Les humains malades de Covid-19 – Ecrits Confinés

Article : Les humains malades de Covid-19 – Ecrits Confinés
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15 mai 2020

Les humains malades de Covid-19 – Ecrits Confinés

Appel à textes – Ecrits Confinés
Il y a peu, nous avons lancé, en collaboration avec la maison d’Edition AGAU, un projet pour répondre par les mots aux maux du Covid-19, surtout dans ce contexte confinement. Il s’agissait d’ouvrir une porte à l’esprit, à un moment où nous étions physiquement contraints et limités. Des textes pour sortir de cet Ordinaire morne et stressant. Rêver un futur possible ; stimuler et motiver.

Notre 3ème texte est un poème, de Mario Koffi ATTIDOKPO : Les humains malades de Covid-19

Présentation de l’auteur :

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Né à Hahotoé dans la Préfecture de Vo.
Artiste pluridisciplinaire, dramaturge, metteur en scène, maître de danse et de percussion, chorégraphe. Professeur Permanent de Didactique et d’Arts Vivants à l’INJS à l’Université de Lomé, Directeur de l’Ensemble Culturel LES GRIOTS NOIRS DU TOGO. Directeur Artistique du Festival International de Conte du Togo FESCONTE. Concepteur & Initiateurde la Journée Mondiale de la Calebasse JMCA. 1er Vice-présidente nationale de la Fédération Togolaise des Cinéastes FÉTOCI. (Clonazepam)

Texte : Les humains malades de COVID-19

Les humains malades de Covid-19
Un mal qui répand misère et galère,
Mal que le Tonnerre dans sa colère
S’invita pour sanctionner les folies de la terre.
La Covid-19 (puisqu’il s’agit véritablement d’elle)
Capable de nourrir en un jour la nuit éternelle,
Livrait à tous les humains une invisible guerre.
Ils ne trépassaient pas tous, mais tous étaient touchés :
On voyait à peine de braves et de courageux confinés
Chercher à aller secourir d’autres vies
Les repas n’aiguisait plus la folle envie
Les Chacals et Vautours se craignaient
Face aux douces et succulentes proies.
Les grands amoureux se dédaignaient :
Car, plus d’amour et donc, plus de joie.
Le Roi convoqua tous les humains et dit :
Je crois que nos faits et actes ont prédit
Ces conséquences alarmantes et très opportunes ;
C’est le plus détourneur et corrompu de nous
Qui sera sacrifié face à la colère de ce mal fou,
Sa mort sera peut-être une barrière à cette infortune.
Nos aïeux nous disaient que face au pareil néant,
La charité bien ordonnée commence par le suivant :
Arrêtons toute hypocrisie et sans complaisance
Consultons notre moi avec une bonne croyance.
Moi, chef de fil de cette minorité qui pille, qui détourne,
J’ai neutralisé tous les opposants qui me contournent.
Qu’est-ce qu’ils m’avaient fait ? Ils cherchaient l’alternance :
Il m’est arrivé souvent, très souvent de lobotomiser,
De réprimer, de gazer les professionnels de santé.
À ce rythme, notre système sanitaire sera nul, mais je pense
Qu’il est sage que chacun questionne bien sa conscience comme moi :
Et comme notre justice n’est pas du tout corrompue,
Le plus coupable d’entre nous doit mourir car il pue.
Le plus corrompus de la minorité pilleuse dit : Sa Majesté et grand Roi,
Vos tâtonnements de Messie montrent beaucoup de finesse et de bonté ;
En fait, assassiner des opposants, affamer le peuple pour mieux l’acheté,
Est-ce un vrai crime ? Pas du tout. Vous les abreuver d’honneur
En tuant les uns et achetant la conscience des autres avec rigueur.
Les professionnels de santé et leurs revendications à la con peuvent aller au diable.
Croient-ils que les hôpitaux bien équipés, les populations les mangent ?
Sauf des aveugles ne savent que grâce à vous, les choses changent
En attendant, nous devons nous contenter de nos hôpitaux médiocres et minables.
Ainsi déclara le plus corrompus de la minorité pilleuse, sur un ton hypocrite.
Personne n’osa lever son petit doigt pour remuer les archives non prescrites :
Les dossiers des sournois et de grands assassins révélés
N’ont pas été abordés car ces vautours sont très protégés.
Les plus criminels qui ont tiré à balles réelles sur le peuple sans haine,
N’ont pas été inquiétés, couverts par l’impunité du Roi et de ses Reines.
Le plus humble des humains prit la parole et dit : J’ai passé un séjour
Un court séjour dans un village chinois où j’ai goûté une soupe.
J’avoue honnêtement que j’avais très faim et j’étais à mon premier jour
Et c’était dans un marché où on vendait des pangolins en troupes.
La soupe fut bonne et pas contaminée, je vous le dis avec foi.
J’avoue avoir goûté encore et encore cette soupe de chauve-souris.
À ces mots, toute l’humanité murmura que la soupe serait pourrie.
Le plus corrompu des notables prit la parole et se mit à citer des lois.
A-t-on besoin encore d’un témoignage pour punir ce cannibale ?
Comment peut-on consommer cette soupe et éviter des balles ?
Ce péché doit être condamné car c’est un grave mignon crime pendable.
Goûter une soupe de chauve-souris en terre inconnue, c’est abominable.
La pendaison jusqu’à la mort sera appliquée de manière implacable
Afin de nous sauver de Covid-19, et cela appelle notre devoir.
Cet acte criminel posé par un misérable est en vérité incomparable.
La loi c’est la loi et la cour a le devoir de le lui faire bien savoir.

ATTIDOKPO K. M. Mario (Texte fini le 06 avril 2020 à Tsévié au Togo). Poème contextualisé avec les règles de l’absurde en référence au texte original « Les animaux malades de la peste » de Jean de LA FONTAINE.

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