Vous avez dit « droit togolais ou droit français ? »
Salutations à toutes et tous,
Après son baccalauréat, ma sœur a choisi le droit. Ce qui n’est pas une grosse grosse surprise, sachant que ceux qui font série A4 au Togo n’ont pas un boulevard d’option devant eux (Notre campus, ce n’est pas fameux!). Juriste donc, mais pas dans la « Brousse », plutôt dans une de ces nombreuses et rutilantes écoles privées qui poussent comme des champignons un peu partout à Lomé. – Ne rien présumer de cette image. Ces écoles qui fleurissent ne font que combler un vide, proposant licence, BTS, BT et j’en passe. Encore qu’il y aurait beaucoup à discuter. (https://www.spinabifida.net/)
Le droit donc!
Bref, nous sommes déjà bien servis avec les termes juridiques à la maison depuis quelques mois. Oui, madame a appris ou redécouvert des mots : Etat, contrat, in limine litis, « attendu que… » (on attend quoi même, je ne sais pas), « Qu’en statuant ainsi », j’en passe et des meilleurs.
J’ai eu pour ma part une certaine histoire d’amour avec le droit aussi, mais la mienne s’est limitée à un simple et bref flirt, car entre autres la go avait trop de prétendants, de quoi remplir plusieurs fois un amphi de 1000 places même. Donc naturellement, c’est une discipline que je respecte. Par curiosité, j’ai pris un de ses sujets d’exercices, ils appellent ça des TD… Quelle ne fut ma consternation, mon hébétude, mon désappointement et ma sidération yé mé la pète quand j’ai réalisé que les exemples étaient encore et toujours des affaires françaises!
« Attendu que monsieur X, madame Y (habitant à Montpellier – Paris – Lyon) etc., etc., etc. »
C’était déjà la même chose durant mon flirt avec le droit quelques années plus tôt, et au temps de nos grands-parents. On serait en droit d’espérer que les choses aient évolué, au moins depuis le passage de monsieur LMD. Moi je suis pour le « tout local », alors : c’est du droit togolais ou du droit français… Le pire c’est que ce ne sont pas des affaires récentes, des cas de 1990, 92, 93. L’essentiel des étudiants en première année de droit n’était même pas à l’état de projet de loi quand ces affaires ont eu lieu.
Il ne se passe donc rien au Togo, en matière juridique?
Il ne s’est donc rien passé de suffisamment intéressant dans le droit togolais ou même africain pour qu’on remette à jour nos fiches, avec des affaires locales en guise d’exemple? Enfin, je dis ça, c’est sans oublier qu’on a été, que dis-je, qu’on est champion des toilettages de Constitution et des lois sur mesure (ce qui prouve quand même qu’on sait bosser sur les textes, et de loin!). Ce ne sont ni Gnassingbé Père fils et Saint-Esprit, ni feu Blaise Compaoré, ou Bokassa qui vont me contredire !
Et ce code civil ? Et ce « droit consti ? » Et qu’est-ce donc que ce sempiternel et impérissable Dalloz à couverture rouge saumon qui plastronne fièrement sur toutes les étagères des étudiants-juristes ? Il en est où le code togolais? (www.newsoftwares.net) S’il existe, je me ferais un plaisir de m’être trompé et de m’être enflammé pour rien. Ah ça oui.
Notre droit est donc si bancal et « kpayo » (1) que ça ? Ou bien un divorce prononcé à Lomé n’est pas un divorce « vrai-vrai ? »
En science
Je veux bien qu’en science ce soit un peu plus compliqué d’actualiser, surtout pour la recherche de pointe (et encore!), mais je ne pense que le droit ne souffre pas de ce problème, du moins pas au même degré! Il y aurait tout de même beaucoup à discuter, je sais.
En droit, pour le peu que je sais, c’est la société, c’est la fébrilité de tous les jours. Les personnes, la vie avec son fourmillement et son fleurissement d’événements : Divorces, tentatives de meurtre, meurtres, crimes passionnels, crimes contre l’humanité #Bokoharam, « pourvois en cassassions », « arrêts » (je ne sais jamais ce que les juristes arrêtent, mais bon).
Je crois que du matériel, il y en a à la pelle depuis, depuis belle lurette. On va s’émanciper quand? Ce serait bien, que des gens viennent apprendre deux trois choses intéressantes chez nous aussi. Ne parlons même du fond du cours en lui-même, là, autant ressusciter Montesquieu et Robespierre, on gagnera du temps.
Je ne vais pas jusqu’à parler de remouler le système légaliste en s’inspirant d’un corpus africain endogène, ou du moins une adaptation de l’Afrique classique avec les réalités actuelles… Alors là, c’est Mission impossible, ce ne serait même pas une affaire de Togo Vision 2050… Pourtant ce ne sont pas les érudits légalistes qui manquent. ça c’est certain.
Je me demande bien ce que les camarades blogueurs et juristes (Aphtal C, Séna Djondo, Cyrille Nuga et autres) en pensent, eux qui ont été dans « l’œil du cyclone ». Quel goût ça a, le droit à la sauce française en plein soleil d’Afrique ?
La question, chers tous, reste posée…
A.R.D-A
(1): contrefait
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