La monoparentalité réduit-elle la natalité ?

Article : La monoparentalité réduit-elle la natalité ?
Crédit: Freepik
30 octobre 2024

La monoparentalité réduit-elle la natalité ?

Pour le meilleur ou le pire, les mères célibataires tendent à se consacrer beaucoup plus à leur enfant “unique” et à leurs activités économiques. Sur cette période, qui peut aller de 5 à 10 ans après le premier enfant, beaucoup ne font pas les enfants qu’elles auraient fait si elles avaient été mariées ou en concubinage, ceci durant les années les plus fertiles de leur vie. Pour le meilleur ou le pire…

Un contexte démographique en mutation

Aujourd’hui, nous faisons moins d’enfants que les générations précédentes. Dans cette tendance, j’observe que les jeunes mères célibataires, en général, ont moins d’enfants que celles qui sont en couple. Ce n’est pas exactement la même histoire pour les hommes, mais ça c’est un autre sujet. Mes observations m’obligent à considérer la monoparentalité comme un facteur important, dans notre actuel contexte de baisse de la natalité. Ce phénomène n’est ni bon ni mauvais en soi ; il s’agit plutôt de comprendre notre présent, et comment nos sociétés peuvent en tirer le meilleur parti.

Famille monoparentale - Homme et fille
Famille monoparentale. Crédit : Freepik

Monoparentalité et choix de vie

Chez moi, il est devenu courant de voir des femmes qui deviennent mères à un jeune âge, parfois dès 16 ans, choisir de ne pas se (re)marier ou d’entrer dans une nouvelle relation. Cette décision peut découler d’une volonté de ne pas reproduire un schéma relationnel jugé insatisfaisant, ainsi que d’une réticence de la part des hommes à s’engager avec des mères célibataires. Par conséquent, la période où ces femmes sont les plus fertiles (entre 18 et 27 ans) peut s’écouler sans qu’elles conçoivent d’autres enfants.

Ce choix de vie, bien qu’il puisse être émancipateur, a des implications démographiques significatives. Les évolutions sociales, telles qu’un environnement bien plus tolérant vis-à-vis des grossesses-hors-mariage et une valorisation des libertés individuelles, participent à la baisse de la natalité, surtout en milieu urbain.

Hausse du coût de la vie… Crédit : Iwaria

Bien sûr, ce n’est pas qu’une question de « mères célibataires ». Pour chaque femme qui choisit de ne pas avoir d’enfants, il y a potentiellement un homme qui n’est pas (re)devenu père. Il faut être deux pour danser le tango !

Valeur reproductive : le paradoxe biologique de la liberté

Pour être sincère, ma réflexion m’est inspirée de la biologie évolutive. Dans ce domaine, le succès d’un individu se mesure par le nombre d’enfants qui atteignent l’âge adulte et peuvent à leur tour se reproduire : c’est qu’on appelle « Fitness », ou « Valeur sélective« , en français. De ce point de vue, notre « libération » moderne peut paradoxalement réduire notre fitness et notre succès biologique sur le long terme. Parce que nous sommes libérés des contraintes du réel et de la société… nous nous reproduisons moins et n’auront peut-être pas de descendance.

Par agrégation, les choix individuels des mères et pères célibataires influencent non seulement leur vie personnelle, mais également celle de la société dans son ensemble. En effet, les enfants qui ne naissent pas aujourd’hui pourraient entraîner un déclin démographique à l’avenir. Elon Musk et ses pairs s’inquiète déjà d’un futur effondrement démographique catastrophique (« demographic collapse« ) pour les pays développés. Il faut faire au moins 2,1 enfants par femme pour qu’une nation se maintienne dans le temps démographiquement, or beaucoup de pays riches sont en dessous de ce seuil depuis longtemps.

Abdelkader Arby et Halima Cisse avec leurs neufs enfants jumeaux et leur fille ainée. Crédit : RFI

Cette situation est aggravée par des réalités matérielles modernes. L’évolution des structures familiales, l’urbanisation croissante et les pressions économiques conduisent souvent à des choix de vie qui, bien qu’individuels, ont des conséquences collectives. Par exemple, bien que la natalité globale en Afrique reste supérieure à 2, des signes de stagnation apparaissent surtout dans les zones urbaines.

Au Togo, par exemple, la fécondité a baissé de 6,4 enfants par femme en 1988 à 4,8 enfants en 2013-2014 et 4,26 enfants par femme en 2021. La fécondité varie selon la région, passant d’un minimum de 3,5 à l’agglomération de Lomé (la capitale) à un maximum de 6,0 dans la région des Savanes, au Nord du pays.

Evolution de la natalité togolaise. Crédit : Wikipedia

Les mutations sociétales et leurs impacts

Il est fascinant d’observer comment les mutations sociales, telles que l’individualisme, la quête de succès économique et le féminisme, influencent la biologie de groupe. Ces observations fournissent des pistes de réflexion pour l’avenir.

Il me semble évident que la monoparentalité a des effets au moins tangentiels sur la natalité. Cela soulève des questions de fond sur la manière dont les choix individuels s’inscrivent dans des contextes socio-économiques plus larges. Alors que les parents célibataires peuvent bénéficier d’une plus grande liberté de choix, les implications à long terme et à grande échelle sont substantielles pour la société. Pour le meilleur ou le pire…

In fine…

Faut-il encore le rappeler, on touche là à un phénomène complexe et multiforme, qui mérite à la fois de la nuance, et une attention particulière, afin de comprendre ses implications et de promouvoir des approches adaptées qui répondent aux besoins des individus et des communautés. Les choix d’aujourd’hui façonneront les générations de demain.

On y reviendra… ou pas.

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Commentaires

Belizem
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Merci à l'auteur de nous préciser combien de gosses il a déjà fourni pour la survie de l'humanité.. Et surtout s'il compte en faire beaucoup quite à créer des mères célibataires . Un autre poids pour la société. Du reste,Test ADN pour tous.

Kossi Dowaraga DOUKOU
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Heureusement que ta conclusion de sauve mais moi je pencherais plus sur la mondialisation (où le brassage culturel) plus la pauvreté qui entraîne plus les jeunes filles à devenir mère célibataire.

Je donne le cas de la ville de Tsévié qui exprime la réalité de mère et de père célibataire parmi la population à revenu faible.

Si on prend ma population à revenu moyen et élevé, c'est la recherche de stabilité et d'autonomie chez les hommes et les femmes qui font qu'on voit des célibataires mère et père. Surtout cette notion d'émancipation observée chez les femmes.

En bref le facteur économique/ psychologique et culturel influence plus sur le fait de privilégiez la monoparentalité.

Demi-dieu
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C'est un propos intéressant que tu développes. Tu as omis de dire en toute connaissance de cause que les travers biologiques comme l'homosexualité, qui se mondialisent et se legalisent contribuent également à cette baisse de la natalité et à une extinction quoique lente, très lente de la race humaine.

En effet, même si ce phénomène est minoritaire et loin d'être le seul facteur, il participe, avec d'autres éléments, à une transformation des schémas familiaux traditionnels. Sur le long terme, cette évolution pourrait influencer le maintien de la population. Ces facteurs, bien que lents dans leur impact, font partie des éléments complexes de notre démographie contemporaine.

GBEGLO Dzifa
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Admettre que la monoparentalité, de par ses conséquences économiques, émotionnelles et sociales incite les parents en situation de célibat à être réticents à faire de nouveaux enfants n'est pas à tort. Mais, il faut préciser que ce n'est qu'un facteur parmi tant d'autres et peut-être pas le plus important. Hormis les milieux ruraux où la baisse de la natalité ne paraît pas très préoccupante, dans les milieux urbains, le désir des jeunes de faire de longues études, d'avoir une situation financière acceptable avant de se lancer dans les projets de famille et d'enfants entraîne aussi la baisse de la natalité. Aussi, au Togo à titre d'exemple, les conditions de vie dans l'ensemble n'aident pas les jeunes à penser à devenir pères ou mères dans leur majorité à un jeune âge (25 ans par exemple pour les hommes). Et beaucoup qui deviennent pères ou mères dans cette tranche d'âge sont ceux qui deviennent le plus des parents célibataires. Les conditions de vie défavorables aussi participent considérablement à la baisse de la natalité.

Adelaïde Fouejeu Fouebou
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Sujet profond. Mais je pense que c'est l'évolution de la société qui nous mène à cette situation. Les hommes ne se sentent plus obligés de prendre femme aussitôt que les moyens le leurs permettent, autant que nos pères à leur époque.
Vous verrez facilement un jeune homme, travaillant et gagnant bien sa vie vous dire qu'il n'est pas prêt pour le mariage. En attendant d'être prêt, évidemment il a une petite amie. Elle peut se retrouver enceinte . À ce moment, la responsabilité lui revient, puisque c'est elle qui porte l'enfant en elle. On aura beau dire le père participe. Mais participer n'est pas épouser. Alors la fille se retrouve célibataire. Et pour ne pas reproduire le même clichés alors qu'elle n'a pas encore une meilleure situation, elle s'abstient de tout.
Évidemment, il y a aussi un problème de liberté, de projet de vie. Une jeune fille peut également dire qu'elle n'est pas prête pour le mariage, après son accouchement. Très souvent parce qu'elle veut poursuivre ses études. On ne peut pas le lui refuser. Parfois certains hommes le prennent mal, et ça brise la relation.
N'oublions pas ces hommes célibataires qui ont trois ou quatre enfants avec des femmes différentes, et qui vous disent un matin :"je ne peux pas épouser une fille qui a déjà un enfant."
Ok, mais ces enfants qu'ils ont de gauche à droite avec ces jeunes filles, c'est pour que qui les épouse?