Les résistances en Afrique occidentale à la colonisation française-1re partie
Salutations chères toutes et chers tous
Le présent billet ambitionne de faire d’une pierre deux coups: évoquer sommairement un sujet historique intéressant, c’est le cas de le dire (la colonisation et les résistances donc) et inaugurer cette petite rubrique « Coin Lecteur », où j’entends partager des lectures ou des extraits d’ouvrages tout aussi intéressants.
Le texte à suivre est extrait de l’ouvrage « Le mouvement de libération nationale en Afrique occidentale » de Nikolaj Ivanovič Gavrilov, pp 5-11. Un assez vieil ouvrage, s’il en est, et qui nous vient de la charmante Union soviétique de regrettée mémoire, c’est dire!
(…) Selon de nombreux ouvrages occidentaux consacrés à « l’épopée coloniale », la population africaine aurait accepté de bon gré la tutelle française et accueilli les conquérants à bras ouverts. C’est un pur mensonge dont le but est de justifier les guerres de rapine. Les colonialistes français ont asservi l’Afrique par le fer et le feu, laissant après leur passage des cendres de villages incendiés, du sang et des cadavres.
Au début de l’intrusion coloniale en Afrique occidentale, cette dernière comprenait plusieurs États indépendants : Cayor (sur le territoire du Sénégal actuel), Fouta-Djalon (sur le territoire de la République de Guinée), l’empire d’Ahmadou, qui s’étendait sur le Niger moyen (région de Ségou), les régions qui s’étendaient entre les rivières Bafing et Bakoïan, jusqu’à Dinguiraye. Un Etat militaire puissant s’était formé dans la région de Sikasso. DE 1870 à 1875, le vaste empire d’Ouassoulou s’était constitué en Afrique occidentale. Il s’étendait du Haut-Niger à l’Ouest., au royaume de Sikasso vers l’est, de Dinguiraye et du Fouta-Djalon et du Liberia au sud. L’empire, dont la ville de Kong était la capitale, se trouvait sur le territoire de la Côte d’Ivoire actuelle. Le Dahomey était alors un État prospère. Il y avait là également d’autres États de moindre importance.
Presque tous ces États furent finalement conquis et dévastés par les colonisateurs français. Mais aucun ne s’était soumis de bon gré aux conquérants. Partout, les envahisseurs s’étaient heurtés à une résistance énergique. Les peuples ouolof, toucouleur, bambara et malinké leur opposèrent une résistance très vive.
Vers 1860, les troupes coloniales françaises commencèrent à pénétrer à l’intérieur du territoire de l’actuelle République du Mali, mais les campagnes militaires ne prirent une vaste envergure que plus tard, à partir de 1880. Les troupes françaises eurent à mener une lutte de longue durée contre l’État d’Ahmadou. La prise de Ségou en 1890 leur coûta très cher, ses défenseurs leur infligèrent des pertes importantes. Des combats acharnés eurent lieu pour la conquête des villes Djenné et Bandiagara.
En 1893, les troupes françaises subirent une défaite sérieuse devant Tombouctou. Tout d’abord, les Français occupèrent la ville, mais ils en furent chassés par des détachements de Touareg. En janvier 1894, les Touareg anéantirent toute une colonne de troupes françaises sous le commandement du colonel Bonier. Les Français durent déployer d’immenses efforts pour récupérer les positions perdues.
En 1898, après de durs combats, les colonialistes réussirent à s’emparer de Sikasso qui comptait 40 000 habitants. Les défenseurs, commandés par Ba Bemba, inscrivirent une nouvelle page glorieuse dans l’histoire de la résistance africaine.
En 1891 les colonisateurs accentuèrent leur pression sur l’empire d’Ouassoulou qui s’étendait, pour sa majeure partie, sur le territoire des Républiques actuelles du Mali et de la Guinée. Samory Touré, grand homme politique et capitaine de talent, qui se trouvait à la tête de cet empire, fut pour eux un adversaire plus sérieux qu’Ahmadou. Samory Touré avait sous son commandement une armée de 15 000 hommes, qui se distinguaient fort peu des troupes françaises régulières. Les soldats de Samory portaient un uniforme (pantalon jaune, verste et bonnet). Beaucoup d’entre eux étaient armés de fusils à tir rapide. « Conducteur d’hommes, en tout cas, il le fut, possédant l’audace, l’énergie, l’esprit de suite et de prévision, et par-dessus tout une ténacité irréductible, inaccessible au découragement », écrivait l’historien français Albert Sabatier.
Pendant près de vingt-cinq ans, les régiments de Samory résistèrent à l’armée coloniale française. D’un courage exceptionnel et d’un dévouement à toute épreuve, ses soldats – pour la plupart des Malinkés – infligèrent maintes défaites cinglantes aux unités françaises.
Ce ne fut qu’en 1898, avec l’aide de quelques traîtres, que les colonialistes réussirent à s’emparer du combattant inflexible pour la liberté des peuples d’Afrique que fut Samory. Exilé sur une des îles du fleuve Ogooué, il y mourait deux ans plus tard.
L’histoire a immortalisé d’autres héros qui défendirent la liberté de l’Afrique avec courage et abnégation, sans épargner leur vie. Lorsque la ville d’Ouossébougou, un des centres les plus importants de l’empire d’Ahmadou, fut prise par les Français, son chef, Bandiougou Diara préféra la mort à une captivité honteuse. Il donna l’ordre à la dernière minute de se faire sauter avec ses proches. Mais les combats se poursuivent même après la mort du chef. « La résistance, écrit l’historien progressiste français Jean Suret-Canale, se poursuit maison par maison ; les homme combattent jusqu’au dernier souffle ; personne ne s’est rendu. Le charnier est tellement effroyable que les officiers renoncent à compter les morts. Des hommes tels que Bandiougou Diara étaient nombreux.
Bien à vous
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