cette discussion: « La Violence dans l’histoire ». Charmant sujet s’il en est. (Ici partie 1). Tachons ensemble de quitter un plan général pour aller « plus bas » dans les échelles de considération.
Systèmes et Violence: Quand un système veut ta peau c’est qu’il veut ta peau. Point barre !
En un mot comme en cent, ça donne ceci :
« Le monde actuel est une jungle, et c’est deux fois plus une jungle pour les peuples africains…pas parce qu’ils sont noirs mais parce qu’ils sont faibles et naïfs.»
Le monde est régi par un système, ce système écrase les plus faibles, nous faisons partie des plus faibles, donc ce système veut notre peau. Fin de la discussion (C’est plutôt simple il me semble… un gosse de sept ans comprendrait du premier coup).
En suivant un peu l’Histoire, on finit pas ne plus être surpris par le genre humain. Pour ceux qui ont gentils pour croire que les hommes, ou plutôt les castes dirigeantes, ne sauraient être malveillantes (plus qu’elles ne l’ont été par le passé!)…Eh bien, comme disait Nietzsche:
N’oublions pas que:
« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » (Bossuet)
Les systèmes n’ont aucune morale et une aucune conscience. Les attentats barbares de Kenya ne font que le prouver à suffisance, si besoin en était encore. Je suis certain que pendant l’esclavage, la colonisation ou encore l’occupation française par le régime Hitlérien, il y avait par ci par là une ou deux bonnes âmes charitables envers les opprimés ; de là à dire que ces systèmes de choses en eux-mêmes étaient charitables, je crois qu’il y a un énooooooooooooooorme fossé.
Je le redis:
Pour peu qu’il soit suffisamment sûr de lui-même et aliéné par sa propre idéologie, un système ou un État n’a aucune morale, aucune conscience, aucune limite dans l’horreur, la mesquinerie ou la méchanceté.
Ainsi, quand un système ou un pouvoir repose sur la violence, il créera et utilisera toujours de la violence, tout le reste n’est que de la littérature de la mauvaise qui plus est.
Les génocides et les exterminations ont tous été pratiqués par l’État, jamais par l’individu ou le peuple.
Il est donc illusoire de croire qu’on va changer un système (d’oppression ou non) en jouant sur la conscience de ceux qui en profitent. Comme s’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Pour ce qui est de la violence en tant que moyen de libération, outil de l’opprimé, je laisse la parole au « vrai gars » Malcolm X.
La violence vue d’en haut et la violence vue d’en bas
La violence n’est pas la même pour tout le monde. Tout dépend de là où on se trouve dans la pyramide du pouvoir. Je vais prendre un exemple simple : Imaginons qu’on soit en pleine guerre, quelque part. Un état-major décide qu’une certaine ville est importante stratégiquement…
« Mein führer Cette ville sera difficile à prendre»
« Combien d’hommes cela nous coutera, à peu près ? »
« Cent mille hommes ».
« Eh bien on va sacrifier cent mille hommes »
« On dénombre également cinq cent mille civils dans les régions d’habitation »
« Tant pis pour eux, des bombardements ciblés nous ferraient perdre trop de temps… la guerre n’épargne pas les civils.»
Vous voyez où je veux en venir ? La guerre du point de vue de Sani Abacha ou du Général Joukov n’est pas la même que la guerre du point de vue de la pauvre femme dont le mari et les enfants se feront massacrer, elle-même violée à plusieurs reprises par les « forces du bien ». Ni la guerre du point de vue du pauvre soldat qui n’a rien demandé et n’y comprends rien mais qui est là juste pour « servir son pays».
Ainsi, pour autant qu’on puisse justifier théoriquement la violence intelligemment et sagement utilisée de manière très ciblée dans l’espace et le temps, il n’en est pas moins que c’est une horreur absolue…surtout pour ceux qui la subissent vraiment. De ce point de vue, je donne raison aux pacifistes.
Violence directe/Violence indirecte.
J’entends par « violence indirecte » l’ensemble de moyens d’agression plus subtils que l’attaque physique frontale: Les médias-mensonges, la désinformation sur sujets importants, les impôts injustifiés, les coup d’état non violents, l’expropriation à coup de millions, la prédation foncière, le système esclavagiste de la dette etc…
Dans le monde prétendument évolué d’aujourd’hui, la violence indirecte est la plus répandue. Elle est plus soft, plus clean et plus « raffinée ». Elle est extrêmement efficace parce qu’elle pousse l’esclave à aimer ses chaines, même quand il sent que quelque chose ne va pas, détricoter le réseau de chaines et de nœuds coulants qui l’étouffe lui demande du recul, de la patience ainsi qu’un certain travail de réflexion et d’érudition. Choses qu’il est de moins en moins capable de fournir.
Bien évidemment, la violence directe n’est jamais loin. Il suffit de voir la taille des armées des trois grandes puissances actuelles. Ou encore les moyens dont disposent les forces du bien comme l’OTAN ou l’AFRICOM, j’en passe et des meilleurs.
Violence structurelle : le capitalisme libéral « sauvage ».
Un système basé sur la violence génère toujours de la violence et de l’oppression. La violence et l’injustice qui en découlent immanquablement sont structurelles. Ce ne sont pas des anomalies mais des effets logiques du système.
L’exemple le plus intéressant est sans doute le capitalisme sauvage. C’est de la violence pure et simple. Il a causé bien plus de morts que la guerre du Biafra ou du Congo. Je dirais même que ces guerres, comme beaucoup d’autres, ne sont que des conséquences du système. Le capitalisme sauvage il est oppressif et destructeur par essence. J’en veux pour preuve le nombre de femmes et d’enfants morts dans la misère et la famine à cause du racket bancaire, du système de la dette, des malversations financières de multinationales comme Lehmann Brothers, Goldman Sachs, le FMI et autres joyeusetés.
Le système de la dette et le capitalisme libéral sauvage fera tout (TOUT!) pour perdurer et se survivre à lui-même jusqu’à ce qu’il ploie complètement sous le poids de ses contradictions.
L’éternel retour du concret ou les limites des mots.
On peut faire ou dire tout ce qu’on veut avec les mots (discours pompeux, belles théories, concepts fumants ou fumeux). On peut embobiner autant qu’on veut, mais sur l’échelle du temps, sur la durée, Le concret, ou le contexte, est toujours plus fort que le concept, aussi beau et séduisant soit-il :Si une théorie est fausse, si un discours est mensonger, les faits finiront fatalement par lui donner tort. Ce n’est qu’une question de temps. C’est ce que le grand Lénine appelait « l’éternel retour du concret ». Les faits sont têtus et radicaux, ils ne négocient pas: Ce n’est pas parce que nous nous persuadons que tout le monde il est bon, tout le monde il est gentil qu’il en est ainsi.
Il n’y a qu’à voir le deux-poids-deux-mesures obscène entre les douze morts de Charlie Hebdo et les dizaines de victime de Boko Haram au Nigéria ou les 140 victime du Kenya !
De même, si une stratégie ne marche pas dans un contexte donné, elle ne marchera jamais dans le même contexte. JAMAIS. Soit on change de contexte, soit on change de stratégie. Sinon… Eh bien, une fois n’est pas coutume, je m’en réfère à la Bible :
Nous sommes dans un monde de violence structurelle, où la lutte des classes se superpose et s’hybride à la lutte des races d’une façon très malsaine et très ambiguë. Dans un tel monde, il est souhaitable et même salutaire que ce soit le plus raisonnable et pacifique de tous qui possède les armes les plus puissantes et dévastatrices. Ne serait-ce que pour ne jamais s’en servir ou les détruire.
Pratiquez l’hospitalité, les danses autour du feu, les veillées de prières et de chants, et tout ce que vous voulez, mais de grâce, faîtes-le à l’ombre de vos bombes atomiques (à vous). Si l’agneau ne peut pas empêcher le loup d’être ce qu’il est, qu’il se construise au moins une solide clôture. Ce sera ça de gagné.
De la barbarie
Tout ceci étant dit, ne nous méprenons pas. La violence ne saurait en aucune façon être un but ou une fin soit (sauf quand on est marchand d’armes). C’est un outil expéditif et dangereux, une lame à double tranchant. Je dirais même que c’est une arme encore plus dangereuse pour celui qui la brandit. Là encore je donne raison aux pacifistes forcenés… ou plutôt je peux les comprendre.
On connait la formule : Qui tue par l’épée meurt par l’épée. (Enfin, je connais deux ou trois dictateurs et traitres à l’Afrique qui sont morts dans leur lit, mais bon, c’est une autre histoire). D’autre part, gardons à l’esprit qu’il n’y a rien de pire pour une nation qu’une guerre inutile, notamment une guerre civile. Ces choses sont souvent le fait de manipulations extérieures avec la complicité de quelques traitres et compradors, il y a toujours, malheureusement. Les exemples sont légions : Liban, Liberia, Congo, Kosovo etc… Aucun pays n’est jamais sorti fort et grandi d’une guerre civile. Aucun.
Il y a donc un glissement dangereux: De la violence intelligemment et rigoureusement modulée dans le temps et l’espace à la violence tout court: la sauvagerie et la destruction intégrale. Avec son cortège de morts, de souffrances etc. Une bagarre, on sait comment elle commence, mais rarement comment elle finit.
Comme le suggérait notre brillant salaud de service: et si on faisait économie des révolutions en Afrique?. C’est une idée.
A bientôt pour en finir avec toute cette violence… 🙂
Bien à vous
A.R.D-A.
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