La monoparentalité réduit-elle la natalité ?
Pour le meilleur ou le pire, les mères célibataires tendent à se consacrer beaucoup plus à leur enfant “unique” et à leurs activités économiques. Sur cette période, qui peut aller de 5 à 10 ans après le premier enfant, beaucoup ne font pas les enfants qu’elles auraient fait si elles avaient été mariées ou en concubinage, ceci durant les années les plus fertiles de leur vie. Pour le meilleur ou le pire…
Un contexte démographique en mutation
Aujourd’hui, nous faisons moins d’enfants que les générations précédentes. Dans cette tendance, j’observe que les jeunes mères célibataires, en général, ont moins d’enfants que celles qui sont en couple. Ce n’est pas exactement la même histoire pour les hommes, mais ça c’est un autre sujet. Mes observations m’obligent à considérer la monoparentalité comme un facteur important, dans notre actuel contexte de baisse de la natalité. Ce phénomène n’est ni bon ni mauvais en soi ; il s’agit plutôt de comprendre notre présent, et comment nos sociétés peuvent en tirer le meilleur parti.
Monoparentalité et choix de vie
Chez moi, il est devenu courant de voir des femmes qui deviennent mères à un jeune âge, parfois dès 16 ans, choisir de ne pas se (re)marier ou d’entrer dans une nouvelle relation. Cette décision peut découler d’une volonté de ne pas reproduire un schéma relationnel jugé insatisfaisant, ainsi que d’une réticence de la part des hommes à s’engager avec des mères célibataires. Par conséquent, la période où ces femmes sont les plus fertiles (entre 18 et 27 ans) peut s’écouler sans qu’elles conçoivent d’autres enfants.
Ce choix de vie, bien qu’il puisse être émancipateur, a des implications démographiques significatives. Les évolutions sociales, telles qu’un environnement bien plus tolérant vis-à-vis des grossesses-hors-mariage et une valorisation des libertés individuelles, participent à la baisse de la natalité, surtout en milieu urbain.
Bien sûr, ce n’est pas qu’une question de « mères célibataires ». Pour chaque femme qui choisit de ne pas avoir d’enfants, il y a potentiellement un homme qui n’est pas (re)devenu père. Il faut être deux pour danser le tango !
Valeur reproductive : le paradoxe biologique de la liberté
Pour être sincère, ma réflexion m’est inspirée de la biologie évolutive. Dans ce domaine, le succès d’un individu se mesure par le nombre d’enfants qui atteignent l’âge adulte et peuvent à leur tour se reproduire : c’est qu’on appelle « Fitness », ou « Valeur sélective« , en français. De ce point de vue, notre « libération » moderne peut paradoxalement réduire notre fitness et notre succès biologique sur le long terme. Parce que nous sommes libérés des contraintes du réel et de la société… nous nous reproduisons moins et n’auront peut-être pas de descendance.
Par agrégation, les choix individuels des mères et pères célibataires influencent non seulement leur vie personnelle, mais également celle de la société dans son ensemble. En effet, les enfants qui ne naissent pas aujourd’hui pourraient entraîner un déclin démographique à l’avenir. Elon Musk et ses pairs s’inquiète déjà d’un futur effondrement démographique catastrophique (« demographic collapse« ) pour les pays développés. Il faut faire au moins 2,1 enfants par femme pour qu’une nation se maintienne dans le temps démographiquement, or beaucoup de pays riches sont en dessous de ce seuil depuis longtemps.
Cette situation est aggravée par des réalités matérielles modernes. L’évolution des structures familiales, l’urbanisation croissante et les pressions économiques conduisent souvent à des choix de vie qui, bien qu’individuels, ont des conséquences collectives. Par exemple, bien que la natalité globale en Afrique reste supérieure à 2, des signes de stagnation apparaissent surtout dans les zones urbaines.
Au Togo, par exemple, la fécondité a baissé de 6,4 enfants par femme en 1988 à 4,8 enfants en 2013-2014 et 4,26 enfants par femme en 2021. La fécondité varie selon la région, passant d’un minimum de 3,5 à l’agglomération de Lomé (la capitale) à un maximum de 6,0 dans la région des Savanes, au Nord du pays.
Les mutations sociétales et leurs impacts
Il est fascinant d’observer comment les mutations sociales, telles que l’individualisme, la quête de succès économique et le féminisme, influencent la biologie de groupe. Ces observations fournissent des pistes de réflexion pour l’avenir.
Il me semble évident que la monoparentalité a des effets au moins tangentiels sur la natalité. Cela soulève des questions de fond sur la manière dont les choix individuels s’inscrivent dans des contextes socio-économiques plus larges. Alors que les parents célibataires peuvent bénéficier d’une plus grande liberté de choix, les implications à long terme et à grande échelle sont substantielles pour la société. Pour le meilleur ou le pire…
In fine…
Faut-il encore le rappeler, on touche là à un phénomène complexe et multiforme, qui mérite à la fois de la nuance, et une attention particulière, afin de comprendre ses implications et de promouvoir des approches adaptées qui répondent aux besoins des individus et des communautés. Les choix d’aujourd’hui façonneront les générations de demain.
On y reviendra… ou pas.
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