Un harmattan « vrai, vrai » à Lomé, ça faisait longtemps !

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Un harmattan « vrai, vrai » à Lomé, ça faisait longtemps !

Salutations à toutes et à tous, sœurs et frères d’humanité, #Charlie ou #pasCharlie.

J’ai un peu hésité à écrire le présent article. J’ai craint d’aborder un sujet quelque peu trivial au vu de la pesante actualité voire blasphématoire et condamnable pour lèse-tragédie: Charlie Hebdo, le Nigéria et le Cameroun aux prises avec Boko Haram. Bien conscient des vives émotions et réactions que tout ceci nous inspire, à tous. La frustration de l’apparente impuissance de nos pays face au drame… Encore une fois, sincères condoléances aux familles et aux compatriotes des victimes, autres #JesuisCharlie, #JesuisNigeria, #JesuisCameroun, #JesuisKivu…quel que soit leur continent, leur nation ou encore la teneur de leur peau en mélanine.

 

Mais voilà, Harmattan !

J’ai donc hésité, comme je le disais, mais voilà, il fallait que j’en parle. Et puis le Rubicond était déjà franchi en matière d’article.

A Lomé depuis quelques jours: le froid intense qui accueille (encore) au réveil, une guerre sans merci contre le sommeil au prix de mille efforts pour quitter sa petite montagne de couvertures&draps, les subites quintes de toux que certains (dont moi). Toutes ces choses, on les doit à un seul et unique responsable : L’Harmattan. Car voilà, harmattan est sur Lomé. Il est sur toutes les lèvres, il circule sur tous les visages, il est dans chaque épaisseur de pull-over dans laquelle les Loméens sont emmitouflés jusqu’au cou.

D’abord, pour ceux qui ne connaissent pas le bonhomme.

Harmattan[‘aYmatS]n. m.

ÉTYM. 1840, Académie; harmatan, 1765, Encyclopédie; mot fanti (Ghana).

¨ Vent très chaud et sec qui souffle de l’est, en Afrique occidentale. (Grand Robert)

 L’harmattan est un vent très sec et poussiéreux (alizé continental) d’Afrique de l’Ouest qui souffle vers le sud en provenance du Sahara et du Sahel et affecte le golfe de Guinée en hiver, entre la fin novembre et le milieu du mois de mars (Wikipedia)

 

Au cours primaire, on nous avait fait religieusement réciter la phrase suivante : « L’harmattan est un vent humide et chaud qui souffle du Nord-Est vers le Sud-Ouest du Togo». C’est normalement  le point d’orgue de l’année qui finit. La « saison » idéale pour faire la lessive: Les choses sèchent à une vitesse, mais à une vitesse.

 

Un vent vicieux ! (Un vent méchant comme dirait un autre)

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Crédit: lims.mondoblog.org

« Humide et chaud », c’est ce qui donne tous ses superpouvoirs à ce vent. Sa particularité c’est qu’il donne très exactement les mauvais côtés de chaque cas de figure : un froid glacial au matin et sec son côté humide, une chaleur étouffante à partir de midi son côté chaud. Que dis-je, une chaleur qui t’étrangle et te prend à la gorge comme si tu étais un voleur de poule pris sur le fait. C’est à un tel point qu’inspirer un grand bol d’air « frais », c’est un projet sur dix jours. Vos voies aériennes vous en diront des nouvelles ! Le pire étant que nous avons un harmattan en mode dilué sur la côte, ceux qui sont à l’intérieur du pays sont encore plus servis.

Carte - Togo Crédit:www.togo-lait.org
Carte – Togo
Crédit:www.togo-lait.org

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Un « vrai,vrai » harmattan, ça faisait longtemps! 

A la faveur des fameuses « perturbations climatiques », il n’y avait pas eu de véritable harmattan à Lomé depuis un certain temps. Au pire, les trois quatre dernières années, il faisait juste frisquet pendant quelques jours et le désordre climatique suivait son cours. Mais il n’a pas été ainsi cette année. Cette année, nous avons retrouvé le harmattan, ou plutôt c’est le harmattan qui nous a retrouvé. Une brume opaque et tyranniquement épaisse recouvre encore un peu Lomé au matin depuis quelques semaines. Un grand voile blanc, cotonneux et lointain, plein de menaces pour les peaux déjà sèches.

 

Prendre son bain le matin… « C’est là on sait qui est garçon »

Il amusant comme des gestes de tous les jours peuvent d’un coup devenir d’une complexité effarante avec un changement de temps. Prendre un bain fait partie de ces choses. Se laver au matin devient une véritable opértion militaire à haut risque. On élabore des plans, des stratégies. On optimise et on calcule tous ses mouvements pour faire moins de temps dehors et surtout réduire le temps de bain et le nombre de mouvements (Exemple: 1- Mouiller juste un tout petit peu son éponge avec le savon et se proprement se frotter tout le corps. 2- Se rincer aussi brièvement et abondamment que possible sans perdre de temps)

Ou alors, tu as ta salle de bain interne et là tu fais un grand bras d’honneur au vent poussiéreux et glacial qui charrie dehors tout l’inconfort du monde. Dans bien des maisons, même pour ceux qui y sont réfractaires comme moi, l’eau chaude devient un incontournable.

Dehors, il n’est pas étonnant de voir tout le monde ou presque en pull-over manche-longue, ou quoi que ce soit qui puisse bien protéger des attaques impitoyables de Sir Harmattan.

Ce vent amène bien des désagréments outre l’insupportable poussière:

On a remarqué pendant sa présence une nette augmentation des accidents de la circulation et des accidents aériens. Les hôpitaux signalent aussi un nombre plus important d’hospitalisations, pour des motifs divers :

brûlures domestiques ;
poussées d’hypertension artérielle ;
bronchites,
troubles psychiques, décompensation psychiatrique (agitation, dépression, etc.). (Wikipedia)

 

Autres petits plaisirs.

Peaux sèches, bonjour les blessures :

Avec la peau qui devient tout sèche, les sensations de douleur s’accentuent substentiellement. D’ailleurs on peut se couper ou avoir une égratignure en moins de deux. Quand il s’agit de prendre une piqure, c’est tout une partie de plaisir. Surtout pour les enfants! D’autant que pour beaucoup d’entre eux, c’est le premier vrai « harmattan ». Une piqure, en plein « Baliwè »(1) ? Bon courage !

 

Lèvres gercées: Brillants et pommades à notre secours

« Harmattan, c’est la saison où même les hommes s’intéressent aux produits cosmétiques ». En effet, on use de pommades en tout genre et même, même les Gloss ou « brillants ». Il s’agit de  pour se protéger les lèvres  du vent très sec. Car sans un baume pour les recouvrir et les garder un tant soit peu humides, à se « sécher » et se fendiller. Ce qui donne à la longue des mini-blessures très désagréables. D’ailleurs c’est une des raisons pour lesquelles il vaut mieux ne pas ne pas trop « Rire aux éclats » et faire de larges sourires durant la « saison » (ou alors bien calculer son coup, parce que sinon…)

Fort heureusement, la « saison » est déjà en train de finir.

Bref,  ça faisait longtemps que nous n’avions pas eu un harmattan « vrai, vrai » (agbangban) à Lomé, et bien voilà qui est  réglé !

 

Bien à vous

A.RD-A.

 

 (1): baliwè, nom de l’harmattan en Lomégbé

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Commentaires

Eli Roland
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Mr Baliwè est devenu si harcelant qu'il valait bien un article. Il m'oblige à débourser pour m'offrir quelques pulls que je jetterai dans l'armoire d'ici peu. En parlant de pommades,il y a surtout l'incontournable yokoumi ou beurre de karité pour protéger la peau contre ce terrible vent. Encore quelques jours et ce sera fini. Courage frangin

renaudoss
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Oh oui, Yokoumi, je l'avais oublié celle-là! en tout cas ça va bientôt finir, mais on s'en souviendra je pense. Pour beaucoup d'enfants, je crois que ç'aura été une première fois.

Guy Muyembe
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Wallaï les politiciens n'ont pas intérêt à chauffer l'atmosphère ces jours-ci dhé!

renaudoss
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Je ne te le fais pas dire camarade! MDR

R. A.
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Bel article sur cette "saisonnette". Mais c'est déjà fini!